Son nom ne vous dit peut-être (encore) rien, et pourtant Nathan Ambrosioni est un jeune prodige du cinéma français. Sélectionné lors de la Semaine du Cinéma Positif au Festival de Cannes pour son premier film Les Drapeaux de Papier, Nathan peut être fier d’avoir convaincu à seulement 17 ans Noémie Merlant d’incarner Charlie, l’un des deux personnages principaux. Produit, réalisé et monté par lui, Les Drapeaux de Papier raconte l’histoire d’une sortie sèche de prison après 12 ans de rétention. Un drame remarquablement mené par le jeune réalisateur qui travaille déjà sur son second long métrage. Rencontre.
Tu es un autodidacte complet. Comment as-tu découvert le cinéma ?
J’ai découvert le cinéma quand j’avais 12 ans après avoir regardé un film d’horreur. J’ai réalisé que le cinéma pouvait être complètement fascinant car il suscite des émotions extrêmement fortes ! Dans la foulée, à mes 13 ans, j’ai vendu tous mes jouets pour m’acheter un camescope et tourner des films d’horreur avec mes amis. L’amusement est devenu une envie d’en faire mon travail.
Noémie Merlant m’a dit « Si tu fais ce film, je serai Charlie ». Ca m’a bouleversé qu’elle accepte.
Comment as-tu réussi à convaincre Noémie Merlant de tourner ce premier film avec toi ?
Après une avant-première du Ciel Attendra, je me suis approché de Noémie pour lui tendre mon scénario. Je lui ai dit que j’avais écrit ce film pour elle. Elle ne m’a pas trop prise au sérieux, je venais d’avoir 17 ans et cela se voyait sur mon visage ! (rires) Elle a été sympa car elle a pris mon scénario mais j’étais convaincu qu’elle ne me rappellerai pas. Un mois plus tard, mon téléphone a sonné, elle m’a dit que le scénario lui avait beaucoup plu et elle souhaitait me rencontrer. Elle m’a posé plein de questions et je pense qu’elle a apprécié mes réponses car elle m’a dit « Si tu fais ce film, je serai Charlie ». Ca m’a bouleversé qu’elle accepte. Pour Guillaume Gouix, ca s’est fait de manière plus encadré car Noémie et lui avaient le même agent. Je reconnais ma chance d’avoir eu des acteurs aussi talentueux.
Tu traites d’un sujet grave qu’est la sortie sèche de prison. Pourquoi t’être tourné vers ce scénario ?
J’avais 17 ans et j’avais très envie de parler de la liberté. Je suis tombée sur un portrait d’un ancien détenu qui parlait de sa sortie sèche. Je me suis retrouvé dans ses mots sur la liberté. Je suis parti de ce sentiment personnel pour réaliser un film qui ne me concerne pas, c’était important pour moi de garder une certaine distance et de m’effacer du scénario.
Tu as réalisé, monté et écrit ce film ! Comptes-tu lâcher l’une de ces casquettes pour ton prochain film ?
Produire, ce n’est clairement pas mon truc ! (rires) Je n’ai pas réussi à laisser le montage à quelqu’un d’autre pour Les Drapeaux de papiers, mais si je trouve un excellent monteur pour mon second film, pourquoi pas ! En revanche je ne lâcherai jamais l’écriture. Pour mon second film, je réalise un travail de co-écriture, donc petit à petit je m’entoure.
On est très tenté de te comparer à Xavier Dolan. Est-il un exemple pour toi ?
C’et quelqu’un qui m’inspire énormément. J’ai adoré son film présenté à Cannes, Matthias et Maxime. Quand j’ai découvert son film Mommy, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas d’âge pour faire un film. C’est un cinéaste dont j’ai vu tous les films. J’espère avoir l’occasion de le rencontrer et parler de cinéma avec lui. (rires)
Tu évoquais l’écriture de ton second film…
J’ai la chance d’avoir Hugo Sélignac de Chi-Fou-Mi Production qui est dans une belle énergie et qui a aimé le scénario. On a un super casting absolument réjouissant ! Mais comme je suis superstitieux, je ne t’en parle pas encore… J’ai l’impression que cela avance bien et d’être reconnu, toutes proportions gardées. On me laisse faire ce que je veux. Je suis très reconnaissant de toutes les personnes qui m’accompagnent.
Elle ne se reconnait pas dans les schémas féminins qu’on lui impose, elle se demande si elle est une femme et s’interroge sur sa féminité.
Le thème de ton film est très féminin !
C’est l’histoire d’une jeune fille qui a ses règles pour la première fois à 17 ans, donc assez tard. Sa mère a tellement voulu la garder petit ange et petite fille qu’elle vit cela comme un événement traumatisant, qui arrive trop tard et trop vite. Elle ne se reconnait pas dans les schémas féminins qu’on lui impose, elle se demande si elle est une femme et s’interroge sur sa féminité.
J’espère que la critique n’écrira pas qu’il s’agit d’un « portrait de femmes » mais que cela parle d’humains, tout simplement. On ne dit jamais d’un film avec deux personnages principaux masculins qu’il s’agit d’un « portrait d’hommes » !
C’est beau de voir un homme s’emparer d’un sujet féministe !
On dirait que faire un film sur une femme, c’est quelque chose de presque mystique, c’est dingue ! Le film est féministe dans son propos et je trouve bien qu’il ne soit pas forcément réalisé par une femme ! J’espère que la critique n’écrira pas qu’il s’agit d’un « portrait de femmes » mais que cela parle d’humains, tout simplement. On ne dit jamais d’un film avec deux personnages principaux masculins qu’il s’agit d’un « portrait d’hommes » !