Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, « The Apprentice », réalisé par Ali Abbasi, est un biopic audacieux qui explore les jeunes années de Donald Trump, interprété par Sebastian Stan, et sa relation complexe avec son mentor, l’avocat controversé Roy Cohn, joué par Jeremy Strong. Abbasi, cinéaste irano-danois reconnu pour son approche provocatrice, a souhaité, à travers ce film, dresser le portrait d’une transformation personnelle sur fond de système politique américain. Dans un contexte où l’homme est susceptible de devenir Président des Etats-Unis dans quelques semaines, le film attire autant qu’il passionne.
Un film non pas sur Trump mais sur sa transformation en homme d’affaires sans foi ni loi
Le film débute en 1973, présentant Donald Trump comme un jeune homme ambitieux, cherchant à s’affranchir de l’ombre de son père autoritaire. Cette introduction le dépeint presque comme une victime des attentes paternelles, suscitant une certaine empathie (!). Cependant, au fil de son association avec Roy Cohn, Trump adopte des méthodes de plus en plus discutables, évoluant vers un homme d’affaires impitoyable et sans scrupules. Cette transformation est au cœur du récit, illustrant comment l’influence de Cohn a façonné les pratiques et (la non) éthique de Trump.
La performance de Sebastian Stan est particulièrement remarquable, offrant une interprétation nuancée qui capture l’évolution complexe de Trump. Jeremy Strong incarne avec brio Roy Cohn, apportant une profondeur à ce personnage manipulateur. Le film ne se contente pas de relater des faits, mais cherche à comprendre les mécanismes qui ont conduit à la formation d’une figure aussi polarisante.
Une photographie grainée fidèle à l’époque qu’elle souhaite retranscrire
La photographie de « The Apprentice » est l’œuvre de Kasper Tuxen, qui a collaboré étroitement avec le réalisateur Ali Abbasi pour créer une esthétique visuelle immersive reflétant les époques dépeintes dans le film. Pour les scènes se déroulant dans les années 1970 et 80, on perçoit une essence granuleuse et authentique qui reproduit fidèlement l’esthétique visuelle de l’époque. Et ça marche !
« The Apprentice » est une œuvre cinématographique qui, tout en retraçant les débuts de Donald Trump, interroge sur les influences et les choix qui façonnent une personnalité publique. Ali Abbasi réussit à offrir un regard à la fois critique et empathique, évitant le piège du manichéisme, mais qui ne nous trompe par sur l’homme : c’est un salaud.