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Louise Damas : « Je n’ai jamais cherché à faire un gros business plan »

Louise Damas est la preuve parfaite que l’on peut à la fois aimer son époque et toujours avoir un œil sur les charmes du passé. Des grands classiques de la littérature aux objets chinés, des fringues vintage aux bijoux de nos grands-mères, cette habituée des marchés aux puces et des antiquaires a converti sa passion pour les « choses qui ont une âme » en une belle aventure ! Celle d’une marque de bijoux en laiton doré à l’or fin 24 carats, tous pensés pour être pérennes, nous sublimer très longtemps après les tendances et les modes et se lier à nos propres vies sans jamais les dénaturer.

C’est souvent de son amour des lettres que Louise nourrit son inspiration. Ses bijoux s’appellent Esmeralda, Shéhérazade ou Madeleine et sont à la fois hyper actuels et intemporels. Fabriquée à la main par des artisans et dans un atelier clean qui recycle tout, chaque pièce a son propre caractère. Elle est née pour traverser les années avec nous, sans faillir. Rencontre avec une créatrice inspirée et lumineuse.

Louise, quel a été ton parcours jusqu’à la création de ta marque de bijoux ?

J’ai eu des débuts un peu atypiques puisque j’ai commencé par des études de lettres modernes. En fac, j’ai eu l’occasion de m’initier un peu à la sculpture, j’étais très bricoleuse et j’adorais créer de mes mains depuis longtemps. Et puis un jour j’ai eu envie de me fabriquer moi-même un bijou qui correspondrait exactement à ce dont j’avais envie. J’ai acheté le matériel nécessaire, j’ai fait quelques pièces et, de fil en aiguille, j’en ai offert à mes copines qui ont aimé et m’en ont demandé d’autres. J’avais 22 ans, je faisais ça pour mon plaisir et aussi pour gagner un peu d’argent. Je participais à des marchés de créateurs et de petites ventes. Ensuite j’ai ouvert un compte Insta puis un site web avec l’aide d’une amie et en arrivant en licence, j’ai commencé à avoir tellement de commandes qu’il a fallu que je choisisse entre études et bijoux… J’ai décidé de prendre une année pour tenter l’aventure de la création et ça a fonctionné…

Louise, quelles ont été tes premières sources d’inspiration ?

Dans ma famille j’ai toujours vu les femmes de mon entourage, ma mère, mes grands-mères, porter des bijoux.

Louise Damas

Avec des styles différents certes, mais elles adoraient ça. Ma mère, comme moi, aimait beaucoup créer des choses. Elle nous fabriquait tous nos vêtements à ma sœur et à moi jusqu’à l’adolescence, et là, elle continue pour ma fille. Cela a évidemment marqué mon parcours. Et puis mon amour des lettres a beaucoup inspiré mes premières créations avec des pièces évoquant certaines héroïnes de Balzac, Zweig, les rivières de pierres décrites dans « Salambo » de Flaubert ou la Chloé de Vian dans « L’Ecume des Jours » … d’ailleurs beaucoup de mes bijoux portent des noms d’héroïnes littéraires. Certaines clientes m’ont même avoué s’être un peu identifiées à elles en les achetant. Je trouve cela à la fois charmant et enthousiasmant.

Les belles histoires de bijoux de Louise Damas bijoux crédit photo solenne jakovsky pour le prescripteur

Comment as-tu vécu le succès de ta marque et le fait de devenir cheffe d’entreprise ?

Quand je n’ai plus pu faire tout moi-même, j’ai dû trouver les bons partenaires et, en tant qu’autodidacte ce n’était pas si simple ! Heureusement, le milieu de la fabrication de bijoux est, je trouve, assez bienveillant et toutes les personnes que l’ai rencontrées, prestataires et fournisseurs, m’ont aussi aidé à apprendre mon métier, en me formant sur certaines méthodes ou en m’aidant à appréhender certains sujets. Je travaille par exemple avec un atelier parisien de 15 personnes qui est en parfait accord avec toutes mes aspirations, dont le savoir-faire et la démarche d’éco-responsabilité sont exemplaires (c’est un atelier « propre » zéro déchet) et qui ne travaille qu’avec des matières premières d’exception. C’est une collaboration presque familiale et rassurante. Et puis la marque a progressé à son rythme.

Je n’ai jamais cherché à faire un gros business plan ou à la booster absolument. Je tiens à ce qu’elle continue son chemin sereinement, et avec des valeurs et une authenticité auxquelles je suis attachée.

Louise Damas

Aujourd’hui, 10 ans après sa création, nous sommes une dizaine de personnes, mais cela s’est fait très naturellement et doucement.

Comment s’organise la sortie de tes collections ?

Je trouve qu’un bijou n’a pas de saisonnalité, qu’il doit pouvoir se porter tout le temps et de façon pérenne et intemporelle.

Louise Damas

Mais en général, je propose 2 collections de 10 pièces environ et 2 capsules de 1 à 5 pièces par an. Tous mes modèles sont conservés. Je déteste l’idée de ne plus pouvoir trouver une pièce parce qu’elle n’est plus de « saison ». J’aime au contraire qu’elle s’inscrive dans la durée et dans une histoire longue.

Les belles histoires de bijoux de Louise Damas bijoux crédit photo solenne jakovsky pour le prescripteur

Quels sont les prochaines idées que tu aimerais concrétiser pour la marque ?

J’ai quelques petites choses qui me trottent dans la tête comme, pourquoi pas, essayer de sortir une ou deux pièces en argent pour voir (même si je suis une fille du doré), ou créer une collection mère-fille.

Louise Damas

Je vois à quel point ma fille est déjà intéressée par ce que je fais et c’est vraiment sympa ! J’aime aussi beaucoup travailler les matières un peu plus précieuses comme le vermeil que j’ai utilisé pour quelques pièces récentes. Mais je tiens quand même à ce que mes créations restent abordables.

Quel est le bijou dont tu ne pourrais pas te passer ?

C’est étrange car à une époque je ne portais finalement pas beaucoup de bijoux !

Depuis la création de la marque, j’ai une vraie passion pour les boucles d’oreille et les créoles en particulier.

Louise Damas

S’il m’arrive d’oublier d’en mettre, je ne me sens pas au top ! J’ai besoin de cette lumière qu’elles apportent au visage. D’autant que je ne me maquille pas ou peu !

Tu es très impliquée et concernée par le côté « durable » et le fait de pouvoir préserver les pièces que tu crées, les garder longtemps. Est-ce que cela s’applique aussi à ta garde-robe ?

Oui, j’ai toujours aimé chiner. Le concept de l’upcycling me parle beaucoup et je porte presque essentiellement des vêtements vintage ou créés par ma sœur ( la créatrice de Rouje, Jeanne Damas ) dont la philosophie est aussi de proposer des pièces très féminines et intemporelles.

Crédit photo – Solenne Jakovsky pour Le Prescripteur

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