Vanessa Paradis et Mélanie Laurent lui ont confié leur chevelure. Vous le suivez peut-être déjà sur son blog Cut by Fred. Ou mieux encore, vous avez déjà pris rendez-vous dans son tout nouveau studio rue d’Hauteville… Je suis allée à la rencontre de Fred, un coiffeur au charme dingue et au doigts de fée qui redonne aux nanas comme toi et moi l’envie de kiffer leur cheveux, leur tête, leur vie !
Fred n’est pas un coiffeur comme les autres. Son “salon de coiffure” a clairement des allures de studio photo avec son bac à shampoing dissimulé, ses miroirs géants et ses chaises de designers. Passé la découverte des lieux, on s’installe dans son canap’. Fred m’annonce direct être super timide. Je note surtout son humour ! La discussion s’engage. Réservé ou pas, ce coiffeur 2.0 a des choses à me dire, des messages à nous faire passer, à toutes…
Dans ta bio, on lit que ton histoire démarre à 33 ans quand tu lances ton blog Cut by Fred. Mais qu’as-tu fait avant ?
J’ai commencé la coiffure à 15 ans. Cela fait 20 ans que je travaille Madame ! (rires) J’ai toujours voulu être coiffeur. Je ne me suis jamais posé de questions. J’ai fait mon apprentissage de 15 à 18 ans chez Dessange à Chalon-sur-Saône ; puis j’ai débarqué à Paris, encore chez Dessange, car je ne savais pas qu’il existait autre chose que le salon. Je changeais beaucoup d’employeurs. Je pensais que c’était mon patron qui n’allait jamais, que cela expliquait le manque, la frustration qui m’habitait. J’avais l’impression que je trouverai ce que je recherche à l’étranger.
Qu’est-ce qui t’a fait rester en France ?
J’avais 19 ans, j’étais un bébé chat, d’une extrême timidité ! J’ai entendu parler de John Nollet car le film Amélie Poulain venait de sortir. C’est à ce moment-là que j’ai découvert qu’on pouvait être coiffeur en dehors des salons ! Je suis allé le voir, il cherchait justement un assistant. Il m’a pris et j’ai commencé dès le lendemain. Six mois plus tard, je faisais mon premier film avec Vanessa Paradis en tant que chef coiffure. Bon, le film a fait 12 entrées… Mais ça m’a donné vraiment envie de continuer dans le milieu du cinéma, de coiffer des actrices. Il a été mon mentor pendant 5 ans puis le rapport maître à élève est devenu compliqué. Je sentais que j’avais fait le tour et que je devais voler de mes propres ailes. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir à NY. Le fantasme.
Tu y as passé combien de temps ?
Je suis resté 2 ans. J’ai commencé dans un salon, que j’ai quitté au bout d’une semaine. Les choucroutes américaines, les brushing d’un mètre de haut, au secours…. Puis ça s’est enchaîné un peu façon rêve américain : je rencontrais des photographes au Starbucks, on faisait des shootings à l’arrache, je gagnais mon argent au lance-pierre. C’était la liberté. Mais je n’étais pas assez requin, trop timide. Et je trouvais le milieu trop fake. J’ai fini par recevoir un coup de fil de Mylène Farmer qui cherchait un coiffeur pour sa tournée. Du coup je suis rentré à Paris. La France me rappelait ! (rires)
Tu as aimé coiffer Mylène Farmer ?
Elle est très exigeante. Maintenant je peux coiffer n’importe qui ! J’ai été à bonne école. Mélanie Laurent aussi est une personne importante dans ma carrière. A cette époque, elle venait de tourner Inglorious Bastards, elle m’a emmené durant sa tournée mondiale un peu partout. J’ai refait des shoots avec Vanessa. J’ai tout de même fini par réaliser que c’était un métier trop mouvant : si les nanas ne travaillent pas, je ne travaille pas. Et puis je ressentais le besoin de m’exprimer. C’est de là qu’est né le blog il y a 5 ans.
C’était quoi ta volonté première en lançant Cut by Fred ?
M’amuser. Délirer. C’était très naïf et instinctif. Je partageais de tout : des tutos, des transformations, une pensée… Je postais une vidéo par jour à l’époque, maintenant j’en fais une par semaine environ. C’était une liberté incroyable. Ça a touché Madame Michu alors que j’étais plutôt connu dans le milieu du cinéma. J’étais super content. Et puis c’était aussi une manière de changer un peu le métier de coiffeur, transmettre un message différent de ce qu’on nous enseigne en salon. Beaucoup de coiffeurs me disaient avoir retrouvé “la flamme” (rires). Je pense que je leur apportais de la liberté. Mes coiffures étaient plus floues, je montrais qu’on pouvait faire autre chose qu’un brushing.
Tu te dis super timide. Pourtant le personnage de Cut by Fred ne l’est pas du tout dans ses vidéos. Qui es-tu Frédéric ?
Olala, “Frédéric”, y’a que ma mère qui m’appelle comme ça ! (rires) J’ai ce dédoublement de personnalité entre le blog et la vraie vie. Bien sûr qu’il y a beaucoup de sincérité dans mes vidéos, mais c’est vrai que je joue une sorte de rôle. Me mettre à parler devant une caméra, confortablement installé dans mon studio, c’est beaucoup plus simple pour moi que d’animer une conférence. Dans ces cas-là, j’ai besoin d’énormément de préparation. Fred dans la vie est plus réservé, plus timide.
Il y a 1 an, tu crées ton studio rue d’Hauteville. Qu’est-ce qui t’a fait passer le cap d’un lieu fixe où recevoir une clientèle ?
Les tonnes de demandes de coupes de cheveux que je recevais chaque jour sur le blog ! C’était un nouveau challenge de créer un lieu qui ne ressemble pas à un salon de coiffure : un endroit mutant pour coiffer et tourner mes vidéos pour le blog. Je ne voulais surtout pas un salon sur rue, mais un studio cool et agréable.
Si je veux prendre rendez-vous avec toi pour une coupe, je fais comment ?
Tu prends rendez-vous sur le site ! Je suis au studio 3 jours par semaine. C’est toujours en one-to-one, je prends le temps avec chaque personne, c’est pour cela que j’ai très peu de rendez-vous par jour. Du coup je n’ai que des “cas” : des nanas qui changent de boulot, des filles qui ont quitté leur mec… A chaque fois, c’est une vraie demande, pas juste “je veux me couper les pointes” ! C’est super intéressant. Souvent on parle 30 minutes puis j’attaque. La nana a le droit de me montrer des photos, beaucoup viennent avec un board Pinterest. Je pioche des idées, je m’adapte au cheveu et au visage…
Quelles sont tes demandes préférées ?
J’aime bien les nanas naturelles, avec un petit budget, qui viennent une fois par an et qui ont envie qu’il se passe un truc sur leur tête.
Après le blog et le studio, tu as un nouveau projet en préparation ?
Je sors ma marque de soin cheveux d’ici quelques semaines ! Ce n’était pas le but au début de Cut by Fred, mais j’ai décidé de me lancer. Je vais commencer par lancer un produit. C’est très artisanal, confectionné dans un labo juste en dehors de Paris. Mes produits sont plus que bio, les formulations super clean, tu pourras les bouffer !
Tu es tout seul à gérer le lancement de ta marque ?
Oui, je fais tout tout seul. J’ai un attachement maladif à la liberté, je refuse tout financement, je veux tout faire moi-même et lancer à mon échelle. Tant pis si je n’ai pas les ambitions d’un Dessange, cela ne me ressemble pas, je veux me préserver une vie tranquille et ne rendre de comptes à personne ! (rires)
Tu as une innovation coiffure qui t’a marqué dernièrement ?
Il ne se passe pas grand chose dans le milieu de la coiffure mais il y a eu une petite révolution dernièrement : le sèche cheveux de Dyson ! Technologiquement, on ne se rend pas forcément compte mais c’est un truc de fou. Il change les ambiances dans les salons de coiffure ! Il fait très peu de bruit, il n’y aucune résistance chauffante, on ne peut pas se brûler ni coincer ses cheveux dans le moteur qui est situé dans le manche. C’est une brise qui sèche 3 fois plus vite et qui te permet de continuer de parler avec la cliente. Je l’utilise au quotidien.
Et les 3 conseils cheveux de Fred, ce serait quoi ?
Je ne suis pas trop dans le soin mais dans le lâcher prise. Les femmes en général sont assez dures avec elle-mêmes. Pour elles, ça va jamais : ils sont trop plats, ils sont trop ceci, pas assez cela. J’aimerais que les femmes soient plus douces envers elles-mêmes. Qu’elles s’aiment plus ! …. C’était les conseils gnan gnan de Fred ! (rires) Nan mais c’est vrai, c’est tellement violent ce que vous vous dites dans le miroir alors que les gens ne voient pas ça !
Ton deuxième conseil ?
Prendre le temps de rechercher SON coiffeur. Se faire coiffer, c’est aussi une rencontre. Prenez le temps de trouver la personne de confiance, cherchez, enquêtez. Et n’hésitez pas à sortir du salon de coiffure si vous ne le sentez pas !
Et ton dernier conseil ?
En faire le moins possible. Souvent les cheveux sont lissés à outrance, bousillés… L’idéal c’est d’avoir une belle coupe qui se met en place toute seule quand on se lève le matin. Laissez-les sauvages, wavy !
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