En direct du Festival de Cannes, la team du Prescripteur vous partage ses chroniques des films visionnés sur la croisette ! Coup de coeur ou déception, on vous dit tout ! On commence par Les Linceuls de David Cronenberg, premier film visionné par l’équipe à Cannes, sélectionné en compétition officiel, avec en tête d’affiche Vincent Cassel et Diane Kruger. Verdict ? Un film trash et malaisant… d’autant plus lorsque l’on apprend que le cinéaste dit l’avoir écrit après la perte de sa femme, Carolyn Zeifman (1950-2017), faisant des Linceuls, son film le plus « autobiographique ». Flippant…
« Jusqu’où êtes vous prête à aller dans les ténèbres? »
C’est par cette question que Karsh, un talentueux entrepreneur interprété par Vincent Cassel, introduit la description de sa morbide activité lors d’un « date » qui (sans surprise) tournera court…
Son concept ? Epier les vivants après leur mort, grâce à un linceul connecté qui permet à leurs proches de suivre en direct, depuis un écran intégré à la stèle, la décomposition du corps du défunt. Bien que Karsh justifie son activité autour de pseudo justifications spirituelles, et souligne les enjeux politiques et économiques autour du déploiement de sa firme à travers le monde, c’est pourtant bien le désir sexuel, le fantasme de corps transformés par la maladie et la mort, voire mutilés, qui prend rapidement le dessus dans ce dérangeant thriller de Cronenberg.
On irait même plus loin : le film affiche une claire et nette fétichisation du corps des femmes, poussée à son paroxysme (usant…).
Au frisson succède alors le dégoût, qui fait place à la gêne et enfin au malaise.
L’idée initiale était pourtant prometteuse, avec une mise en scène qui navigue autour de l’inventeur visionnaire, avec son cimetière high tech et son loft japonais. Le personnage de Karsh (Vincent Cassel) reste convaincant, entretenant une relation ambigüe avec celui de Diane Kruger qui interprète à la fois sa belle-soeur, son assistante virtuelle et sa défunte femme.
Les Linceuls : un scénario poussif, et un affrontement Eros et Thanatos bien trop caricatural
L’ensemble est prévisible, voire lourdingue. Le film ne passe clairement pas le test de Bechdel quand on réalise que l’intégralité des personnages féminins du film, caricaturés et simplistes, éprouvent un désir sexuel pour Karsh (ça va, on te dérange pas David ?), avec de surcroît des scènes de sexe peu convaincantes… Une péné’ et tu jouis (tmtc…).
L’atmosphère agréablement dérangeante laisse alors la place à un réel malaise, autant devant la mort que devant le sexe, et l’histoire ne fait que s’engluer dans des aller-retours entre fantasme et réalité.
On sort déçus de cet écœurant empilement de corps, vivants et morts…