Elle est la première à inaugurer notre Semaine Internationale des Femmes ! On vous présente Shirley Souagnon, humoriste LGBT engagée, qui dénonce au travers de sketchs inspirés de sa propre vie l’homophobie et le racisme. Actuellement en tournée avec son spectacle Monsieur Shirley, mordant et sans filtre, elle nous raconte ses projets et la mission qu’elle s’est confiée : déconstruire les clichés qui gangrènent notre société.
D’où te vient cette passion pour le stand-up ?
Ma passion pour la scène est apparue dès l’âge de 7 ans. J’adorais jouer des personnages, j’écrivais des sketchs humoristiques et je faisais même payer l’entrée de ma chambre à mes parents (rires). C’est à 18 ans que j’ai découvert que je pouvais en faire mon métier avec l’arrivée de la nouvelle génération d’humoristes : Gad Elmaleh, Florence Foresti, Jamel Debbouze…
Comment t’es-tu retrouvée sur la scène du Jamel Comedy Club?
Je jouais dans un café quand Yacine Belhousse, participant à la première saison du Jamel Comedy Club, a vu mon sketch et m’a proposé de lui rendre visite au club. C’était un concours de circonstances, j’ai rencontré le programmateur et ils m’ont engagée pour la troupe du week-end. Et puis tout s’est enchaîné, je suis arrivée dans la saison 5 du Jamel Comedy Club, j’ai fait le Marrakech du Rire, l’émission radio et le live du Comedy Club…
Tu es actuellement en tournée avec ton spectacle “Monsieur Shirley”. Quels messages souhaites-tu faire passer ?
Ce que j’aborde dans mon spectacle c’est la déprogrammation. Je l’ai appelé “Monsieur Shirley” parce que je pense qu’on doit se déprogrammer de tout ce qu’on nous apprend. On croit souvent par acquis et par expérience. Moi j’ai tendance à tout déconstruire, j’ai besoin d’expérimenter les choses par moi-même pour les comprendre.
Tout ce que je dis est vrai. C’est pour moi la beauté du stand up : d’aller au plus près de la véracité. Je n’invente rien.
Tu y parles de ton homosexualité et de ton rapport à la féminité…
C’est une réflexion que je propose. Je laisse les gens faire leur chemin car on ne vient pas tous du même endroit, on n’a pas tous les mêmes expériences de vie donc pas la même réflexion sur les choses. Il n’y a pas de “plus” ou “moins” bien, on est tous au même rang. Je partage mes expériences de vie et dénonce les répercussions que cela peut avoir chez les autres.
Parles-tu systématiquement de ton vécu dans tes sketchs ?
Tout le temps. Tout ce que je dis est vrai. C’est pour moi la beauté du stand up : d’aller au plus près de la véracité. Je n’invente rien. Je raconte ce que je vis et même si parfois j’exagère, le public doit comprendre le second degré.
On te retrouve aussi sur Netflix dans “Les humoristes du monde”. Tu racontes ton voyage à Haïti où tu as pris la parole sur scène pour dénoncer le racisme ambiant là-bas…
Oui, je raconte comment j’ai été insultée par des homophobes à Haïti. Des gens l’ont mal pris parce qu’ils sont persuadés que j’ai inventé cette histoire, mais c’est bien la vérité. J’ai un ami humoriste et haïtien qui m’a dit “Je te soutiens à 100%. Moi, mon père m’a frappé toute mon enfance parce qu’il croyait que j’étais homo”. On parle d’une culture pesante qui détruit des hommes et des vies.
Sur quels projets travailles-tu en ce moment, en parallèle de ta tournée ?
J’ai monté ma société de production il y a 5 ans pour ne pas m’éloigner de moi-même, rester celle que je suis et pouvoir m’exprimer. Je viens d’ouvrir une chaine youtube, j’ai créé une série stand-up où je définis un mot chaque semaine. Avec des copains, on ouvre également des podcasts où je posterai une vidéo quotidiennement dès le mois de mai ! Il y a aussi un nouveau programme “Shirley avec…” où je prévois d’inviter des personnes avec qui j’aimerais discuter ou chanter…
J’ouvre ma propre salle de spectacle, le Barbès Comedy Club, dans le 18ème arrondissement de Paris à la Goutte d’Or !
Quel est ton plus grand rêve ?
Mon rêve se réalise bientôt ! En septembre, J’ouvre ma propre salle de spectacle, le Barbès Comedy Club, dans le 18ème arrondissement de Paris à la Goutte d’Or ! C’est un quartier dans lequel j’ai vécu, j’y ai commencé ma carrière et j’ai vu son potentiel. Pour moi, dans 10 ans Barbès sera Brooklyn.
On assiste à la montée en puissance d’une nouvelle génération de femmes humoristes : Blanche Gardin, Camille Lellouche, Tania Dutel… Comment expliques-tu ce phénomène ?
C’est le reflet de la société : le féminisme avance, les femmes avec. On commence à se dire que l’humour n’est pas réservé aux hommes, c’est la liberté de parole ! Les femmes ont du mal à sortir des cases, tout comme les noirs, on nous catégorise. Les femmes sur scène sont encore trop sympas, il faut arrêter de se remettre en question et juste rester soi-même.
Les plus grands homophobes sont des homosexuels parce qu’ils ne s’aiment pas, c’est terrible !
As-tu déjà senti que ton engagement LGBT pouvait devenir un frein dans ta carrière ou au contraire un moteur ?
Les deux. L’un ne va pas sans l’autre. Il faut accepter que l’on soit ambivalent et contradictoire. Les plus grands homophobes sont des homosexuels parce qu’ils ne s’aiment pas, c’est terrible ! On est obligé d’accepter la société pour pouvoir y vivre, c’est un frein interne, un blocage mais qui donne envie de se dépasser.
J’aimerais supprimer le sexe sur la carte d’identité. Sexe féminin ou masculin, ça ne change rien ! Pourquoi on voudrait savoir ce que j’ai dans ma culotte ?
En cette Semaine Internationale des Femmes sur Le Prescripteur : si tu pouvais proposer un projet de loi pour le droit des femmes, lequel serait-il ?
J’aimerais supprimer sexe sur la carte d’identité. Sexe féminin ou masculin, ça ne change rien ! Pourquoi on voudrait savoir ce que j’ai dans ma culotte ?
Crédit photo : Thomas O’Brien
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