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Laurie Peret : « J’ai 40 ans, c’est l’heure de se casser la gueule ou de transformer l’essai »

Décapante, badass, vulgrôle (on a inventé un mot pour l’occasion : une contraction de vulgaire et drôle), Laurie Peret est de retour sur scène pour un 2ème show « A bientôt quelque part » dans lequel l’artiste, qui vient de fêter ses 40 ans, se met à nue : quittant son personnage de maman godiche débordée du premier spectacle, Laurie se présente sans artifice cette fois-ci en tant que femme, seule, quarantenaire, addicte aux mecs toxiques et au CBD. Dans un spectacle aux touches musicales, cette « féministe qui dessert la cause » raconte son quotidien fait de catastrophes divertissantes dont elle est l’unique responsable. Un spectacle confession dans lequel Laurie dévoile aussi l’histoire de sa naissance, une blessure qu’elle guérit sur scène… Rencontre.

Laurie Peret, ton spectacle est le cri du cœur d’une femme qui fête ses 40 ans : comment te sens-tu Laurie ?

Je me sens incroyablement bien ! Je trouve que c’est la première fois qu’une date d’anniversaire me fait un truc. 20 ans, 30 ans, je n’ai jamais trop sacralisé les choses… Là, ca y est, on me prend au sérieux, je suis une dame. Je me sens au mieux de toutes mes capacités.

Tu dégages une énergie folle du début à la fin de ton spectacle : c’est quoi le secret de cette pêche d’enfer ?

Je suis de nature très traqueuse, mais c’est amusant car pour ce spectacle, je vis mon traque absolument différemment. Je pense que cela tient au fait que je suis passée productrice de mon spectacle : jouer est devenu ma récréation !

Avant de monter sur scène, j’ai toujours l’impression que je vais voir des potes à qui j’ai une bonne vanne à raconter.

Laurie peret, pour le prescripteur

J’ai trop hâte d’aller voir le public. Ca crée vraiment une énergie d’excitation qui ne me quitte pas, parce que je me marre dans mon propre spectacle ! Je répète au public pendant 1h20 combien je vais bien, alors que je raconte toutes les petites merdes qui m’arrivent au quotidien. Je ne veux pas vendre la mèche de ce qui est vrai ou non dans le spectacle, je préfère que les gens s’imaginent eux-mêmes…

Dans ce deuxième spectacle, tu décides de te présenter. Pourquoi ce besoin de te mettre à nue avec ton public ?

Après mon premier spectacle, j’ai eu a peur de la page blanche.

Laurie Peret, pour le prescripteur

Il y avait une sorte d’attente du public et je me suis demandée ce que j’allais raconter. Un pote m’a dit un jour : « Bah ta life ». C’est venu comme une évidence, même si j’ai un peu hésité au début : je m’imaginais dire « Moi je » sur scène. Et puis en y réfléchissant, ce n’est pas tant égocentrique. Plus je raconte ma vraie life, plus ça intéresse les gens. Je suis contente d’avoir réussi à passer ce step, et je souhaite rester authentique.

Ton public a l’air particulièrement proche de toi, ils te posent des questions à la fin de spectacle, quand tu leur en donnes l’occasion. Ressens-tu également cette proximité particulière ?

Oui je la ressens et elle m’a beaucoup étonnée au début. Des gens du public attendent parfois des heures pour faire une photo avec moi à la fin de mon spectacle, alors que je n’ai pas encore une si grande notoriété ! Mais je pense qu’ils sentent une certaine proximité : je raconte une vie qui est une peu la leur : le célibat, les galères des infections urinaires, le quotidien des mamans…

Bien sûr, je me suis embourgeoisée, j’ai moins de galère qu’avant et je le raconte sur scène. Mais je sais d’où je viens, je vais toujours faire mes courses chez Action, et je pense que mon public le ressent !

Laurie peret, pour le prescripteur

Laurie Peret – Crédit photo Olga Gasnier

On sent qu’il est question à la fois de la femme mais aussi et beaucoup de la mère que tu es. Tu joues d’ailleurs avec l’image de la mère indigne : est-ce pour mieux démonter les injonctions que peuvent subir les mamans ?

Oui absolument et je me permets de le faire parce que justement je ne suis pas irréprochable, bien au contraire. Dans l’intimité, je suis une mère fragile : je suis débordée par ce rôle, je sais pas cuisiner, je suis mongole de ma fille, je déborde d’amour…

Je fais partie d’une groupe WhatsApp de copines mamans, on s’échange des tuyaux quand on a une galère.

En tant que mamans, on est toutes des Desperate Housewives, et on passe sans cesse d’un personnage à l’autre.

Laurie Peret, pour le prescripteur

Dans mon spectacle, je mets le point sur des sujet pas avouables, et ça fait du bien. Même quand tu fais de ton mieux, tu fais de la merde, et ça décomplexe.

Je te donne un exemple que je ne raconte pas sur scène mais ma fille voulait fêter son anniversaire à l’école, j’avais récupéré un gâteau chez ma belle mère parce que je ne sais clairement pas cuisiner, j’ouvre la boîte le soir et je réalise qu’il manque une part et qu’un connard en a mangé une… Je me suis retrouvée à essayer de cuisiner un gâteau mauvais pour son anniversaire…

Autre moment gênant, ma fille était la seule de l’école avec un jogging le jour de la photo de classe parce que je l’avais habillée à l’arrache ce matin-là. J’ai eu besoin qu’on me tape dans l’épaule en me disant : c’est pas grave, demain est un autre jour.

Laurie Peret, pour le prescripteur

Tant que nos enfants ne manquant pas d’amour et d’un minimum de cadre, tout va bien.

Tu dis être féministe et desservir la cause, pourquoi ?

Parce que j’ai eu des relations avec des mecs pas faits pour moi, mais ce sont mes choix, je n’ai rien subi, et je ne veux pas que ce que je raconte dans mon spectacle desserve les débats et les combats essentiels qu’il y a aujourd’hui contre les violences sexistes, sexuelles, conjugales…

Le dernier sujet que tu abordes dans ton spectacle, est très fort : tu parles des circonstances de ta naissance et c’est à la fois une confession de ta part, mais aussi un dévoilement du secret de ta maman. Comment as-tu cheminé jusqu’à cette confession ?

En fait, j’ai fait un passage sur Quotidien, et l’émission a buzzé car j’évoquais l’histoire de ma naissance, et le fait que je n’ai jamais ressemblé à ma famille. C’est la première fois que j’en parlais. J’étais très mal à l’aise et j’ai appelé ma mère pour savoir ce qu’elle en pensait. Elle a prononcé la meilleure réponse qu’une maman pouvait faire à sa fille en me disant : « J’ai fait mes choix à une époque où l’on n’avait pas toutes les clefs. Cette histoire, c’est aussi la tienne, je t’accompagne. »

Pour mon spectacle, je lui ai dit que j’évoquais le sujet et je lui ai demandé son aval. Tout comme pour ma fille, ma famille n’a pas demandé à être sur le devant de la scène : je ne veux pas les mettre dans une posture embarrassante.

Il y a des sujets que je verrouille en interview, je ne souhaite pas parler de mes parents par exemple, pour les protéger. Je ne suis plus très proche du papa qui m’a élevée : ils ont conçu un enfant avec les moyens qu’ils avaient, cette fabrication génère des choses chez moi et c’est ce ressenti que j’ai envie de partager, pas leur histoire.

Laurie Peret, pour le prescripteur

Laurie Peret – Crédit photo Olga Gasnier

Quels retours as-tu déjà reçus sur ton spectacle de la part de ton public ?

Je reçois une vague d’amour. Il y a quelques jours, une nana m’a envoyé un message en me disant : « J’étais au bout de ma life avant de voir ton spectacle, et ce matin, je me suis levée en voulant enculer le monde ! ». Ceux qui vont lire ça vont se dire que c’es très vulgaire, mais ça donne bien le mood du spectacle ! (rires)

Tu aimes faire des petits goodies pour tes fans : lesquels as-tu créé cette fois-ci ?

J’ai créé un bug avec inscrit « BALEC » qui résume ma nouvelle technique de développement personnel. Je prépare la sortie d’une bougie parfum « J’m’en bats le couilles ».

Je ne veux pas que ce merchandising soit pris pour une démarche mercantile : pour l’instant il me permet surtout d’inviter mon équipe de tournée à boire un verre après le spectacle ! A termes, j’ai envie de monter quelque chose pour les femmes en galère. J’ai envie de rendre ce qu’on me donne en ce moment.

Laurie Peret, pour le prescripteur

Tu disais plus haut que tu as décidé de produire toi-même ton spectacle cette fois-ci, pourquoi ?

Je suis devenue productrice de mon spectacle parce que sur une tournée, il y a toujours des merdes de faites, et je crois qu’à 40 ans, j’avais envie que ce soit les miennes ! Et ça me donne énormément de confiance en moi.

Laurie Peret, pour le prescripteur

J’ai eu peur car c’est très vertigineux en termes de charge mentale, mais je suis très bien entourée, et ça me donne énormément d’assurance. C’est maintenant ou jamais. Je ne m’interdis pas que demain les choses prennent de l’ampleur et que je donne les parts de production à quelqu’un d’autre. Mais j’ai 40 ans, c’est l’heure de se casser la gueule ou de transformer l’essai, et je pense que je m’en sors pas trop mal !

Retrouvez Laurie Peret sur scène à La Nouvelle Eve jusqu’au 30 mars à Paris, puis en tournée pour son spectacle « A bientôt quelque part »

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