Ce lundi 25 septembre 2023, la Fondation des Femmes a publié son dernier rapport « Où est l’argent contre les violences faites aux femmes » et sa conclusion est implacable : face à des besoins croissants, les moyens mis sur la table ne sont pas à la hauteur. Les chiffres clefs pour bien comprendre ce qu’il se passe.
Certes le budget de l’Etat dédié à la lutte contre les violences a augmenté de 50 millions d’euros
La politique de lutte contre les violences continue de s’étoffer notamment à la suite du « Grenelle des violences conjugales » organisé par le Gouvernement en 2019. En cinq ans, le budget alloué par l’Etat est passé de 134,7 à 184,4 millions d’euros. Malheureusement, les besoins des associations ont explosé du fait d’un nombre toujours plus important de femmes qui les sollicitent.
Plus de 3 millions de femmes subissent des violences conjugales, sexistes et/ou sexuelles chaque année en France
… Et elles sont de plus en plus nombreuses à les dénoncer ! Les forces de sécurité enregistrent près de 200 000 plaintes au motif de violences conjugales, sexiste et/ou sexuelles. Ces chiffres suivent une tendance vertigineuse :
Résultat : le soutien par l’Etat de chaque femme victime de violences conjugales a diminué de 25% en 4 ans
Les associations de lutte contre le violences faites aux femmes en grande difficultés financières
Paradoxalement, alors que la société a pris pleinement conscience ces dernières années de l’ampleur des violences sexistes et sexuelles et de la nécessité d’y mettre un terme, les associations font face à des difficultés croissantes pour répondre aux besoins des femmes qui les sollicitent.
En effet, les demandes d’accompagnement ont explosé avec #MeToo et depuis le confinement, sans que leurs financements n’augmentent de manière proportionnelle. S’ajoutant à un sous-financement chronique de leurs activités, ce phénomène rend la situation de nombreuses associations intenable.
Cet état de fragilité est tel que, le 1er septembre 2023, la Fondation des Femmes a lancé un fonds d’urgence pour soutenir les associations spécialisées dans les états les plus critiques.
Les 5 priorités absolues proposées par la Fondation des femmes pour lutter contre les violences faites aux femmes
- Un énorme effort est nécessaire sur les violences sexuelles, avec la nécessité de définir un cadre politique et de démultiplier le budget. Certains dispositifs sont particulièrement nécessaires : des centres d’aide d’urgence pour les victimes de violences sexuelles, en particulier de viols (100 millions d’euros, soit 29% du total en hypothèse basse), des cellules de signalement du harcèlement sexuel (il faudrait 36 millions d’euros, soit 10% du total en hypothèse basse) ainsi qu’une prise en charge spécialisée du psycho-traumatisme.
- Les dispositifs d’accueil, d’orientation et d’accompagnement des victimes : le budget estimé nécessaire côté violences conjugales est 19 fois plus important que le budget programmé : il faudrait +390 millions d’euros et pour les victimes de violences sexuelles, il devrait être multiplié par x4 à x5 pour atteindre une dizaine de millions d’euros contre 1,5 actuellement. Les associations ont d’ailleurs indiqué que si elles saluaient le renforcement (relatif) des plateformes téléphoniques, elles regrettaient que les dispositifs de « deuxième ligne » n’aient pas suivi la même tendance, pointant les difficultés qu’elles rencontrent parfois à orienter les femmes qui les contactent ;
- La chaîne des acteurs de la sécurité et de la justice devrait être largement renforcée, avec notamment l’allocation de près de 5 000 enquêteur.rice.s et plus de 600 magistrat.e.s spécialisé.e.s aux faits de violences sexistes et sexuelles ;
- Le remboursement à 100% des consultations en psycho-traumatologie pour les femmes victimes (autour de +270 millions d’euros) ;
- L’hébergement des femmes victimes de violences reste un enjeu clé, en dépit des nouvelles places créées depuis le Grenelle (le multiple est de x3 uniquement mais étant donné les montants importants, cela représente tout de même un montant additionnel nécessaire de +200 millions d’euros).
crédit photo de couverture – Hannah Xu