« C’est pas facile d’être heureux quand on va mal », c’est le nom de la nouvelle pièce de théâtre signée Rudy Milstein qui se joue en ce moment, et jusqu’en mai prochain, au Théâtre Lepic (Paris 9). Le pitch ? Une bande de Parisiens au bout du rouleau qui pètent un plomb sur scène : une comédie drôle et grinçante aux textes finement rôdés, interprétée par une troupe d’artistes au naturel déconcertant. On a rencontré la pétillante Baya Rehaz de retour sur les planches pour l’occasion…
Baya, tu joues actuellement dans la pièce « C’est pas facile d’être heureux quand on va mal » de Rudy Milstein : comment t’es-tu retrouvée dans le casting de cette jolie troupe ?
Je connais Rudy parce que il y a sept ans de ça, je lui confiais le rôle de Doudou dans ma série « PARIS, un jour de…. » après l’avoir vu au théâtre. A l’époque, on ne se connaissait pas mais j’adorais son énergie de jeu. Après s’être rencontrés dans un café, je lui ai proposé le rôle, il a accepté et c’est devenu un ami. On s’est retrouvé sept ans plus tard, il m’a parlé de ce projet, de ce rôle… J’ai lu la pièce et j’ai été immédiatement conquise !
Je savais, avant même de commencer la lecture, que j’allais l’être car Rudy a un vrai talent d’écriture. En septembre dernier, j’ai passé une audition pour convaincre les producteurs qui eux ne me connaissaient pas. Et me voilà !
Qu’est-ce qui t’a immédiatement plu dans le scénario de la pièce ? Et plus particulièrement dans le personnage que tu incarnes ?
Rudy a un talent pour rire des maux de notre société. L’écriture est grinçante et en même temps d’une tendresse absolue. Ce qui m’a plu, c’est cette modernité, ce regard qu’il a sur l’humain. C’est aussi une langue à défendre…. Une manière de dire les choses, de créer le malaise tout en créant une proximité avec le spectateur par le biais de la résonance.
Et avec cette pièce et ce rôle de Nora, c’est en plein dans le mille. Ce personnage me touche infiniment. Elle a un rapport très âpre à la vie, une colère, une agressivité même, mais elle n’est pas gratuite. Ça vient d’un mal-être profond, d’une forme d’injustice qu’elle ressent depuis toujours. On la qualifie de « raisin sec » ou de « nuage plein d’eau prêt à exploser ».
J’ai bien fait, car de ça a découlé beaucoup de choses, j’ai joué trois ans dans une série pour France 3, « Tandem » , ça m’a fait grandir dans mon jeu. J’ai aussi la chance de réaliser de la fiction pour la télévision, je développe des projets en tant qu’auteur et je joue dans la pièce de Rudy que j’ai rencontré sur mon projet que j’avais initiée seule. Comme quoi…. Il faut se faire confiance et ne pas hésiter à se lancer.
Baya Rehaz – Crédit Photo Guillaume Plas
Rudy est à la fois l’auteur de la pièce, mais également comédien : vous a-t-il laissé de la liberté d’improvisation dans les dialogues ?
Il n’y a aucune improvisation. Au contraire, c’est très écrit. Ça a été un des grands travails pendant la répétition : le texte au mot près. On se faisait reprendre par Sam, l’assistant mise en scène dès qu’on se trompait.
Ce qui est génial, c’est que le co-metteur en scène est aussi l’auteur de la pièce et il joue avec nous ! Il est arrivé qu’il y ait quelques réécritures de scènes pour les équilibrer, les rendre plus fortes quand on sentait que c’était fragile et ça c’est une chance énorme. Rudy revenait parfois le lendemain et nous disait : » J’ai réfléchi, ces trois répliques marchent pas, donc j’ai réécrit ça. » Et aussi par rapport à ce qu’on voulait raconter sur nos personnages, parfois ça ne collait pas tout à fait avec l’objectif du personnage alors il réécrivait. Mais il a un rythme, une musicalité dans son écriture qui fait qu’on est porté et que ça donne cet aspect très naturel.
Comment as-tu vécu les répétitions, dans quel état d’esprit étais-tu ?
J’étais tellement excitée pendant les six semaines de répétition ! Je ne veux pas rentrer les détails, mais cette pièce est tombée pour moi à point nommée. Dès les premières lectures, j’étais à fond.
C’est comme la maternité, je les lie vraiment parce que c’est un process où tu te poses milles questions et les réponses ne sont, ni toujours là, ni toujours évidentes. A un moment donné, il faut arrêter d’avoir peur et embrasser qui tu es. Cette pièce m’a permis de prendre confiance en tant que comédienne, je me suis déployée.
Et ça continue chaque soir. Je grandis un peu plus à chaque représentation. Cette expérience dans toute sa globalité est folle. Je suis hyper reconnaissante et j’ai beaucoup de gratitude.
Baya Rehaz – Crédit Photo Guillaume Plas
Quel a été le moment le plus stressant dans la préparation de cette pièce pour toi ?
Le moment le plus stressant, c’est évidemment le soir de la première. La pièce est une comédie, on est censé faire rire le public. Mais quand on répète, c’est sans les rires des spectateurs, on ne sait pas si ça va marcher le jour J ! Mon personnage est une tornade, j’ai un parcours hyper riche, donc beaucoup de choses à jouer.
Mais la salle a été bienveillante, ça m’a portée, vraiment. J’adore jouer sur scène, c’est indescriptible. Ce frisson avant de jouer, cette adrénaline et cette énergie qui vient du public. C’est fou !
Est-ce que toi aussi Baya, tu vas mal et tu essaies d’être heureuse ?
Je vais très bien ! Je joue dans une pièce géniale, un rôle incroyable. J’ai un mari qui est aussi acteur et qui me soutient (ndlr : Amaury de Crayencour), deux enfants qui me portent. Une famille aimante et présente et mes amis sont incroyables. Je suis hyper alignée avec ce que je fais et j’ai beaucoup de gratitude pour ça. Je profite de cette chance incroyable.
C’est quoi la recette du bonheur à la Parisienne selon toi ?
Une expo n’importe laquelle, un café en terrasse avec un livre et un carnet pour l’inspiration. Je me fais souvent ce plaisir seule et ça me booste. Qu’il pleuve, qu’il vente, j’essaye de marcher le plus possible et d’emprunter le moins possible les transports. Tu passes toujours par des endroits que tu ne connais pas et on ne cesse de découvrir des pépites…