On vous en parlait déjà dans le Prescripteur, touche à tout compulsive, à la fois actrice, créatrice d’une ligne de cosmétiques, rédactrice… mais l’incroyable enthousiasme de Camille Yolaine et son amour inconditionnel des Lettres lui ont encore ouvert de nouveaux horizons et nous la retrouvons désormais autrice, avec un premier roman au titre immédiatement attachant : « J’aime » (Editions Albin Michel). Elle nous parle de ce premier opus, qu’on a, il faut le dire, dévoré avec la gourmandise des découvertes littéraires dont on pressent qu’elles seront douces !
CRÉDIT PHOTO DE COUVERTURE – LUCIE SASSIAT
Camille Yolaine, tu nous avais parlé de ton attachement aux mots, aux auteurs, à la littérature en général, mais qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer dans l’aventure de ce premier roman ?
C’est une succession de jolis hasards, tout s’est parfaitement enchaîné. J’avais quelques passages épars qui traînaient dans mes notes d’iPhone, je n’avais jamais osé aller au bout de l’idée, et je me suis retrouvée cette année-là en vacances seule pour la première fois de ma vie, sur une île. Je passais ma journée à lire, et c’est un réflexe assez habituel chez moi : quand je lis beaucoup, j’ai envie d’écrire. J’ai ressorti mes postes du placard et, encouragée par mes proches et un écrivain que j’admirais beaucoup, j’ai décidé d’en faire un roman.
« J’aime » nous raconte la relation tumultueuse, pernicieuse, voire toxique entre deux jeunes femmes. Peux-tu nous parler un peu d’elles ?
Lou est une influenceuse reconnue, très désinvolte, reine de son monde, en apparence solaire et déconnectée mais en réalité piégée par le personnage qu’elle s’est elle-même créé. Diane, la narratrice, est une de ses admiratrices. Elle va réussir à se lier d’amitié avec elle.
Sans trop dévoiler de choses, on a vite fait le lien entre ton statut de créatrice de contenus à succès, le personnage de Lou, ton goût de l’esthétisme et celui de Diane, mais in fine, quels seraient tes véritables points communs avec ces deux personnages ?
Spontanément, on peut penser que Lou est mon avatar littéraire, mais ce n’est pas du tout le cas. La seule chose qui me relie à elle est peut-être bien cette dualité qui la tiraille entre la « vraie » elle, la « vraie » vie, etc (qu’elle a de fait un peu abandonnée pour devenir créatrice de contenus), et son personnage public.
Ce qui me rapproche de Diane, c’est ce côté observateur, le moindre détail, l’œil assez cinématographique, je dirais. Et une pointe de cynisme, bien sûr.
A une époque où l’on entend énormément parler de sororité, « J’aime » nous parle de relations féminines très complexes, empruntes de jalousie, de rivalité. Quel est ton sentiment sur la question de l’entraide féminine ?
Je pense qu’elle est nécessaire, et que les réseaux sociaux peuvent avoir un impact très positif sur la sororité. Je vois constamment passer des posts féministes sur mon feed, cela permet d’unir les forces. Mais cela n’empêche pas le rapport un peu malsain à la compétition.
La relation entre Lou et Diane joue un peu sur cette ambivalence. Cette « amitié » apporte quelque chose à chacune d’entre elles, certes, mais sur quoi cela repose réellement ?
Etre suivie sur Insta par des centaines de milliers de followers implique-t-il quelques mésaventures dignes de celle que tu évoques dans ton roman ?
Fort heureusement, en ce qui me concerne, non. J’ai pu faire face à des remarques blessantes qui relèvent de la projection que les gens font sur moi, mais j’ai appris à mettre une certaine distance.
A contrario, as-tu vécu de belles aventures, rencontres, grâce aux réseaux ?
Bien sûr. C’est en réalité la raison qui m’a poussée à voir ce que ce métier pouvait m’apporter, alors que j’étais plutôt frileuse au début. Rencontrer des photographes, des écrivain(e)s, des réalisateur(trice)s, monter des projets artistiques, essayer de bien faire les choses, créer ma marque de cosmétiques… Je suis très reconnaissante.
Quel effet cela fait-il de passer du côté des auteurs quand on est une inconditionnelle des belles Lettres ?
C’est une immense fierté, la sensation d’avoir accompli mon rêve d’enfant. Maintenant, il faut que j’écrive le deuxième ! Je tiens une piste, je vais y réfléchir cet été. Je retourne sur mon île pour m’accorder le temps et l’espace pour écrire.