Céline Bizière a fondé le Salon des Dames, un mouvement féministe qui rassemble aujourd’hui plus de 500 000 hommes et femmes déterminés à faire bouger les lignes. Parmis ses actions remarquées, la sortie en septembre dernier du tout premier manuel scolaire de littérature à réintégrer 100 femmes auteures, jusqu’alors inexistantes des programmes. Elle est notre deuxième portrait de la Semaine Internationale des droits des Femmes !
Pourrais-tu rappeler aux lectrices qui ne te connaissent pas encore, comment est né Le Salon des Dames ?
Au début Le Salon était un lieu physique où je réunissais des femmes complètement différentes : chercheuse, DJ, historienne, scientifique, chanteuse, spécialiste des vêtements anciens. Le but était de réfléchir ensemble pendant 6 heures lors d’un « Salon » à une problématique précise pour changer la condition des femmes. Le mélange de profils était très interessant pour trouver des réponses nouvelles. Mais j’ai vite compris qu’on ne changeait pas grand chose derrière les murs d’un Salon. Que les réseaux sociaux pouvait devenir un lieu de rencontre digital, un Salon où accueillir tout ceux qui veulent agir. En 3 semaines, il y avait déjà 50 000 abonnés. Notre communauté est aujourd’hui constituée de 500 000 abonnés au total et est divisée en groupes d’action selon les profils des gens.
Cette année Le Salon des Dames a écrit avec l’Espace des Femmes – Antoinette Fouque, le premier manuel scolaire qui réintègre les écrivaines dans les programmes de français du collège.
Quels sont les projets que la Salon a porté depuis sa création ?
J’ai choisi d’axer les actions du Salon sur l’éducation. Parce qu’on se rend compte que les lois sont finalement plus faciles et plus rapides à faire passer que le temps nécessaire pour changer les mentalités. L’égalité des salaires entre hommes et femmes à poste égal est obligatoire et pourtant ce n’est pas une réalité. Le détricotage des mentalités est long. Cette année Le Salon des Dames a écrit avec l’Espace des Femmes – Antoinette Fouque, le premier manuel scolaire qui réintègre les écrivaines dans les programmes de français du collège. Il y a énormément d’écrits de femmes et pourtant leur présence est estimée à 3,7% dans les manuels utilisés.
Chaque fois que je rencontre un homme de pouvoir, il s’imagine que je suis une cruche car je porte des talons très hauts et du rouge à lèvres rouge.
Quelle est la plus grande injustice à laquelle tu as dû faire face personnellement en tant que femme ?
Chaque fois que je rencontre un homme de pouvoir, il s’imagine que je suis une cruche car je porte des talons très hauts et du rouge à lèvres rouge. En général il change de ton, arrête de faire des blagues douteuses et utilise un vocabulaire plus soutenu après 5 minutes. J’adore observer ce moment de réajustement intellectuel. Et en même temps je réalise à chaque fois qu’on a encore beaucoup de boulot avant de changer les mentalités.
Comment peut-on soutenir Le Salon des Dames ?


Quel message envoies-tu aux hommes et aux femmes en vendredi 8 mars ?
La bienveillance. D’arrêter d’avoir des avis arrêtés qui murent les gens dans des cases et de faire tout son possible à son échelle pour faire avancer la cause des femmes.
Si tu devais porter un projet de loi pour les femmes, ce serait lequel ?
Il y en a tellement ! Une loi qui impose la transparence des salaires par exemple. Cela rendrait possible l’égalité des salaires entre hommes et femmes au travail à terme.