En salle depuis le 2 septembre, Poissonsexe est fable écologique d’anticipation poétique et romantique. A l’affiche de ce film signé Olivier Babinet, on retrouve India Hair qui nous a fait quelques confidences…
Tu dis que théâtre a été comme une évidence. As-tu grandi dans un milieu artistique ?
Mon grand-père, avant que je naisse, était metteur en scène en Angleterre. Ma grand-mère, elle, étudiait les arts dramatiques. Tous les deux étaient passionnés par Shakespeare, ils m’en ont beaucoup parlé quand j’étais petite.
Quels sont les auteurs qui t’ont touchée ?
J’aime beaucoup Henrik Ibsen, notamment pour sa pièce « Une Maison de Poupée ». J’avais vu une adaptation sur Arte, on voyait jouer des rôles féminins avec beaucoup de charisme et de ferveur. Tchekhov également, car j’ai toujours été attirée par la Russie. La lecture est très fluide et me procure des sensations folles. Et quand on le travaille, c’est assez abyssal.
Si tu devais choisir entre le théâtre et le cinéma, ce serait plutôt…
Je me sens tellement plus à l’aise au théâtre ! J’aime travailler en équipe, faire partie intégrante de la création. Tandis qu’au cinéma, on est seulement acteurs, on est énormément guidés. Au théâtre, on est plus sollicités. Mais ce n’est pas une préférence. Le cinéma est un endroit de refuge. Dès que je peux, je vais dans une salle.
Parle-nous des figures cinématographiques qui t’ont marquée…
J’adore Carry Grant, il me fait tellement rire et, pour tout te dire, c’est lui qui m’a donné envie de faire du cinéma, vraiment. J’ai aussi adoré Greg Davies qui m’a beaucoup plu à travers son rôle dans We Are Klang.
Est-ce que, comme beaucoup, tu as regardé énormément de films pendant le confinement ?
Là où je vivais, il n’y avait pas de réseau ! Je n’ai rien pu regarder pendant le confinement, c’était assez pénible. Du coup, j’ai beaucoup lu. Mais je dois avouer qu’au bout d’un moment, ça ne me suffisait plus… J’ai découvert les Vernon Subutex de Virginie Despentes. Puis j’ai dévoré le roman Sur les Ossements des Morts d’Olga Tokarczuk, un prix Nobel de littérature, un thriller méthaphysique et poétique. J’ai adoré le dernier bouquin de Leila Slimani, il est vraiment passionnant [ndlr : Le pays des autres]. Ça me fait penser à des bouquins de Duras qui englobe tellement de facettes de la vie d’une femme. Rien n’est attendu et en même temps, le rendu est authentique. J’ai aussi écouté beaucoup de podcasts comme La Poudre de Lauren Bastide !
De quoi parle PoissonSexe, le film en salle depuis le 2 septembre dans lequel tu as le rôle principal ?
La dernière baleine au monde, Miranda, est en train de dériver, elle va sans doute s’échouer. On comprend ensuite la solitude de cette baleine, et un groupe de chercheurs se met à réfléchir sur les poissons qui ne se reproduisent plus. Le scientifique se sent seul, lui aussi, et a un désir de paternité. Il va faire des statistiques et il s’aperçoit qu’il y a seulement 3 femmes dans le village avec qui ils pourraient fonder une famille…
On peut dire que c’est un film engagé ?
Engagé, oui, car il est vraiment très documenté. Cela traite du destin du genre humain et de la nature. Ce film mise en plus sur le prendre soin de soi, de ses proches, de son environnement. Ce n’est pas triste, c’est poétique et joyeux.
Tu as aussi joué dans Mandibules dont la sortie a été reprogrammée à décembre 2020 !
J’ai adoré joué dans ce film de Quentin Dupieux. Il devait sortir le 1er avril, mais il a été reporté à cause du COVID. Le tournage était super, avec Grégoire Ludig, David Marsais, Adèle Exarchopoulos, Roméo Elvis… C’est l’histoire de Jean-Gab et Manu, deux amis simples d’esprit et sans domicile. Ils trouvent une mouche géante vivante coincée dans le coffre d’une voiture et décident de la dresser pour gagner de l’argent avec… Dans ce film, ils vont faire plusieurs rencontres. Quentin Dupieux fédère vraiment, il est très drôle. C’était de loin le tournage le plus cool que j’ai jamais vécu. On tournait à Saint Tropez, on finissait en avance… C’était chill ! L’ambiance était studieuse mais très fédératrice. C’était joyeux, car c’était le premier tournage pour Roméo ! Un film à aller voir donc…
Que dirais-tu aux gens pour qu’ils retournent au cinéma ?
Pour ma part, quand je vais au cinéma, ce que j’aime, c’est le fait que ce soit un endroit avec des gens que je n’aurais jamais rencontré autrement, et qui, à la fin du film, deviennent des amis. C’est ça que je trouve super : l’altérité, l’altruisme.
Crédit photo couverture – India Hair par James Weston.