Il paraît que les Français sont les premiers consommateurs de livres, surtout en période de fêtes ! Alors pour faire honneur aux statistiques, on vous « livre » (ho, ho, ho) notre sélection des 6 plus beaux livres à offrir samedi prochain…
Le mystère de Jean l’Oiseleur de Jean Cocteau
Editions des Saints-Pères, 2 volumes, 149 euros.
Ces éditions sont déjà une merveille en soi. Imaginez plutôt : des reproductions luxueuses de manuscrits originaux de grands textes de la littérature enfin à portée de regard et… plus si affinités. Créées en 2012 par la romancière Jessica Nelson et Nicolas Tretiakow, les éditions des Saints-Pères ont ainsi sorti de la naphtaline Les Fleurs du mal de Baudelaire, Madame Bovary de Flaubert ou le scénario original du Mépris de Godard… Pépite de ce mois de décembre : un album de 31 autoportraits de Jean Cocteau dessinés en 1924, juste après la mort de Raymond Radiguet son amant. Le poète, terrassé par le chagrin, soigne son malheur à coup d’opium et se dessine. Sa gestuelle introspective et répétitive interroge la mort et la création dans ce qui reste comme la plus intime et la plus bouleversante de ses œuvres. Tirage limité et numéroté de 1 à 1000.
L’instant parisien
40 ateliers d’artistes comme à la campagne à Montmartre, ça existe vraiment ? Une brodeuse japonaise, une dame de 89 printemps qui a connu Pablo (Picasso), Robert (Doisneau) et Henri (Matisse) ; des jumelles au roux flamboyant flânant rue Charonne et photographiées par le New York Magazine ; ces chroniques cosmopolites de la vie parisienne vous enchanteront par leur côté rêveur, vous étonneront par leurs découvertes singulières et vous feront voir la capitale française comme vous ne l’avez jamais vue. Des portraits au long cours, des lieux cachés, interdits ou simplement préservés des regards blasés. Derrière ce magazine qui se caresse tel un livre d’art, on trouve un couple de passionnés : Laurence, la plume, et Fabrice, l’œil photographique. De la version numérique aux exemplaires papier, il leur aura fallu 4 ans de maturation. Résultat impeccable, curieux, chic et bien dans l’air du temps de la slow life. Alors faites fi de vos habitudes, prenez le temps de lire !
Revue semestrielle bilingue (anglais-français) de 216 pages, 20 euros. En vente en ligne sur www.linstantparisien.com et dans certaines librairies.
28 bêtes : chant d’amour de Marie NDiaye (texte) et Dominique Zehrfuss (dessins)
Gallimard, 64 p., 18,50 euros.
Un poème au long cours par l’une de nos plus brillantes plumes. Marie NDiaye prouve qu’elle peut décidément tout écrire. Théâtre, fiction, essai, poésie… sa prose se déclame, se murmure, se relit en boucles. Le long de cette récréation animalière, du zèbre à la girafe, du rhinocéros au singe, la narratrice chante son désamour, fait son introspection mélancolique et énervée et dit adieu à l’être aimé. « Comment t’avouer que je ne savais plus t’aimer ? » « Il avale, le serpent, toute chose entière dans sa misère / Et je me tenais là sèchement mise à nu. » L’illustratrice et écrivain Dominique Zehrfuss (Madame Modiano à la ville) donne à ce bestiaire des accents baroques et ésotériques, plaçant le voyage et les songes au cœur de ses créatures. Un pas de deux, où le dessin répond aux mots et fait surgir un monde imaginaire.
In Conversation with Today’s Artists – Reflections by Matt Black
Assouline, 224 p., 80 euros.
Quel artiste a dit : « Je veux faire l’expérience de la transcendance et partager cette expérience. »* ? Et quel autre avoue n’avoir qu’une obsession : « Saisir le temps et le placer sous une lame de microscope »** ? De 2011 à 2016, le cinéaste Matt Black répond à une commande de la plateforme vidéo Nowness (qui appartient au groupe LVMH) : interviewer face caméra les acteurs majeurs de l’art contemporain. Parmi les 21 artistes choisis, on trouve les plasticiens Jeff Koons, Banks Violette et Damien Hirst, le photographe JR, le dessinateur Robert Longo, le sculpteur et peintre José Parlá, le graffeur KAWS, la performeuse Taryn Simon en passant par le peintre Rostarr… Le livre est la version papier de ces conversations libres et foisonnantes. Un fascinant exercice de maïeutique illustré par des créations et des portraits des artistes dans leur atelier.
*Jeff Koons
**Dustin Yellin
Miami par Guy Bourdin
Collection Fashion Eye, Maison Vuitton, 50 euros (le coffret des 5 livres à 350 euros en édition limitée).
Depuis sa création en 1854, Louis Vuitton a érigé le voyage en art. Fashion week oblige, le célèbre maroquinier devenu aussi créateur de mode innove avec une nouvelle collection « Fashion Eye ». La star ? Une ville, une région ou un pays espionné par un photographe de mode. Chez Prescription Lab, nous avons flashé sur la couverture bleu turquoise de Miami vue par Guy Bourdin : lumière métallique, cadres tranchants et couleurs ultra contrastées. Envoyé en Floride à la fin des années 1970 par Vogue et Charles Jourdan, l’artiste signa des clichés d’une modernité incroyable, ultra sophistiqués au fort potentiel érotique. Yeh ! Les eighties font leur comeback. Glamourissime !
Dans les champs de Chanel À Pégomas, en pays de Grasse de Lionel Paillès (textes) et Pierre Even (photographies)
La Martinière, 6 livres sous jacket, 100 euros.
Cela commence comme un roman de Marcel Pagnol : « Au cœur de la Provence, non loin de Grasse, se cache la vallée de Pégomas où la famille Mul cultive des fleurs pour la parfumerie depuis plusieurs générations. » Et se termine comme un conte de fée : « A l’abri des regards, s’étendent des champs de plantes à parfum d’exception, qui donnent naissance aux parfums Chanel. » A trop se pencher sur les lumineuses photos des cueilleuses, on risque de se piquer à la rose centifolia, de s’évanouir dans le jasmin de Grasse (N°5), de humer avec ravissement la tubéreuse, le géranium rosat et l’iris pallida. Le secret olfactif de Mademoiselle ? De l’amour, des techniques ancestrales et quelques gouttes de science.