La sorcière version XXIème fait un retour fracassant. Exit le balais, le chaudron, les cheveux filasses, la néo sorcière joue la carte du féminisme, de l’écologie, soigne son image, se passionne pour l’ésotérisme, les cycles de la lune, les plantes médicinales, tout en restant ferme sur ses principes : vivre libre, indépendante et en dehors des contraintes du monde patriarcal.
Un peu d’histoire !
« Qu’elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout » dixit Mona Chollet journaliste au Monde Diplomatique*. Elle signe un ouvrage magistral sur le retour de la figure de la Sorcière. Un livre qui a le mérite de torde le cou à beaucoup de clichés et d’appeler un chat un chat. Historiquement parlant, la chasse aux sorcières connue son apogée entre le XVIème et le XVIIème, et fût en réalité un immense mouvement misogyne conduisant entre 50 000 et 100 000 femmes au bûcher, sans compter les lynchages. Une persécution menée en pleine Renaissance, et non dans l’obscure Moyen Age, des condamnations prononcées principalement par des tribunaux civils et non religieux. Enlaidie, diabolisée, la sorcière a trop longtemps servie de repoussoir efficace pour lutter contre le pouvoir féminin.
Qu’elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout.
Qui sont les sorcières du XXIème siècle ?
« Tremblez, tremblez les sorcières sont de retour » scandaient les féministes italiennes dans les années 70. « Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n’avez pas brûlé » reprenaient en cœur les américaines. Au XXIème siècle, la sorcière moderne est toujours aussi engagée dans le mouvement de libération des femmes, mais elle a aussi pris le flambeau de l’écologie. Qui sont les néo-sorcières ? « Ce sont des femmes en immersion. Des femmes qui ont du mal à faire semblant. Insoumises, dérangeantes, incandescentes, loin du folklore et des clichés, elles sont porteuses d’un savoir riche et multiple, de ceux dont on fait les tabous, car il dérange et bouscule tout .» explique Odile Chabrillac naturopathe*. Aujourd’hui, les sorcières envahissent les réseaux sociaux, elles vivent en phase avec le cycle de la Lune, se passionnent pour les Tarots, montent des thèmes astraux, ne jurent que pour le pouvoir des plantes ou des pierres. Elles tirent les cartes sur Instagram, postent leur collection de cristaux, créent des box et des kits, ouvrent des eshop spécialisées. Bref, elles cartonnent sur la toile et drainent un nombre impressionnant de followers.
Ce sont des femmes en immersion. Des femmes qui ont du mal à faire semblant. Insoumises, dérangeantes, incandescentes, loin du folklore et des clichés, elles sont porteuses d’un savoir riche et multiple, de ceux dont on fait les tabous, car il dérange et bouscule tout.
Mouvement ou tendance ?
Les deux mon général ! La pieuvre marketing n’a évidemment pas loupé l’effet Sorcière. En 2015, le bureau de style new yorkais K-Hole publiait un rapport qui annonçait l’émergence de cette tendance baptisée « Chaos magic ». Une prédiction basée sur les nouveaux codes produits par les Milleniums, à savoir le refus du conformisme, du diktat des marques, leur envie de donner un sens à leur vie et leur consommation. Tout cela n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et les marques se sont emparées du phénomène. Les podiums regorgent de clins d’œil ésotériques. La marque de cosmétique Fresh lance des savons pour chaque signe du Zodiaque, idem côté make up avec la marque Luminess Air qui sort des palettes de maquillage ornées de cartes de Tarot ou My Sign collection qui décline ses eyes shadow selon votre signe astrologique. Sephora et la marque Pinrose lance un « Witch starter kit » (pas encore disponible en France). Pour les fans de box, My Goddess provision (6000 abonnés) vous envoie tous les mois une sélection de bougie, cosmétique, guide lunaire et autres goodies pour 33$ par mois, rajoutez 25$ de port pour la France. Encore un peu cher ? Allez jeter un coup d’œil sur le site de Célia et Julie www.womoon.fr pour trouver de jolis kits Nouvelle Lune en direct de Nantes.
Les réseaux sociaux sous le charme !
Tapez Witchcraft sur Etsy et vous aurez plus de 28 000 occurrences pour dénicher grimoires, pierres, tarots et autre produits homemade. Sur Instagram, si l’envie vous prend de vibrer en mode sorcière, trouver l’inspiration ou tout simplement vous informer, le hashtag #withchesofinstagram possède environ 11,8 K de followers, pour #witchcraft vous récoltez plus de 2,2 millions de publications. Bienvenue dans Harry Potter land, les images sont admirablement mises en scène, pas doute cela fait rêver !
Nos comptes Insta chouchou : @lolillewitch, @speciesbythethousand, @coppermoon, @thevanmystic @womoon
Envie de shopper ?
Pour dénicher les trucs les plus cool, il faut tourner son regard outre-Atlantique et plus particulièrement vers la Californie, où la witchmania concurrence sérieusement le New Age. Mais pas que, nous avons aussi trouvé deux petites frenchies fort talentueuses. Notre top 5 !
La plus complète : www.speciesbythethousands.com,
La plus lunaire : www.lovebyluna.co,
La plus halloween www.burkehareco.com,
La frenchy déco et diy : on craque pour les créations (céramiques, tissages, smudge etc) de Coralie sur www.singularmoon.com
La frenchy arty : on craque pour les aquarelles et peintures énergétiques de Claire sur www.etsy.com/fr/shop/Clairdelunefr
La sorcellerie version papier
La presse papier n’est pas en reste, les articles se succèdent, les titres aussi !
Le petit nouveau en français : Druideesse
Il est sorti le 24 septembre en l’honneur de l’équinoxe d’automne et du solstice d’hiver. « Druidéesse » est un mook semestriel dédié à ceux et celles qui ont envie de se reconnecter à la Terre Mère. Marie Cochard journaliste et auteure green, nous raconte la philosophie de ce magazine. «Druidéesse est la contraction de Druide et de Déesse, la complémentarité du masculin et du féminin. Le mot Druidéessee propose de renouer avec une certaine sagesse, notamment grâce des traditions anciennes : druidiques, amérindiens… Le magazine s’inscrit, de fait, dans cette mouvance grandissante du retour de la figure de la « sorcière », parce qu’il invite les femmes à plonger au cœur d’elles-mêmes, à voyager dans leurs profondeurs, via les saisons (le magazine paraissant aux équinoxes)… sans pour autant mettre les hommes de côté. S’il est un féminin sacré, il est également un masculin sacré, qu’il convient également de célébrer et d’honorer ! Et s’il ne s’agit pas de sorcellerie et de magie à proprement parler, se transformer et transformer le monde relève tout de même du miracle aujourd’hui ! La magie, c’est à mon sens, dans un premier temps, se réapproprier des savoirs essentiels : les vertus des plantes, des herbes, des pierres, l’énergie de chaque saison qui nous enseigne notre propre cyclicité, ce pourquoi, les 3 rubriques du magazine, recettes, remèdes et rituels apparaissent comme 3 portes d’entrées. »
L’historique made in France : Horoscope Magazine
Il parle d’astro mais pas que. Depuis plus de 60 ans, il nourrit nos connaissances en astrologie, en tarologie et en ésotérisme. Il vient de faire peau neuve tout en gardant une grande exigence éditoriale. Il propose dans un cahier pédagogique des cours d’astrologie, de tarots.
* Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, éditions Zone, **Ame de sorcière ou la magie du féminin, Odile Chabrillac, Solar
Photo de couverture @Lindsey Thornburg
[…] et auteure de l’ouvrage Âme de sorcières ou la magie du féminins (Solar) nous présente les néo-sorcières. « Elles ne sont pas ce que l’on croit, car, dans le monde de la magie, cela ne se passe pas comme […]