Les cœurs des femmes battent à l’unisson pour de nombreuses causes dans le monde, mais parfois s’oublient un peu dans la bataille ! Chaque année 1 femme sur 3 meurt d’une maladie cardio-vasculaire, 9 millions sur le globe, c’est plus que tous les cancers réunis, et plus d’information et de prévention changerait tellement la donne ! C’est le message que tente de faire passer le mouvement « Sauvez le cœur des femmes » créé par Isabelle Weil en 2015 au sein de sa fondation Ajila.
Déjà à l’origine de nombreuses initiatives pour faire baisser le nombre de décès par arrêts cardiaques extra-hospitaliers comme l’installation de 120 000 défibrillateurs en France, le lancement d’une application pour les géolocaliser (Staying Alive), la formation aux gestes de survie obligatoire pour les collégiens, c’est donc désormais aux risques qu’encourent nos cœurs de filles et de femmes qu’elle a décidé de nous sensibiliser.
Des risques dont on a encore peu conscience
En effet, la tâche est ardue ! Car le sujet a été longtemps délaissé par les études médicales et, de part ses spécificités, est resté très compliqué à traiter et même à évoquer avec les grands décideurs actuels qui pourraient le faire évoluer.
Les chiffres parlent pourtant d’eux-mêmes : en 15 ans, le nombre d’hospitalisation pour un infarctus chez les femmes de moins de 50 ans a triplé. Entre autres, parce qu’elles ont adopté les mêmes comportements à risque que les hommes, comme la consommation de tabac ou d’alcool, la sédentarité, le stress, une mauvaise alimentation et donc des problèmes de cholestérol ou de diabète…
Que sont les maladies cardio-vasculaires ?
Elles sont la première cause de décès dans le monde et comprennent tous les troubles liés aux vaisseaux sanguins et au cœur. On en recense 6 courantes : l’infarctus du myocarde (IDM), l’AVC (accident vasculaire cérébral), l’artériosclérose, l’angine de poitrine ( Angor), l’insuffisance cardiaque et l’arythmie cardiaque. Et de moins connues, comme les thromboses veineuses, les artériopathies périphériques ou les cardiopathies coronariennes.
Le 15 novembre, des personnalités féminines de tous les horizons viendront donc défiler en rouge pour la troisième fois lors du RED Défilé de l’association d’Isabelle Weil, afin de soutenir ce mouvement avec enthousiasme, ferveur et espoir. Un événement solidaire où le glamour se met au service de la santé des femmes et devient un véritable « lanceur d’alerte » de cette cause encore trop méconnue.
Isabelle, les maladies cardio-vasculaires sont une cause peu médiatisée, qu’est-ce qui vous a incitée à vous y intéresser?
J’ai eu un choc en regardant un JT en janvier 2008 et en découvrant l’image d’un joueur de football, Marco Randriana, étendu sur la pelouse du stade de Sedan après un arrêt cardiaque lors d’un match. Il avait pu être réanimé, ramené de la mort en 2 minutes grâce à la présence d’un défibrillateur dans le stade. Dès ce jour, j’ai pris la décision de consacrer mon énergie à essayer de donner une chance aux 40000 hommes et femmes qui succombent à ce fléau en France chaque année. J’ai donc crée l’association RMC/BFM pour sensibiliser un public qui va des particuliers aux entreprises en passant par les grandes institutions de la République, et nous avons lancé de nombreux projets comme le « Train du cœur » avec la SNCF, « Ma commune a du cœur » pour valoriser les communes investies dans ce combat, ou encore la formation aux gestes de secours de 4400 élèves à la Grande Halle de La Villette en 2017.
Comme les femmes n’ont pas les mêmes symptômes que les hommes, même les urgences médicales passent parfois à côté du problème et quand il est enfin détecté, c’est souvent trop tard (55% des accidents sont fatals chez les femmes contre 43% chez les hommes).
Pourquoi se concentrer plus particulièrement sur les maladies touchant les femmes ?
J’ai décidé de lancer le mouvement « Sauvez le cœur des femmes » (connu à l’international sous le nom « Go Red For Women ») en France, pour tirer la sonnette d’alarme sur l’augmentation des maladies cardiovasculaires chez les femmes. En premier lieu, nous avons réalisé une étude sur 7000 d’entre elles pour obtenir un instantané de la situation et nous avons pu analyser leur perception de ces maladies. Par leur rythme de vie, elles sont beaucoup plus exposées qu’auparavant. Elles fument, boivent, prennent une contraception, et comme elles n’ont pas les mêmes symptômes que les hommes, même les urgences médicales passent parfois à côté du problème et quand il est enfin détecté, c’est souvent trop tard (55% des accidents sont fatals chez les femmes contre 43% chez les hommes). Elles ont aussi tendance à ne pas suivre leur maladie correctement. Quand il s’agit de leurs maris, elles les accompagnent à leurs rdv médicaux, les incitent à prendre leurs traitements, mais s’investissant plus dans leurs rôles d’épouses et de mères, prennent moins soin d’elles ! Il faut que ça change !
De nos jours, on pose des stents à des femmes de 35 ans. Et comme ces dispositifs ont été créés pour des hommes, ils sont parfois moins adaptés aux artères féminines, plus fines et aussi plus difficiles à opérer.
Y-a-t-il un âge à partir duquel on est plus susceptible de développer ces maladies ?
L’urgence est justement que les risques surviennent de plus en plus jeune ! De nos jours, on pose des stents (dispositif glissé dans des artères pour les laisser ouvertes et faciliter la circulation sanguine lors d’angioplastie) à des femmes de 35 ans. Et comme ces dispositifs ont été créés pour des hommes, ils sont parfois moins adaptés aux artères féminines, plus fines et aussi plus difficiles à opérer. Mon combat est donc également de pousser le monde scientifique à travailler sur ces problématiques.
Justement, quels sont vos soutiens dans le monde médical ?
Nous travaillons avec un comité scientifique composé d’un chirurgien cardiaque, de cardiologues, d’un nutritionniste, d’un spécialiste de l’hypertension et dirigé par le Professeur Michel Desnos, chef de service cardio à l’hôpital Européen George Pompidou. Et nous sommes également en étroite collaboration depuis 10 ans avec l’American Heart Association, référence mondiale sur les problématiques cardiovasculaires. C’est avec eux que nous avons lancé le « Red Day » chaque première semaine d’avril.
Parlez-nous du Red Défilé…

C’est un événement qu’on a voulu festif pour faire passer notre message de prévention autrement que par des chiffres et des études qui sont, il faut bien le dire, très anxiogènes. Nous avons donc des ambassadrices de cœur, pas des mannequins (j’aime l’idée qu’il y ait toutes les morphologies) issues du monde du cinéma, de la chanson, de la cuisine, du sport ou de l’art, habillées par des couturiers et des créateurs comme Isabelle Marant, Paule Ka, Carven, Vivienne Westwood ou Véronique Leroy qui ont décidé de soutenir notre cause, et qui viennent défiler en rouge, couleur emblématique du cœur.

« Sauvez le cœur des femmes », sous la direction d’Isabelle Weil, éditions Eyrolles
Fondation Ajila : www.ajila.org
Application : www.stayingalive.org/