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Rentrée littéraire, les 3 livres qu’on a déjà dévorés

581 romans dont 390 français ! Le cru 2017 n’explose pas en nombre de livres (et heureusement !) mais déjà de très bons ouvrages font parler d’eux. Avant le déluge des prix littéraires, on vous pointe du doigt 3 pépites de la rentrée littéraire à ne surtout pas rater.

A la recherche de l’enfance perdue

Neverland de Timothée de Fombelle, L’Iconoclaste

Attention, matière littéraire hautement sensible. Fort risque de larmes. Triste le premier roman de Timothée de Fombelle ? Nostalgique ! Qui n’a jamais rêvé de pouvoir se télétransporter une fois dans le pays de son enfance, réelle ou idéalisée ? Si le titre fait explicitement référence à Peter Pan de J.M. Barrie, Neverland plante volontiers ses racines souterraines dans la forêt du Grand Meaulnes de François Tavernier. La question centrale du livre est de savoir à quel moment l’on devient adulte. La vérité se niche dans les souvenirs d’un petit garçon protégé par l’amour fabuleux de ses grands-parents : l’enfance s’enfuit le jour où les autres nous voient soudain « grand ». Dès lors, la chasse aux trésors du passé peuplera notre vie.

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Timothée de Fombelle est un grand mélancolique. Devenu pour des milliers d’enfants et d’adolescents l’auteur le plus en vue de leur bibliothèque, il s’aventure pour la première fois en territoire adulte. Un saut dans le vide, et l’inconnu, a-t-on envie de dire, tant Timothée de Fombelle est resté au fond de lui un enfant. Il en a toutes les qualités – douceur, naïveté originelle, imagination foisonnante et décomplexée, poésie – et aucun des défauts que l’on attribue d’ordinaire aux monsters qui pullulent autour de nous. Un conte merveilleux et rare.

Neverland de Timothée de Fombelle, L’Iconoclaste, 128 p., 15 euros.

 

Réveillez la chamane qui est en vous

Pourquoi je n’ai pas écrit de film sur Sitting Bull de Claire Barré, Robert Laffont

Claire Barré est romancière et scénariste. Son métier consiste donc à écrire des scénarios qui deviendront ensuite la matrice de films ou de pièces de théâtre (Madame Wilde, inspirée de la vie de Constance, épouse d’Oscar Wilde, et grand prix Sopadin 2014, a été lue sur les ondes de France Culture par Julie Gayet, Xavier Gallais et des élèves du TNS). Sitting Bull est le nom d’un chef indien lakota, vainqueur de la bataille de Little Big Horn en 1876 contre les Américains. Fait prisonnier par l’Armée, il fut un temps enrôlé de force par la troupe de Buffalo Bill, dans un show de mauvais goût, avant d’être assigné à résidence dans une réserve indienne et d’y être assassiné par l’un des siens. Tout sépare les deux personnages : un siècle, des milliers de kilomètres et deux cultures à l’opposé. Pourtant, la scénariste voit apparaître un jour l’indien dans le coin gauche de son champ de vision. Il ne la lâchera plus. Avant d’être traitée de folle, elle se résout à consulter une chamane, première étape d’un chemin qui va bouleverser sa vie.

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Certains lecteurs diront que ce livre est magique, d’autres qu’il est barré. Facile. Mais derrière le mauvais jeu de mots, se profile la peur racontée par la narratrice que la folie ne s’empare d’elle. Après avoir fait l’expérience de plusieurs transes, des voyages immobiles, elle prend l’avion. Direction les Black Hills pour y rencontrer l’arrière-petit-fils de Sitting Bull. Au-delà du parcours initiatique, ses visions insufflent une formidable matière créatrice à la romancière qui signe un livre très personnel et courageux. Alors si vous aussi, vous apercevez une image récurrente se positionner ou si vous rêvez d’un corbeau, d’un aigle ou d’un bison, ne craignez plus d’être différent(e). Un(e) chamane sommeille peut-être en vous.

Pourquoi je n’ai pas écrit de film sur Sitting Bull de Claire Barré, Robert Laffont, 248 p., 19 euros.

 

Le syndrome de Stockholm n’est plus ce qu’il était

Mary, Mercy, Pathy de Lola Lafon, Actes Sud

Le hasard des rentrées littéraires juxtapose parfois des romans qui n’auraient jamais dû se croiser. Ainsi en va-t-il de ceux de Claire Barré et Lola Lafon que traverse à chaque fois le fantôme d’une Native américaine, Mary Jamison, enlevée dans son enfance par des Indiens, et qui refusa plus tard de retourner vivre avec les colons. Ce thème, repris dans le roman de Jim Fergus Mille femmes blanches, les carnets de May Dudd – sorti en 2000 aux éditions du Cherche-Midi), est à nouveau au cœur de la littérature. Ce qui intéresse Lola Lafon est cependant autre chose, c’est la capacité de ces très jeunes femmes (Mercy avait dix-sept ans en 1690, Mary quinze ans en 1753 et Patty dix-neuf ans en 1974) à dévier du destin que la société avait envisagé pour elles. « Elles désertent leur identité pour en embrasser une nouvelle, explique l’auteure, celle des « ennemis de la civilisation » de leur époque, les Natifs américains pour les deux premières, un groupuscule révolutionnaire pour la troisième. »

Livre Mercy Mary Patty - Lola Lafon

La figure sur laquelle s’attarde surtout la romancière est Patty Hearst, petite-fille de William Randolph Hearst, magnat de la presse de la première moitié du XXe siècle, celui-là même qui inspira Citizen Kane à Orson Wells. Enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire, l’Armée de libération symbionaise, elle finit par se retrouver sur les caméras de surveillance lors de plusieurs braquages de banque, mitraillettes au poing. Stupeurs et tremblements dans sa famille richissime de l’establishment américain. Comment la blanche colombe a-t-elle basculé dans l’extrémisme ? Glissant de la réalité à la fiction, Lola Lafon donne, à l’aube du procès de la jeune femme, la parole à une universitaire américaine chargée de déterminer si Patty a succombé au syndrome de Stockholm ou si elle a bel et bien épousé la cause de ses ravisseurs. Ravissante idiote ou héritière moins rangée qu’elle n’y paraît ? Gene Neveva, la professeure en résidence dans les Lande en France, se fait aider par une étudiante, Violaine, du même âge que Patty, elle aussi en rupture de ban avec ses origines bourgeoises. Ce roman aux multiples entrées est d’une intelligence redoutable jusque dans sa construction. Gene Neveva est tantôt compréhensive, tantôt rigide sur les raisons qui ont pu pousser le groupuscule d’extrême-gauche à agir. Leurs motivations initiales – nourrir les plus pauvres – a été entaché par les meurtres commis lors des braquages de banque et leur aventure a tourné court. Les questions soulevées par Lola Lafon sont toujours d’actualité : peut-on être contre le système dominant sans verser immédiatement dans la lutte armée ou le fanatisme ? Son roman prouve une fois de plus que la fiction est utile à la compréhension du monde.

Mary, Mercy, Pathy de Lola Lafon, Actes Sud, 224 p., 19,80 euros.

 

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