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Féminisme et galanterie, qui paiera le restau ce soir ?

À l’heure des campagnes #metoo et #balancetonporc, on est en droit de se demander si la galanterie est encore une bonne chose. Pour la Saint-Valentin, mon mec peut-il me tenir la porte et payer l’addition au restau’ sans que cela soit déplacé ?

Par Le salon des Dames

La galanterie alimenterait l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes…

La galanterie alimenterait l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes, et auraient besoin d’être protégées. Mme de Staël y voyait déjà de « la bassesse » au 18ème siècle mais c’est réellement au 20ème siècle que les féministes commencent à remettre en cause la pratique et à y voir la contrepartie du servage. Simone de Beauvoir dans le Deuxième Sexe l’explique très bien : « Au lieu de leur faire porter les fardeaux comme dans les sociétés primitives, on s’empresse de les décharger de toute tâche pénible et de tout souci : c’est les délivrer du même coup de toute responsabilité. On espère qu’ainsi dupées, séduites par la facilité de leur condition, elles accepteront le rôle de mère et de ménagère dans lequel on veut les confiner. » Et finalement, on enferme les femmes dans « dans les rites d’un savoir-vivre qui entrave toute tentative d’indépendance. »

Cela dit, si les critiques ont été faites, on a maintenu la pratique, par affection, et goût aussi. Qui n’aime pas la galanterie ? Qui ne traite pas de mufle l’homme qui ne vous tient pas la porte ? Il aura donc fallu attendre 2018 et l’affaire Weinstein pour que le terme soit à nouveau remis en cause et questionné plus que jamais.

Alors qu’on milite pour l’égalité des salaires, difficile d’imaginer ne pas payer aussi la note !

L’égalité oui, mais pas à géométrie variable. Si les femmes travaillent et gagnent autant que leur compagnon, elles n’ont plus besoin de se faire inviter. La galanterie renforce bien en miroir un certain machisme. Elle serait même un écran de fumée qui légitimerait l’infériorité des femmes et donc les violences conjugales, l’inégalité des salaires… Puisqu’elle sous entend en filigrane que les filles sont « trop faibles » pour tenir portes et sacs. Trop inférieures économiquement pour s’assumer. Mais alors direz-vous, on va perdre le reste d’élégance qu’il nous reste ?

La galanterie, une affaire de politesse et de bienveillance

Adieu belles paroles, petits gestes et attentions ? Certainement pas. À l’origine, la galanterie a été inventée (au XIIe siècle) pour marquer une différence entre le chevalier et le peuple. Il s’agissait plus de faire preuve de distinction et de politesse pour témoigner de son éducation que de marquer une différence spécifique entre les hommes et les femmes.

La galanterie peut donc exister encore, à condition qu’elle ne marque pas une différence entre les sexes. Elle est par essence une marque de politesse, et l’on peut bien être bienveillant et poli envers tout le monde, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. Autrement dit : les femmes soyez galantes également. Entre filles, entre hommes et femmes, entre amis ou amoureux. En quoi la bienveillance devrait dépendre du sexe d’un individu ?

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