« Parthenope » de Sorrentino : un film gangrené par un male gaze décomplexé

Parthenope de Sorrentino un film gangrené par un male gaze décomplexé le prescripteur

Malgré la beauté évidente de ses images qui nous font goûter à la Dolce Vita de la côte amalfitaine, le film « Parthenope » de Paolo Sorrentino présenté en compétition officielle au Festival de Cannes tombe dans l’écueil d’une femme réduite à sa stricte beauté. Si le réalisateur a visiblement tenté d’en faire un film d’émancipation, il manque royalement sa cible et est frappé du sceau de l’ancien monde. Décryptage.

« On ne peut pas être heureux dans le plus bel endroit du monde. »

C’est ce que répond Raimondo à sa famille, qui lui demande pourquoi il cherche à quitter Naples pour voyager.

« On ne peut pas être heureuse quand on est jeune, intelligente, et d’une beauté qui rend fous les hommes » aurait pu lui répondre sa petite sœur, Parthenope, si elle n’était trop occupée à contempler la mer et Capri, depuis la terrasse de l’immense palais familial.

C’est l’histoire de sa vie, mais c’est aussi un portrait doux-amer de Naples que dresse Sorrentino, et qui résonne étrangement avec celui de Rome que composait la Grande Belleza quelques années plus tôt.

Une double réflexion sur la beauté donc, la beauté des femmes à laquelle Parthenope tente de donner un sens, rencontrant dans cette quête des divas défigurées par la chirurgie esthétique, de jeunes loups aux dents longues ou encore un écrivain anglais maudit qui noie dans l’alcool et la contemplation son chagrin permanent. Mais beauté de Naples aussi, qui constitue à la fois le décor et le fil conducteur de ce film malheureusement bien trop décousu…

« Parthenope », le dernier film de Sorrentino est tout autant une méditation sur la beauté qu’une réflexion sur son autre versant, la laideur.

Comme une ombre qui réapparaît de manière de plus en plus insistante, elle persiste, dans la misère des bas-fonds de Naples, dans la tristesse et la dépression, ou dans les agissement de ceux qui cherchent à pervertir et salir la beauté. En témoignent des scènes de sexe tantôt purement voyeuristes et gênantes, ou tout bonnement blasphématoires.

On peut reprocher une certaine superficialité à Sorrentino qui multiplie les plans spectaculaires de la baie de Naples et Capri.

On lui reproche surtout le regard insistant et libidineux avec lequel il érotise son actrice principale, la mannequin Celeste Della Porta (néanmoins sublime).

En ce sens, le film est à contre-courant de tout le mouvement qui tente de faire évoluer le cinéma vers moins de sexisme et plus d’inclusivité, faisant de lui un film de l’ancien temps, dépassé et gangrené par un male gaze décomplexé.

Immoral ou amoral ? Subversif ou obsédé ? Contemplatif ou superficiel ?

A vous de voir, si vous souhaitez tout de même profiter du voyage…

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