Chaque année, le gaspillage cosmétique représente 4 tonnes de produits jetés par an en France : un volume dantesque ! On compte 900 millions d’euros d’invendus et 128 millions de produits détruits tous les ans alors qu’ils sont encore consommables. Face à cette aberration, Manon Leroux lance Save and Care, une start-up prometteuse qui vise à offrir une seconde vie à ces produits tout en proposant aux consommateurs des articles de qualité à prix réduits. Inspirée par le modèle de Too Good To Go dans l’alimentaire, Save&Care ambitionne de révolutionner l’industrie cosmétique en favorisant l’économie circulaire et en réduisant le gaspillage. L’application sort aujourd’hui, Manon nous explique tout !
Manon, tu es passée par Selency, showroom privé, Mansur Gavriel… avant d’intégrer Station F avec ton projet Save and Care : avais-tu l’entrepreneuriat dans la peau ?
Manon Leroux – Complètement : j’ai choisi de faire une école de commerce car je voulais monter ma boite. A la base, je souhaitais m’orienter dans le secteur de la mode. Le point commun entre toutes les expériences que tu as citées, c’est l’amour du beau, de l’esthétique, et des projets porteur de sens – chez selency, il s’agissait de seconde main, chez Showroom de valoriser des stocks, chez mansur gabriel soutenir une mode éthique… Après toutes ces expériences et deux ans à travailler en friperie, je me suis dit que c’est maintenant ou jamais pour me lancer : je n’avais pas de copain, pas d’enfant, pas de crédit, j’étais libre comme l’air !
Comment t’es venue l’idée de Save&Care ?
Sous la douche ! Lors de ma dernière expérience professionnelle, j’ai négocié une rupture conventionnelle car j’avais envie de me lancer, sans encore savoir quel projet j’allais développer. Un jour sous ma douche, je me suis retrouvée à terminer mon gel douche Caudalie en me faisant la réflexion que ce type de produit, c’était terminé pour moi ! Je n’avais clairement plus le même budget qu’avant !
Et puis en y réfléchissant, j’ai réalisé qu’autant côté alimentaire, je connaissais plein de solutions pour trouver de bons produits à moindre coûts, autant sur le marché de la beauté, pas grand chose. Pour ma part, j’ai une peau capricieuse et je dépense beaucoup dans des produits en parapharmacie : j’ai senti qu’il y avait quelque chose à creuser et mon intuition a été bonne.
Tout a commencé en rendant visite à une pharmacie de ton quartier : qu’as-tu réalisé en échangeant avec ton pharmacien ?
On m’a expliqué que le stock d’invendus devenait de plus en plus problématique car de moins en moins de marques récupéraient leurs produits. Ma pharmacienne m’a montré une caisse de produits dans sa réserve dont elle ne savait pas quoi faire. Je me suis dit qu’il manquait une solution pour distribuer ces produits en fin de cycle de vie. C’est comme ça que tout a commencé.
Le premier engagement mis en avant, est l’engagement sociétal : rendre accessible les soins clean de luxe est au coeur de Save and Care ?
Derrière Save and Care, il y a un vrai sujet d’accessibilité des produits cosmétique.
1/3 des Français renoncent à un achat de produits de soin et d’hygiène pour des questions de moyens. Une crème hydratante n’est pas vitale, mais elle permet de prendre soin de soi, de se sentir bien.
Manon leroux,
Fondatrice de Save&Care
En réalité, Save and Care souhaite mettre en avant un double engagement : l’engagement sociétal, oui, mais aussi environnemental, car les deux se nourrissent ! Non seulement Save&Care rend accessible des produits cosmétique de luxe, mais il permet aussi d’éviter le gaspillage de ressources dans une industrie qui est déjà extrêmement polluante. Par ailleurs, le système de click and collect évite la logistique polluante d’un e-commerce classique et permet à mes partenaires de faire venir la clientèle en magasin.
Save and Care se présente comme le To good to go de la beauté : quels sont les caractéristiques des produits vendus et pourquoi sont-ils en promotion ?
Une des raisons les plus fréquentes qui amène des produits à être détruits, est ce qu’on appelle les produits déréférencés : des produits qui changent de gamme, de packaging, de formulation…
Manon leroux,
Fondatrice de Save&Care
Certaines marques les reprennent mais pas toutes. Les magasins ne peuvent plus les vendre et cela devient un vrai sujet de gestion pour les points de vente.
On trouve aussi sur Save and Care des produits imparfaits avec des légers défauts : un souci sur l’emballage par exemple, une étiquette mal imprimée… Des petits détails qui ne le rendent pas impropres à la consommation.
Enfin, il y a les produits en date courte, c’est à dire avec une date qui arrive à péremption au bout d’un mois.
Comment se présente une vente Save and Care ?
Il s’agit d’un eshop ouvert en permanence avec des offres packagées qui me permettent, toute l’année (même hors période de soldes), d’aller au-delà -34% de réduction. Par exemple, je travaille avec la marque Krème : leur Coffret Krème collagène vendu 34,90€ chez Monop’ est dispo à 17€ en Click and collectchez monoprix. Par le passé j’ai pu travailler avec Absolution, Cut by Fred… Pour le lancement de l’application, je suis très heureuse de collaborer avec Nuxe, Caudalie, les Monop Beauty, des pharmacies parisiennes…
Quelles ont été les plus grandes difficultés que tu as rencontrées dans la création de Save and Care ?
Pour être tout à fait transparente, je dirais la charge de travail. Le fait d’être solo founder dans cette aventure est un vrai marathon : je parle de révolutionner tout un écosystème ! Sans aucun financement de départ et sans être la priorité des partenaires avec qui je travaille : le travail est titanesque. J’ai mis du temps à développer l’application pour un lancement optimal et dans toute aventure entrepreneuriale, ce n’est pas facile de bosser sur un projet qui met du temps à générer de l’argent. Même si ma mission a du sens, cela peut être démoralisant. Mais je crois très fort au potentiel de Save & Care, alors je ne lâche rien.
Quels sont tes ambitions pour la suite ?
Aujourd’hui, Save and Care se lance à Paris avec une trentaine de magasins pilotes. Mon ambition est d’accélérer le développement sur Paris pour développer rapidement d’autres grandes villes sur le territoire. Une fois que la France sera bien installée, je vise l’Europe, puis le monde ! Demain, Save and Care peut être la référence pour une industrie cosmétique responsable et accessible.
Je pense aussi qu’il est temps que les marques de cosmétiques qui valorisent leur engagement rejoignent les initiatives telles que Save&Care, d’autant plus que l’application génère du drive to store pour faire venir la clientèle en magasin.
Manon leroux,
Fondatrice de Save&Care
Téléchargez l’application Save and Care de Manon Leroux
