Pas de crise de la quarantaine pour Ibrahim Maalouf mais plutôt une explosion artistique avec 40 Mélodies : son nouvel album sorti pour l’occasion dans lequel il propose, pour la toute première fois en quinze ans de discographie, un duo intimiste avec son ami et collaborateur, le guitariste François Delporte, une revisite de ses titres phares. Ibrahim nous raconte.
Vous fêtez vos 40 ans. Un cap ! Dans quel état d’esprit le passez-vous ?
Je suis serein. Heureux que beaucoup de choses soient enfin rentrées dans l’ordre dans ma vie. J’attaque la quarantaine avec un bonheur non dissimulé. Malheureusement, il y a toujours des choses qui m’attristent, comme la situation au Liban, ou l’état de la culture dans le monde avec le covid. Mais globalement, j’ai la pêche !
Pour l’occasion vous sortez un album de 40 morceaux en référence à vos 40 bougies. La pochette présente une photo de vous enfant. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette photo ?
C’est une photo qui a été prise par ma mère quand j’étais gosse. C’est un souvenir d’enfance, au Liban, heureux. J’avais plein de rêves à l’époque, mais en aucun cas je ne rêvais de devenir musicien. C’est ce qui me trouble aujourd’hui. De me dire que le temps fait un travail assez impressionnant de transformation. Dans mon cas, j’estime qu’à cette époque là, j’étais d’une certaine manière déjà qui je suis aujourd’hui, mais je ne le savais pas encore. Ce miroir du temps me fascine. C’est, entre autres, de ça que parlent mes albums depuis toujours. « Diasporas » c’était mon tout premier album sorti en 2007. C’est un terme qui évoque les peuples qui évoluent à travers l’espace et le temps. Le second album de 2009 « Diachronism », évoque aussi l’évolution à travers l’espace et le temps. C’est un mot géologique. La science m’a toujours passionné. Aujourd’hui, le temps est une notion qui me parle d’autant plus qu’avec les années, on prend conscience de son existence parallèle.
L’un des titres phares de votre nouvel album est Beirut. Comment définiriez-vous le lien que vous entretenez avec le Liban ?
« Beirut » par exemple est typique de ces morceaux qui traversent le temps. Je l’ai composée à mon adolescence. Puis avec le temps cette musique a évolué. D’une simple balade, bien plus tard, je lui ai ajouté un élément de hard rock qui lui manquait et qui re-contextualisait sa création. Et puis finalement, 27 ans plus tard, on m’en parle encore. Je suis touché par cette façon qu’ont certaines mélodies de marquer plus que d’autres. Un peu comme des humains qui vont vous toucher plus que d’autres, et vous influencer dans telle ou telle direction de votre vie. Je suis très proche du Liban. J’y passe beaucoup de temps. Le morceau n’est pas un message à proprement parler, mais c’est une façon de ne pas oublier. De rester proche de la réalité.
Cet album est marqué par une collaboration étroite avec le guitariste François Delporte. Quel ami est-il pour vous ?
François est un musicien magique. À la fois proche de mes idées musicales, il est devenu avec le temps un ami fidèle et fiable. Nous partageons beaucoup de choses musicales et humaines. Et je pense que cela se ressent sur scène. Au delà de la qualité musicale, il apporte beaucoup d’assurance à ma démarche et beaucoup d’humanité à ma musique.
J’aimerais revenir sur deux titres à découvrir dans votre nouvel album. Le premier est celui avec Mathieu Chedid. Qu’est-ce qui vous a touché dans son interprétation ?
Le titre que nous jouons avec Matthieu sur mon prochain album une collaboration inédite puisque Matthieu est uniquement à la guitare. Il ne chante pas. Au delà de son talent de chanteur et d’entertainer, Matthieu est un guitariste incroyable avec une sensibilité particulière. Et j’avais toujours souhaité faire un duo uniquement instrumental avec lui ! C’est chose faite.
D’autres artistes vont ont entouré pour cet album et notamment Sting. Comment vous-êtes vous rencontrés ?
Avec Sting c’est une histoire longue et pleine de symboles. La première fois que je l’ai croisé, c’était lors d’un opéra rock à Paris. Sur scène il s’est passé des choses sublimes, et à la fin de l’opéra, il est venu me dire qu’il souhaitait que je joue sur son prochain album. Depuis, régulièrement il m’invite à ses côtés. L’une des fois les plus importantes fût lorsqu’il m’a demandé d’être à ses côtés pour la réouverture du Bataclan. C’était un jour historique, fort. Et ce moment nous a encore plus rapprochés. C’est un musicien incroyable. Ce qu’il fait sur mon album est absolument unique. Et lui aussi, c’est la première fois qu’on l’entend en soliste à la guitare.
Après la sortie de cet album aux 40 titres, avez-vous encore quelques morceaux qui dorment dans vos cahiers d’écriture….
Bien sûr ! J’ai tellement de musique à développer, que je ne sais plus par où commencer. C’est incroyable. Je me suis rendu compte aussi que malgré les difficultés de la vie, parfois l’inspiration est d’une force implacable qui a raison de tout. Heureusement d’ailleurs car sans la musique, je ne sais pas ce que j’aurais fait.
Quel morceau de votre album nous conseillez-vous d’écouter ce soir, pour déconnecter ?
Si c’est parmi mes musiques, je dirais « Beirut » en version duo avec François qui est disponible sur youtube et sur les plateformes. Et si c’est en dehors de mes musiques, je conseille les inventions de J.S Bach. Moi ça me fait voyager…
Illustration Hilaire Baud.
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