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Confidences de Johanna et Klara, a.k.a First Aid Kit

A 25 et 27 ans, Klara et Johanna, a.k.a First Aid Kit, peuvent être fières du chemin (déjà!) parcouru. Ces deux soeurs signent leur 4ème album Ruins aux sons pop et folk (qu’on adore) et continuent de tourner dans le monde entier quitte à y laisser parfois quelques plumes. Séparation amoureuse, rythme effréné des tournées, les deux Suédoises se confient sur les dessous de leur succès. Rencontre avec deux talents, deux battantes.

Vous êtes soeurs. Comment définiriez-vous votre relation ? Explosive, fusionnelle, ying et yang ?

Nous sommes très différentes. Au fil des ans, nous avons développé des rôles. Naturellement, comme je suis l’aînée, j’ai endossé un rôle plus responsable. Je suis très motivée et ambitieuse. Je sens que j’ai un rôle important à jouer pour faire avancer le groupe. Je peux aussi être très anxieuse et analytique. Klara est un esprit libre et plus détendu. Mais elle peut aussi être un peu paresseuse ! (rires) Son esprit vagabonde beaucoup. Je pense que nous faisons un bon combo, un duo équilibré. Nous nous complétons bien l’une et l’autre, c’est définitivement une relation de ying et de yang. Cependant, nous sommes toutes les deux très déterminées, donc si nous avons un accrochage, ça peut devenir très explosif ! Heureusement pour nous et tout le monde autour de nous, nous sommes d’accord sur la plupart des questions créatives.

 

Je pense que nous faisons un bon combo, un duo équilibré. Nous nous complétons bien l’une et l’autre, c’est définitivement une relation de ying et de yang.

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Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez joué et chanté ensemble ?

Je ne m’en souviens pas, en fait. J’étais probablement trop jeune. Depuis que nous sommes toutes petites, nous avons toujours chanté ensemble. Chaque fois que nos parents avaient des invités à la maison, nous jouions des pièces ou chantions des chansons. Chaque fois qu’il y avait une opportunité d’être sur scène, nous la prenions. Je me souviens de notre première fois en jouant nos propres chansons ensemble. C’était il y a 11 ans dans une bibliothèque de Stockholm. C’était un si beau moment, où nous avons réalisé que nous avions quelque chose de spécial. Après cela, nous avons décidé de former un groupe, et First Aid Kit est officiellement né.

 

Votre success story a démarré par une vidéo Youtube alors que vous étiez encore très jeunes. L’avez-vous vécu comme quelque chose d’excitant ou d’effrayant ?

D’excitant ! Nous désirions tellement percer et nous avions le sentiment que nous étions prêtes pour cela. On a été surprises que les gens du monde entier se mettent à écouter notre musique. On a eu la chance que notre succès se construise de façon progressive, on ne s’est jamais découragées. Ce n’est que maintenant avec le recul, avec une certaine perspective, que nous pouvons voir à quel point nos aventures ont été folles et à quel point tout ce qui se passe en tournée est inhabituel.

 

Encore aujourd’hui, nous recevons beaucoup de commentaires méchants sur notre apparence. C’est frustrant et fatigant… C’est injuste d’être jugées si durement parce que nous sommes des femmes.

 

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Ruins est votre 4ème album. Vous avez 25 et 27 ans, vous êtes jeunes, talentueuse, jolis brins de femmes.. Comment avez-vous réussi à être prises au sérieux dans l’industrie de la musique, connue pour être dominée par les hommes ?

Oh merci beaucoup ! Il nous a fallu beaucoup de temps et beaucoup de travail pour être acceptées dans l’industrie. Lorsque nous avons commencé, certaines personnes (essentiellement des hommes blancs d’âge moyen) nous ont remises en cause. Ils ont été choqués et peut-être un peu offusqués que deux jeunes filles de Suède se soient lancées dans cette vieille musique country. Cela ne semblait pas normal et nous entrions dans un territoire très sensible.

Encore aujourd’hui, nous recevons beaucoup de commentaires méchants sur notre apparence. C’est frustrant et fatigant… C’est injuste d’être jugées si durement parce que nous sommes des femmes. Nous avons dû nous développer une sorte de carapace pour pouvoir faire face à toutes ces réactions négatives. Je pense que nous avons prouvé au fil du temps que nous sommes légitimes. On n’a rien lâché et on a conquis nos fans. Je pense que notre amour pour la musique transparaît dans nos performances, et c’est ce que les gens aiment.

 

C’était devenu essentiel de relâcher la pression et la tension que nous avions accumulées après des années et des années sur les routes.

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Après votre album Stay Gold, vous avez décidé de faire un break. Comment avez-vous choisi de lâcher prise ?

C’était devenu essentiel de relâcher la pression et la tension que nous avions accumulées après des années et des années sur les routes. Cela nous avait coûté tant, mentalement, psychiquement. Nous étions épuisées et en quasi burn out ! Et puis nous étions aussi un peu fatiguées l’un de l’autre ! (rires)

Nous avons passé des mois dans différents pays (Klara a vécu au Royaume-Uni, je suis restée en Suède). On ne s’est pas parlé ni vu ! C’était la plus longue période de séparation, mais nous en avions besoin. Nous nous sommes également dit que nous n’avions pas besoin d’écouter de la musique ou d’écrire des chansons du tout pendant six mois. C’était très libérateur et au bout d’un moment, le désir de jouer de la musique est revenu naturellement.

 

Après ce break, vous avez décidé de passer 5 semaines à Los Angeles pour composer votre 4ème album Ruins. Comment décririez-vous cette période intense et créative ?

Ce fut une période difficile pour nous deux. Nous avions planifié ce voyage longtemps à l’avance et étions très excités à ce sujet. Juste avant de partir pour LA, Klara a rompu avec son petit ami de longue date. Cela a jeté une ombre sur tout le voyage. Nous avons trouvé LA assez triste et solitaire. J’étais très inquiète et anxieuse. Klara se sentait perdue. Nous avons également lutté contre le complexe de la page blanche ! Mais on a fini par se détendre et on a réussi à finir d’écrire la plupart de nos chansons pour l’enregistrement. Aujourd’hui on aime beaucoup LA, on y a rencontré des personnes créatives qui ont été des sources d’inspiration pour notre travail.

 

C’est aussi difficile de trouver un homme qui est à l’aise d’être avec une femme qui réussit !

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Ruins parle justement de ta séparation Klara. Direz-vous toutes les deux que votre succès et vos tournées ont rendu votre vie amoureuse beaucoup plus compliquées ?

Être sur la route constamment rend toute relation amoureuse saine très délicate. Essayer de trouver le temps de parler, de gérer différents fuseaux horaires, etc. C’est un gâchis ! Les deux membres du couple doivent être super forts si elles souhaitent que ça marche.

Et puis c’est aussi difficile de trouver un homme qui est à l’aise d’être avec une femme qui réussit !

 

C’est l’équilibre entre les douces harmonies et les paroles déchirantes qui nous intéressent. Cela ajoute de la profondeur et de la substance à la musique.

 

Vos textes sont sombres et votre musique pop et folk ! On a l’impression que vous aimez jouer avec les contrastes…

Absolument, tout est dans les contrastes ! On trouve cela fascinant. Si on devait décrire notre musique, je pense qu’on dirait aigre-douce. C’est l’équilibre entre les douces harmonies et les paroles déchirantes qui nous intéressent. Cela ajoute de la profondeur et de la substance à la musique. Nous aimons les vieilles ballades de meurtres par exemple. Beaucoup de musique country a cette double face. Ce sont des histoires de vie sombres exécutées d’une manière douloureusement belle.

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J’ai lu que vous réfléchissiez à composer du jazz… Fait ou fiction ?

Fait ! Nous aimerions explorer plus de genres tant que notre carrière progresse. En grandissant, nous avons beaucoup écouté Billie Holliday et Ella Fitzgerald. C’étaient nos héros, nous avons essayé d’imiter leurs voix pendant que nous apprenions à chanter. Ce serait tellement cool de jouer un jour avec un vrai groupe de jazz old school.

 

Que vous souhaitez-vous pour cette année ?

J’espère que nous montrons encore en puissance, j’ai le sentiment que nous sommes en train d’écrire un nouveau chapitre palpitant de nos vies. J’espère que Klara ressentira tout l’amour et l’admiration de ceux qui nous écoutent et qu’elle pourra vraiment en profiter. J’espère aussi qu’elle trouvera un moyen de ramener le calme et la paix dans sa vie au milieu du chaos que nous vivons sur la route ! Nous visons tous les deux à être un peu plus bienveillantes envers nous-mêmes et avec ceux qui nous entourent. Je pense qu’on doit arrêter d’être trop perfectionnistes et lâcher un peu prise. C’est dur de laisser aller, mais on va essayer ! (rires)

 

Johanna et Klara seront à Paris le 5 mars à la Cigale !

Prévisible : le concert est SOLD OUT ! Guettez leurs prochaines dates…

En attendant, je vous laisse en compagnie de mon morceau favori tiré de leur dernier album Ruins

Crédits photos :© Christina Hankin

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