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Allaiter dans les espaces publics : la campagne choc de Tajinebanane

Janvier 2021, une maman allaitant son bébé à Disneyland Paris est empêchée par les agents de sécurité du parc. Janvier 2022, une mère est contrainte d’allaiter dans sa voiture, sur une aire d’autoroute, après s’être vue refuser une place dans un restaurant. Juin 2022, un agent du musée du Louvres intervient et somme une maman de cesser d’allaiter son bébé car « cela pouvait déranger une partie des visiteurs ». Autant d’exemples qui font les gros titres, sans citer les micro-agressions du quotidien que subissent nombres de mamans allaitantes par méchanceté, maladresse ou simple désinformation. C’est pourquoi Alison Cavaillé, fondatrice de Tajinebanane, lance une campagne sauvage à Paris, Marseille et Bruxelles pour éduquer, promouvoir et soutenir la liberté d’allaiter.

Ce n’est pas moins de 8000 affiches qui vont s’étaler sur les murs de Paris, Marseille et Bruxelles à l’occasion de la Semaine Mondiale pour l’Allaitement Maternel (SMAM) qui se tient du 17 au 23 octobre. Leur message ? Interpeller sur la normalité du quotidien de centaines de milliers de femmes allaitantes et la brutalité de remarques qui ne peuvent plus être acceptables, ni acceptées. Rencontre avec Alison Cavaillé, fondatrice de Tajinebanane, militante presque malgré elle…

Quand tu as créé Tajinebanane, tu souhaitais rendre plus pratique l’allaitement avec des vêtements adaptés. Tu ne pensais pas du tout mettre le doigt sur un sujet encore tabou en France…

Oui, aujourd’hui j’ai mis les pieds dans une fourmillière ! En créant une communauté avec Tajinebanane, je me suis rendue compte qu’il y avait une vraie souffrance. Personnellement, je n’ai jamais souffert de remarque sur l’allaitement, et d’ailleurs je ne suis pas accro à l’idée-même d’allaiter, chaque femme fait ce qu’elle souhaite. Mais j’ai été surprise des nombreux témoignages que je pouvais recevoir sur le sujet. L’allaitement dans l’espace public reste une problématique encore présente en France en 2022.

Pourquoi penses-tu que la France a un train de retard sur l’acceptation de l’allaitement dans l’espace public ?

Je conseille un livre, Mes seins mon choix, pourquoi l’allaitement divise les féministes d’Anne-Florence Salvetti-Lionne sorti cette année qui retrace l’histoire de l’allaitement en France. Je schématise, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que la question de l’allaitement remonte à l’époque des nourrisses : c’étaient les paysannes et les populations pauvres en général qui allaitaient pour les plus riches. Encore à l’époque de nos grands-mères, allaiter pouvait devenir un asservissement total au foyer. Il y a eu ensuite les luttes féministes et selon moi, par son histoire, l’allaitement est le grand oublié de nos combats.

Mes seins mon choix

Allaiter aujourd’hui est différent d’hier, on a évolué vers une appropriation de nos corps, vers une féminité renouvelée, mais nos combats féministes ont laissé de côté l’allaitement.

Alison Cavaillé, fondatrice de Tajinebanane
Allaiter dans les espaces publics : la campagne choc de Tajinebanane

Tu lances avec la team Tajinebanane une campagne de sensibilisation au travers d’un affichage sauvage, pourquoi avoir choisi ce format ?

La campagne questionne l’allaitement dans l’espace public, mais c’est quoi l’espace public ? La rue !

Sur les réseaux sociaux, je ne prêche que des convaincu.e.s qui suivent notre page et nos contenus. J’avais besoin d’aller interpeller Monsieur et Madame Toutlemonde, et c’est dans la rue que ça se passe.

Alison Cavaillé, fondatrice de Tajinebanane

Pour ta campagne, tu as demandé à Jasmin, la jeune femme priée d’allaiter aux toilettes au musée du Louvres, dont l’histoire avait fait grand bruit. Pourquoi a-t-elle accepté ton invitation ?

Pour réaffirmer son droit d’allaiter partout. Tout le temps. Et j’étais très heureuse que le musée de Bordeaux accepte tout de suite de participer à la campagne en nous permettant de shooter là-bas, devant une oeuvre d’art. Les autres femmes de la campagne sont des clientes de Tajinebabane et aussi deux personnes de mon équipe, elles ont chacune des façons différentes d’allaiter : certaines montrent leurs seins, d’autre pas. Je n’ai pas voulu partir dans quelque chose de dramatisant : 1 seule a vécu une situation compliquée d’allaitement.

Allaiter dans les espaces publics : la campagne choc de Tajinebanane

Quel message entends-tu faire passer via ta campagne ?

L’allaitement n’est pas qu’une histoire de femmes ou de mères. C’est à mon sens un problème de société.

Alison Cavaillé, fondatrice de Tajinebanane

J’ai envie de passer un appel ! Si vous êtes employé dans un musée, patron de restaurant, manager dans une boîte qui reçoit du public : empêcher un allaitement ne doit plus arriver ! Chacun doit prendre ses responsabilités : quand on est un espace public qui accueille des femmes avec des bébés, on accepte l’allaitement. Aucune femme ne peut décider des heures de tétés !

Toutes les femmes de la campagne portent un T-shirt de ta marque avec le slogan #milktamère… On peut se le procurer ?

Oui, nous avons créé un tee-shirt (décliné en version allaitant et non-allaitant) brodé de notre signature historique et intemporelle « milktamère. ». 100% des bénéfices seront reversés à l’association EN AVANT TOUTE(S), qui lutte pour l’égalité des genres et contre les violences sexistes et sexuelles.

Allaiter dans les espaces publics : la campagne choc de Tajinebanane
Photographe de la campagne Anne-Sophie Annese – Studio Bohème
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