Beaucoup connaissent Nicolas Maury sous les traits d’Hervé dans la série Dix Pour Cent. Pourtant, cela fait bien longtemps qu’il flirte avec la scène et les tournages. Nicolas a commencé le théâtre à 16 ans (il en a 42 aujourd’hui), tourné dans des films d’auteur, populaires, et continue de nous étonner avec… la sortie prochaine de son tout premier album prévu pour 2023 ! De sa voix claire et presque fragile, il nous embarque dans un univers dont lui seul connaît la chanson…
Beaucoup t’ont découvert dans la série Dix Pour Cent. Comment t’es-tu retrouvé dans ce casting déterminant pour la suite ?
Déterminant pour l’extérieur, c’est vrai, mais pas pour moi ! On ne retient que les choses populaires et visibles, mais j’ai commencé le théâtre à 16 ans, j’ai tourné dans beaucoup de cinémas d’auteurs, populaires… À vrai dire, quand on a reçu le casting, mon propre agent ne voulait pas que je le fasse car il trouvait le rôle d’Hervé un peu sous écrit. Peu de gens croyaient en Dix pour Cent avant sa sortie. Je me suis dit, tiens, je n’ai jamais fait de télé ! Je me suis lancé. C’était un pari car sur le papier, Hervé a 25 ans, j’étais plus vieux que lui. J’ai fait un premier essai, l’été est passé et on m’a rappelé.
Stylisme Dior
Tu t’es lancé dans la réalisation avec Garçon Chiffon sorti en 2020. Peux-tu nous décrire ce que tu voulais raconter à l’écran ?
J’ai voulu réaliser un film de guerre intime. Je voulais faire vivre un personnage masculin qui n’était pas dans les codes usuels. Il y a un profil type de l’homme français, de l’acteur français, que j’ai voulu dégommer. C’est mon soldat de la fragilité. Je voulais faire un Jérémie à la croisée des chemins, il ne me ressemble pas vraiment : c’est quelqu’un de très perdu, de très abattu, qui va recoller les morceaux de ses origines, de ses liens à sa mère et de son père absent. Je voulais aussi montrer combien il est difficile d’aimer un homme, et permettre à d’autres hommes ou femmes, jeunes ou moins jeunes, de se retrouver dans ces personnages.
Le covid étant passé par là, ton film n’a pas pu vivre longtemps dans les salles de cinéma à cause du second confinement. Comment l’as-tu vécu ?
J’ai eu un soutien extraordinaire jusqu’à sa sortie, mais on ne va pas se mentir : le cinéma se remet très mal de ce confinement. Bizarrement, c’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de l’album. J’ai un côté très résilient !
Stylisme Dior
La chanson est-elle une évidence ou un concours de circonstance ?
Je me compare souvent à un pied de vigne contre une maison. Il pousse contre le mur, il prend des embranchements, mais le pied est toujours le même.
Nicolas Maury
Je crois que je fais les choses inconsciemment : il y a quelque chose qui chante chez moi depuis longtemps. Après l’interprétation du générique de Garçon Chiffon, j’ai proposé à Olivier Marguerit de travailler sur un album. J’avais envie, non pas d’être sa muse, mais son museau ! (rires) Normalement, une muse ne demande pas à l’être… et Olivier a tout de même été inspiré. On a pensé aux albums de Gainsbourg pour Isabelle Adjani, ou Berger pour Françoise Hardy ou France Gall…
Jouer, est-ce pareil que chanter ?
Être chanteur, ça ne peut pas être un rôle. Quand tu chantes, tu ne peux pas jouer, tu dis la vérité, tu dis ce que tu ressens.
Nicolas Maury
En cela, c’est très nouveau pour moi, et très challenging ! (rires)
Ton timbre de voix est unique et on le retrouve parfaitement dans tes chansons…
C’est vrai ! Ceux qui ne supportent pas ma voix ne vont pas supporter ma musique !
Nicolas Maury
C’est un album intime que tu nous livreras, notamment avec la chanson “Porcelaine de Limoges” dans laquelle tu évoques le petit garçon que tu étais…
Oui, c’est une chanson qui m’émeut. C’est comme si je regardais l’enfant que j’étais. J’ai glissé un secret dans cette chanson : petit, je ne savais pas qu’on pouvait jouer pendant la récréation ! Je restais assis tout seul jusqu’à ce qu’on m’explique qu’on pouvait s’amuser avec ses amis. Je raconte ces souvenirs qui m’ont marqués. Parfois, on oublie quand on grandit de prendre l’enfant qu’on était dans les bras. C’est une chanson pour se pardonner.
Stylisme Dior
L’amour est un thème récurrent de ton futur album, pourquoi ?
Je vibrais et vivais une relation à l’époque de son écriture qui m’a beaucoup appris. C’était une relation épisodique, quelqu’un qui avait quelqu’un d’autre dans sa vie avec les problèmes moraux que cela causait en moi… Je voulais m’autoriser à chanter mon amour, mon manque d’amour, mais toujours mon désir d’amour.
Comment gères-tu l’émotion sur scène ?
Je travaille avec Nathalie Dupuy, coach à The Voice, qui m’apprend beaucoup sur moi-même car il y a une dimension psychanalytique de la voix.
Entre musique et cinéma, ton coeur balance de quel côté ?
J’ai envie que tout se nourrisse ! À partir de novembre et jusqu’en février, je serai sur scène pour l’album. Le hasard heureux fait que j’ai aussi de beaux projets d’acteurs pour le cinéma et le théâtre l’année prochaine ! C’est cette continuité en douceur et en délicatesse que j’essaie de donner.
