En août, ça se réchauffe sur Le Prescripteur… Découvrez chaque mercredi sur le blog, un nouveau chapitre de votre nouvelle érotique de l’été à lire secrètement sous le parasol ! Embarquez dans l’histoire passionnante et dévorante de… Maitre Isadora & Miss Hyde, de Esmeléïa Brandt. Ne vous fiez pas aux apparences… Une collaboration avec les éditions MA Next Romance, littérature pour adulte.
« La personnalité des femmes est toujours à deux, tandis que celle de l’homme n’a que lui-même pour but. », Madame de Staël
–
« Elle pense qu’il va dire : je t’aime. Mais non. Il murmure une phrase importante. Une phrase à laquelle elle pensera sans cesse. Qui sera l’essence de son obsession. », Charlotte, David Foenkinos
Chapitre I
Isadora.
Jamais je n’aurais pensé tomber sur… ça lorsque mon associé m’a demandé de le remplacer au pied levé. En tant qu’avocate pénaliste, j’ai souvent affaire à des clients peu, pour ne pas dire pas du tout recommandables. C’est le job. Et comme mon père ne m’a pas laissé d’autre choix de carrière, j’ai dû faire avec. Notre cabinet est le plus réputé. Nous traitons uniquement des affaires en lien avec le blanchiment d’argent, l’espionnage industriel, voire les assassinats. Nos clients sont les gros bonnets de la pègre ou de la mafia. C’est pourquoi je m’interroge immédiatement sur ce Janus Gregor quand Charles m’appelle. Je ne connais pas ce client, ce qui est extrêmement curieux, car en tant qu’associée je me dois d’être au courant de l’ensemble de nos dossiers, pour le suivi, au cas où.
Lorsque j’arrive au commissariat, je ne perds pas de temps. J’attrape d’une main la chemise cartonnée contenant le détail des éléments à charge et pose mon trench de l’autre. Je compulse l’acte d’arrestation et repère tout de suite deux erreurs administratives qui rendent nulle la procédure. Je dois néanmoins rencontrer mon client. Je veux me faire une idée du salopard à qui je vais éviter la prison. Parce que, si j’en crois le C.V. remis avec le reste du dossier, j’ai là un beau spécimen de pourriture.
Janus Gregor, trente-deux ans et déjà quatre ans de taule à son actif dont deux avant ses dix-huit ans. Vol, trafic d’armes et corruption. Soupçonné de meurtre, mais relâché pour manque de preuves.
Eh bien, en voilà un qui trempe dans le lourd ! Je suis étonnée de ne pas trouver, drogue et proxénétisme dans la liste de ses exploits. Cela dit, ce n’est pas parce que je ne les vois pas que dans les faits ils n’y sont pas.
Bravo, Isadora. Encore une sacrée tache sur ton âme.
Je soupire et ferme les yeux avant de demander à être conduite en salle d’interrogatoire. Mon métier me pèse de plus en plus. Malheureusement, je suis excellente dans mon domaine. J’ai appris avec le meilleur des salopards : mon père.
Je voudrais tant l’envoyer se faire foutre, lui et cette vie pourrie, mais il me tient et il le sait. Je suis enfoncée trop profondément dans la boue. Je ne partirai pas. Non pas que j’ai trop à perdre, je n’ai même plus peur de ce qui pourrait m’arriver. Non, la vérité, c’est que je continue essentiellement pour ma petite sœur, Lisa. Enfin, ma demi-sœur. Elle vient juste d’avoir seize ans et n’a plus que moi, sa mère s’étant tirée lorsqu’elle en avait cinq. Nous avons quinze années d’écart, mais elle est ma bouffée d’oxygène. Je ne veux pas que mon père la détruise comme il l’a fait avec moi. Je veux qu’elle ait le choix, qu’elle ne subisse pas sa vie. Or, si j’envoie tout balader, je sais qu’il se vengera sur elle. Je continue donc de faire ce métier que je hais, mais pour lequel je suis sans conteste faite. Après des études brillantes, j’ai rejoint à mon tour le cabinet familial. Nous y sommes quatre associés : mon père et son cousin Charles Hübner sont les principaux ; Martin, le fils de Charles et moi-même, les associés secondaires.
Vous l’aurez compris, je suis avocate spécialisée en pourriture et je me déteste.
Mais c’est comme ça.
J’aimerais pouvoir dire que j’ai encore un peu d’honneur et de conscience, mais la vérité c’est que, même s’ils sont là, je manque de courage pour dénoncer et faire sombrer ma famille.
Parce qu’ils sont malgré tout ma famille.
Et c’est ça qui me tue.
Lentement. Sûrement. Inexorablement.
Alors à l’aube de la trentaine, je n’ai plus d’autre choix que de vivre uniquement par et pour le mensonge.
Je n’imaginais pas l’impact de cette pensée. Parce qu’au moment où j’ai vu mon nouveau client, Janus, pour la première fois, tout a cramé chez moi. Je me souviendrai toujours de ses épaules. C’est ce que j’ai vu en premier. Des épaules si larges et si musclées, que j’ai marqué un temps d’arrêt avant de faire mon show. Et quand nos regards se sont croisés, j’ai su que quelque chose ne tournait plus rond chez moi.
Pourtant, ce mec faisait partie de tout ce que je honnis chez un homme. Un criminel n’ayant pas peur de piétiner les plus faibles, attiré par l’argent facile et n’ayant que faire des lois et des autres. En bref, une montagne d’égoïsme sous une monstruosité d’arrogance.
Mais voilà, il y a eu un truc inexplicable et indescriptible, comme s’il m’avait ensorcelée. Vu de face, cet homme avait la beauté innocente de l’ange déchu. Alors même que je le surplombais, j’avais l’impression d’être écrasée par sa présence. Il a gratté du pouce sa barbe naissante et j’ai eu l’envie immédiate de sucer ce morceau de chair dure et tendre à la fois.
Et je ne parle pas des cinq minutes suivantes, que j’ai passées enfermée avec lui ! En sortant, j’avais deux certitudes : cet homme est dangereux — comme le cobra royal, furtif, silencieux et mortel ; j’ai envie de lui.
Je me suis immédiatement invectivée mentalement, m’exhortant à me recentrer et à arrêter mon délire sensuel. Mais mon corps ne me répondait plus.
Cerveau ? Allô, cerveau ? Tu es là ?
Tristan.
On y est. Enfin. Je touche au but. Il était temps. J’en ai marre de tourner en rond comme un putain de poisson combattant dans son bocal. Déjà quatre mois que je travaille au corps les mecs du réseau de L’Organique et je suis en train de passer mon dernier test. Celui qui validera définitivement mon entrée parmi eux et me permettra enfin de commencer à réellement bosser. À faire ce pour quoi je suis initialement payé.
Bon, c’est un salaire de merde au demeurant, mais le taf qui va avec présente de nombreux avantages en nature. D’abord, le danger. Je ne connais rien de mieux qu’un bon vieux shoot d’adrénaline pour maintenir en forme. Ensuite, les gonzesses. Je peux baiser tout mon soûl avec des femmes qui n’ont de femmes que le nom. Enfin, ça, c’est pour les clampins de base, les bourrins. Ce que je ne suis pas. O.K., j’en profite à fond et si elles y reviennent c’est qu’elles doivent y trouver leur compte. Après tout, qui suis-je pour juger ? Je n’ai pas pitié d’elles. Ça leur servirait à que dalle de toute façon. Je préfère simplement respecter ces femmes et leurs choix. Certaines me font carrément mal au palpitant, surtout quand je sais qu’elles ont des gamins et qu’elles subissent à fond.
La plus grande satisfaction vient du devoir accompli, lorsque je m’évanouis dans la nature, une fois le réseau noyauté et démantelé. Quand j’ai fait tomber toutes les têtes.
Ma spécialité ? L’infiltration. Tout domaine. Toute expertise. Toute profondeur.
Ouaip.
— Pourquoi tu souris, connard ? me demande le flic qui cherche à me faire cracher le morceau depuis une heure.
Je daigne relever les yeux vers lui et me cale un peu plus au fond de mon siège.
Je prends une voix basse et doucereuse. Très calme. Je sais que je suis observé.
— Je m’interrogeais sur la manière de récupérer le temps que vous m’avez fait perdre lorsque je sortirai d’ici.
Les hommes de L’Organique ont des yeux et des oreilles partout. J’ai compris rapidement que, pour arriver à obtenir leur confiance je devrais déjouer de nombreux pare-feu. Celui-ci est le dernier, j’espère. Je sais qu’ils m’ont piégé exprès. Pour voir si j’ai la capacité, et surtout les couilles, de m’extraire du guêpier dans lequel ils m’ont fourré.
Heureusement pour moi, j’avais prévu le coup.
Je sors toujours couvert. C’est une nécessité dans ce dur métier.
Le flic me dévisage encore. Il ne masque pas sa haine. Je ne peux pas lui en vouloir. Je sais jouer mon rôle. Même si parfois j’ai tendance à penser que ce n’est plus vraiment un rôle. C’est dur de garder le contrôle. De ne pas perdre sa vraie personnalité. Son vrai moi. Je suis tellement immergé dans la boue qui recouvre la merde de la lie de l’humanité que j’ai dû en prendre un peu l’odeur.
C’est donc d’un ton arrogant au possible que je rajoute :
— Vous avez l’heure ?
Il fronce les sourcils. Le mec en face de moi est un homme fatigué. Usé et contraint par les procédures. Il se doute que, si je suis si calme, c’est que je suis sûr de moi. Et ça le met hors de lui. Il a envie de me cogner. Je le comprends. Je serais dans le même état à sa place. Mais il n’en a pas le droit. En fait, c’est ça le plus dur : avoir envie de cogner et devoir se retenir. Ça m’arrive constamment, que je sois infiltré ou pas. Alors je ne dis rien, attendant soit qu’il me donne une réponse, soit qu’il tente un nouvel interrogatoire. Je me contente de planter mon regard dans le sien. Je pourrais jouer à ça pendant des heures. Il craquera avant que je ne me lasse de ce petit jeu. Ils craquent toujours avant. Ils ne sont pas assez membrés pour se mesurer à moi.
Enfin, le flic décide de lâcher prise. Il ouvre la bouche pile au moment où la porte tourne sur ses gonds.
— Maître Isadora Cambor, annonce une voix dans mon dos. Mon client ne dira plus un mot sans ma présence. Veuillez nous laisser et couper les enregistrements visuels et acoustiques.
Visuels et acoustiques ? Mais qui emploie des mots pareils ?
Isadora.
Visuels et acoustiques ? Mais qu’est-ce qui m’arrive, à la fin ?
C’est quoi cette fixette de merde ?
Bon d’accord, c’est vrai que ces derniers temps j’ai un peu perdu les pédales, je le reconnais. Lorsque mon père m’a appris qu’il comptait se retirer du cabinet et me laisser sa place d’associé majoritaire — place dont je ne veux pas, je préfère m’énucléer à la petite cuillère – je me suis permis quelques moments de liberté.
Savoir tout ce que je sais sur nos clients et ne rien pouvoir faire au prétexte du secret professionnel me fait suffisamment culpabiliser. Je ne veux pas me retrouver aussi avec le reste. Tout le reste. Parce que, tant qu’il ne sera pas mort et quoi qu’il en dise, mon père sera toujours là à me surveiller. À me dire ce que je dois faire. À me rappeler Lisa et tout ce qu’elle a à perdre si j’ose me rebeller.
Alors oui, je goûte à la liberté le soir, les week-ends ou les jours de vacances que l’on m’autorise, lorsque je deviens une autre femme. Lorsque je deviens Miss Hyde, une blonde assassine libre dans sa tête et dans son corps. Je me perds dans des lieux décalés, underground, voire carrément libertins.
Mon père s’est laissé un an pour mettre tout en ordre avant la passation des pouvoirs. Je me suis octroyé le même délai de liberté.
Depuis, c’est l’escalade.
Je me suis d’abord fait percer les tétons et porte désormais un anneau dentelé à chacun de mes seins. Puis, j’ai eu envie d’un tatouage. Alors j’ai fait définitivement graver mon dos à l’encre noire. Ma colonne vertébrale arbore ainsi mon mantra : « Souffle le chaud, mais ne vis que par le froid. » Cela m’a apaisé pendant un temps. Ça, plus les sorties dans des clubs branchés et les plans cul d’un soir qui m’ont permis de lâcher un peu la pression.
Mais je me demande sans cesse : qu’est-ce qui ne tourne plus rond chez moi ?
Parce que là, toute de suite, le prochain truc de dingue dont j’ai envie, c’est m’envoyer en l’air avec lui : Janus Gregor.
Tristan.
Je ne le lâche pas du regard malgré la surprise de voir débarquer une foutue gonzesse pour me tirer de là. Ce n’est pas ce qui était prévu. Sa voix douce, mais autoritaire, m’est pourtant passée partout. Je fixe le dos de l’homme qui sort en manifestant clairement son dégoût et pose enfin les yeux sur mon avocate.
Comment elle a dit déjà ?
Ah oui ! Maître Isadora Cambor.
Je reste sidéré un instant devant la femme qui me fait face. Je ne sais pas à quoi je m’attendais exactement. Mais clairement pas à ça.
Putain de bordel de merde.
C’est quoi cette grenouille de bénitier ?
Elle s’avance en faisant claquer ses talons sur le sol dallé de la salle d’interrogatoire. Elle pose brutalement sa serviette en cuir brun sur la table et lève les yeux. Maître Isadora Cambor fixe la caméra, attendant de voir s’éteindre la petite diode rouge confirmant que nous sommes seuls et dans l’intimité…
Tenant mon rôle à la perfection, je la reluque sans vergogne pendant ce temps.
Maître Cambor doit faire un petit mètre soixante-cinq pour cinquante kilos environ. Un quatre-vingt-dix B lambda sur un corps délicat et svelte. Elle est si fine et menue qu’elle me fait penser à une ballerine. Surtout avec ses cheveux bruns attachés en un chignon bien serré. Aucune mèche ne dépasse. Elle sort de la poche de sa serviette, une paire de lunettes qu’elle chausse avant, enfin, de poser les yeux sur moi.
Eh ben merde alors…
C’est quoi ses yeux ?
J’ai l’impression que deux cristaux de roche viennent de se fixer sur moi. Ses yeux sont d’un bleu gris si clair qu’il est quasiment insoutenable de soutenir son regard. Son visage est ciselé à la perfection. Une peau pâle et des lèvres roses. Je note aussi le grain de beauté juste au-dessous de son oreille, pile sur sa jugulaire.
Nom de Dieu.
Bon alors la question à vingt mille c’est : pourquoi est-ce qu’une beauté pareille se cache derrière des fringues aussi strictes bordel ?
Mes yeux quittent les siens pour dévaler sur son corps sans aucune gêne ni aucune vergogne. Maître Cambor porte une veste de tailleur parfaitement coupée sur un chemisier crème boutonné jusqu’en haut (merde, mais comment fait-elle pour respirer ?), et une jupe crayon noire descendant sous le genou, mais tellement ajustée qu’il me tarde déjà de la voir de dos. Parce ce que si le recto est aussi beau que le verso, j’aimerais autant pouvoir en profiter.
— Tournez-vous, je lui ordonne brusquement.
— Pardon ? me dit-elle, offensée, avec cette pointe d’autorité qui semble caractériser toute sa petite personne.
Je m’accoude à la table et, avant de réunir mes mains, fais un geste universel de l’index, comme si elle était une demeurée, tout en répétant sèchement :
— Tournez-vous !
Maître Isadora Cambor hausse un sourcil, mais je lis dans son regard qu’elle ne se démontera pas. Elle pivote lentement sur ses talons, avant de planter ses yeux si glaçants dans les miens.
Wow, wow… Ce petit cul…
— Si monsieur est satisfait, je vais peut-être pouvoir faire mon travail, lâche-t-elle avec sarcasme.
Je lui désigne la chaise en face de moi.
— Mais faites comme chez vous, cher Maître, je vous en prie.
Elle pince les lèvres rapidement avant de se reprendre complètement. À part ce petit signe d’agacement, ma belle avocate affiche une expression de joueur de poker.
— Que leur avez-vous dit avant que j’arrive ? m’interroge-t-elle.
— Rien.
Elle ne quitte pas mes yeux. Putain, elle a plus de couilles que le flic avant elle. Maître Isadora ne le sait pas, mais elle me fait sacrément bander.
— Et à moi ? Vous avez des choses à dire…, monsieur Gregor ?
Je secoue la tête imperceptiblement sans bouger un muscle du visage.
— Je vois, soupire-t-elle.
Sa voix est sèche.
— Où est Hübner ? C’est lui que j’ai appelé.
— Indisponible.
Je cligne des yeux.
— Mais encore ?
— Comment ? Vous n’avez pas compris ? lâche-t-elle dans un petit rire cynique. Je reformule : Maître Hübner est occupé. Heureusement pour vous et malheureusement pour moi, je me retrouve en charge de votre dossier. Laissez-moi une demi-heure et je vous fais sortir.
Je me renfonce sur ma chaise et commence à me balancer.
— On est bien sûr de soi, Maître Isadora…
— Maître Cambor, me coupe-t-elle, agacée que je répète son prénom.
Nous nous dévisageons encore une fois. Elle ne flanche pas. Ne bat même pas des cils. Ne se tortille pas non plus. Raide comme la justice, le dos bien droit, dans son armure boutonnée jusqu’au col, elle me défie.
J’aurais du temps à perdre que cela m’amuserait un max.
— Maître Isadora, je reprends appuyant volontairement là où ça fait mal, une demi-heure pas plus. Mon temps est important.
Elle ne me répond pas, passe devant moi et toque deux fois à la porte, j’entends pourtant distinctement son murmure :
— Et pas le mien peut-être, connard.
Isadora.
Mécaniquement, je file jusqu’au bureau du commandant. Je lui sors mon jargon juridique et lui fais comprendre en quatre phrases l’incompétence de ses hommes. Je signe la paperasse machinalement et vais aux toilettes pour me rafraîchir en attendant qu’il fasse sortir Janus.
Je m’observe dans le miroir. J’ai une lueur fébrile dans le regard. Jamais je ne suis fébrile. Pour la bonne et simple raison que je suis froidement efficace ou efficacement froide, comme vous voulez. J’ai appris à masquer mes émotions en toutes circonstances, y compris à moi-même.
Lorsque je sors enfin après m’être recomposé une façade dure et impassible, je retourne attendre mon client. J’enfile mon trench, récupère ma serviette et tape rapidement sur mon Smartphone un message à l’attention de Charles pour lui indiquer que ma mission est accomplie.
Janus apparaît enfin en bout de couloir en homme libre. Pour la première fois, je peux le détailler en totalité. Mon sang ne fait qu’un tour. Je le trouvais déjà impressionnant, assis dans la salle d’interrogatoire, mais ce n’est strictement rien à côté de la bête, debout, qui avance vers moi comme si j’étais un territoire conquis. Dans ce T-shirt noir tout simple et ce jean déchiré au genou, il est… brut.
Primaire.
Pas de fioriture.
Il n’en a pas besoin.
C’est inscrit sur lui de toute façon. Depuis son visage, en passant par tous les muscles de son corps qui roulent de façon féline lorsqu’il marche.
Il me fait penser à un tigre.
Je ne comprends pas cette réaction épidermique qu’il déclenche chez moi. Il me fait le même effet que lorsque j’ai tenté mon premier saut à l’élastique.
Excitation. Appréhension. Sensation de liberté.
Mon pouls s’accélère. Mes mains sont moites et glissent sur le cuir de la poignée de ma serviette à laquelle je m’accroche désespérément. Janus s’approche toujours. Il remplit de sa seule présence tout l’espace du couloir dont plus il est près, plus je perçois l’étroitesse. J’étouffe. Je me force à ne pas déglutir, ni arracher les boutons de mon chemisier pour pouvoir mieux respirer.
Au contraire, je me redresse en dégageant mes épaules vers l’arrière, en gonflant ma poitrine et en redressant le menton. Il arrive enfin à mon niveau, me dominant de toute sa stature. Il m’observe avec une acuité qui pourrait me déstabiliser, si toutefois j’avais décidé de me laisser perturber.
Mais je refuse.
Pas devant un type comme lui.
Jamais devant un type comme lui.
— Maître Isadora, susurre-t-il entre ses dents.
Je me crispe.
— Cambor. Maître Cambor, je le reprends, butée.
Janus étire ses lèvres si lentement, que sa tentative de sourire de séduction, se traduit pour moi en une menace immédiate.
Je ne flanche pourtant pas et c’est d’une voix assurée que je lui demande :
— Dois-je vous déposer quelque part ?
— Je suis un grand garçon. Je saurai retrouver mon chemin.
Je le fixe, masquant ma surprise. D’habitude, nos clients ne perdent pas de temps et quittent les locaux, collés à nos basques. Nous sommes un bouclier humain qu’ils utilisent sans complexe. Il tire de la poche arrière de son jean un paquet de blondes et en sort une cigarette.
Je soupire et finis par hausser les épaules.
— Très bien.
Je tourne les talons.
Il me semble l’entendre rire derrière mon dos.
Je crois que c’est à cet instant précis que je me suis juré que je finirais par tout savoir de lui.
On ne peut pas faire un episode par jour plutôt !? ?
Haha ! Ce ne serait pas drôle de ne pas vous faire attendre ^^
Ça démarre plutôt bien ?merci super team ?
Vous allez voir, ça va se corcer… Merci super lectrice <3