Derrière chaque parfum, se cache un nez, un récolteur d’odeurs, un magicien des senteurs. On a voulu savoir quel était celui qui se cachait derrière L’Eau d’Issey Pure, le parfum que vous êtes nombreuses à avoir déjà découvert dans la box de décembre. Ce nez, c’est Dominique Ropion…
Devenir parfumeur as-été une évidence pour vous ?
Si la carrière de parfumeur m’apparaît aujourd’hui, et depuis de nombreuses années, comme une véritable vocation, je ne peux pour autant pas dire que cette évidence s’est toujours imposée à moi. J’ai baigné dans ce monde dès mon plus jeune âge, par le travail de mes parents employés chez Roure, une maison de composition dans laquelle je travaillais parfois pendant mes vacances. C’est la rencontre du président de la société Jean Amic, qui aimait dire de la parfumerie qu’elle était un art de la patience et de l’apprentissage, qui m’a permis de comprendre que ma vocation était là.
Quelle formation doit-on suivre pour devenir nez ? Quelle a été la vôtre ?
Comme beaucoup de mes pairs, j’ai commencé mon parcours de nez en école de parfumerie. Là j’ai découvert les matières premières naturelles et synthétiques, leurs nuances, cette musique particulière qui leur est propre et qui ne cesse jamais de m’émerveiller. Au contact des parfumeurs Jean-Louis Sieuzac et Pierre Bourdon j’ai appris comment les unir pour révéler certaines de leurs infinies facettes ou pour créer des parfums entièrement nouveaux. J’ai constitué ma bibliothèque imaginaire d’odeurs, d’accords, et de parfums que j’entretiens encore chaque jour en continuant de chercher et de découvrir de nouvelles matières et des accords inédits. Aujourd’hui encore et jour après jour mon apprentissage continue.
Comment appréhendez-vous la création d’un nouveau parfum pour la Maison ?
L’Eau d’Issey a été un véritable choc olfactif à l’époque de sa sortie : un parfum à l’odeur d’eau pure ! Une idée magnifique, une interprétation olfactive virtuose, qui font de lui un parfum toujours beau et pertinent plus de vingt ans après sa création. C’était donc un superbe défi à relever pour le parfumeur que je suis de proposer ma propre interprétation de cette belle image, de réinventer cette goutte à la fois gracile et présente, sublime et subtile.
Il n’existe pas vraiment de Pinterest des senteurs… Où puisez-vous l’inspiration ?
Partout ! Et avant tout dans la nature elle-même qui reste une source inépuisable d’émerveillement et d’inspiration. Une fleur de jasmin peut raconter un nombre infini d’histoires selon la manière dont on la travaille.
Aujourd’hui, à quoi ressemble l’une de vos journée type ?
Je consacre une grande partie de mon temps au perfectionnement de mes créations pour parvenir à l’équilibre parfait qui saura plaire tout en surprenant. Ces parfums peuvent être des idées nouvelles inspirées par un projet particulier comme c’est le cas pour l’Eau d’Issey Pure, ou bien le raffinement d’esquisses olfactives nées d’inspirations personnelles. Autant que possible je prends le temps de découvrir de nouvelles matières premières ou d’en redécouvrir de plus anciennes pour entretenir mon inspiration et y puiser de nouvelles idées de fragrances.
Comment avez-vous élaboré l’eau de parfum L’Eau d’Issey Pure ?
Je l’ai construite autour d’une colonne marine avec de l’ambregris et une molécule appelée MaritimaTM, développée par IFF pour recréer l’impression d’une brise océanique. Autour de cette colonne aquatique j’ai composé un bouquet floral lumineux de jasmin, de muguet et de rose, en mettant en avant l’impression de pétale gorgé d’eau. En fond le parfum se contraste grâce au cashmeran, une molécule de « bois de cachemire » douce et confortable. L’Eau d’Issey Pure est un parfum à la fois chaud et lumineux, gracile et présent, comme une goutte d’eau réfractant la lumière.
Qu’avez-vous voulu transmettre comme émotions dans cette nouvelle fragrance ?
Les équipes d’Issey Miyake sont arrivées avec une image très belle, celle d’une goutte, suspendue, hors du temps. Je voulais faire de L’Eau d’Issey Pure un véritable instant de grâce, un parfum pur et aquatique, délicat mais présent. Une sorte d’oxymore.
Vous souvenez-vous des parfums de votre enfance ?
Difficile à dire, quand j’étais petit je sentais tout ! J’appréhendais le monde par les odeurs d’avantage que par les parfums. J’ai donc autant de souvenirs olfactifs que de souvenirs.
Quel est votre propre parfum ?
Personnellement je suis un grand amateur d’eaux de Cologne.