Notre baluchon moutarde, c’est avec elles qu’on l’a imaginé. Yasmine, Aurélie et Sofia, fondatrices de Rive Droite Paris, ont imaginé une ligne d’accessoires pour les tribus conscientes. Leur recette ? Une éco-conception maline et un système d’upcycling pour des produits élégants, abordables et engagés pour la protection de l’environnement et des hommes. Rencontre.
Vous venez toutes les deux de l’univers de la cosmétique. A quel moment avez-vous décidé de vous associer ?
Yasmine – J’ai passé 10 ans chez L’Oréal au Développement Make-Up chez Lancôme. Je suis partie en 2010 à Casablanca y créer une division. Mon mari m’a suivie. C’était une super opportunité. J’ai eu mes deux enfants là-bas et au bout d’un moment, j’ai eu envie de changer. Evidemment j’ai commencé à en parler à ma copine ! (rires) J’ai une sensibilité écolo depuis longtemps et j’avais envie de m’engager depuis un moment mais pas de manière associative. Je souhaitais vraiment faire bouger le système de l’intérieur. En en parlant avec Aurélie, elle m’a aussi confié qu’elle avait envie d’un nouvel élan professionnel.
Aurélie – Je me suis rendue compte au bout de 10 ans que ça ne me faisait plus vibrer de gravir les échelons. J’avais déjà fait le choix de bosser pour des marques de cosmétiques écolo, sauf qu’à mon niveau, dans ma tour, je ne voyais pas l’impact sur l’environnement. Avec l’arrivée de mes enfants, j’ai commencé à me poser beaucoup de questions. Le projet de Yasmine est tombé à pic.
Ta soeur, Yasmine, fait également partie de l’aventure dès le début !
Yasmine – Oui, Sofia s’est jointe au projet ! Elle était styliste freelance et cherchait aussi à donner du sens à ses missions.
On source du coton durable à deux titres : il a été récolté proche du Maroc par une coopérative de femmes et il peut également provenir des restes de fibres re-tissés. […] On travaille ensuite avec des sous-traitants pour les colorer sans produits chimiques.
Votre concept est de proposer des accessoires cools, de qualité et éco-conçus. Comment ça se passe en coulisses ?
Yasmine – On source du coton durable à deux titres : il a été récolté proche du Maroc par une coopérative de femmes et il peut également provenir des restes de fibres re-tissés. Cette matière est particulièrement brute et imparfaite. On travaille ensuite avec des sous-traitants pour les colorer sans produits chimiques. Pour le jean, on récupère les chutes dans les usines car de grandes bandes sont jetées chaque jour, faute de temps et d’humains pour les valoriser dans la chaîne de production. Et pour la doublure, ce sont des fins de rouleau issues du prêt-à-porter.
Pour le jean, on récupère les chutes dans les usines car de grandes bandes sont jetées chaque jour, faute de temps et d’humains pour les valoriser dans la chaîne de production. Et pour la doublure, ce sont des fins de rouleau issues du prêt-à-porter.
Aurélie – Pour nous, il était aussi essentiel que notre production s’engage humainement, donc on a retissé notre schéma économique. Nos accessoires sont pensés sous forme de kits envoyés directement chez nos “Dudes” (ndlr : contraction de “durable” et “désirable”), des personnes que nous aidons à sortir de situations de travail précaire. Ils ont le statut d’auto-entrepreneur, ce qui leur garantit une indépendance financière et une protection sociale. On les aide à créer leur propre atelier, et monter leur propre équipe s’ils le souhaitent, grâce à un système d’épargne salariale. L’idée, c’était de leur redonner du pouvoir dans leur vie par le boulot.
Comment sont réparties les tâches entre vous. Sofia à la créa, et vous ?
Yasmine – Sofia s’occupe de la production, c’est un gros morceau. Nous sortons beaucoup de collections pour nous renouveler constamment, mais en toute petite quantité pour ne pas tomber dans l’écueil de la surproduction.
Aurélie – Yasmine s’occupe du côté business. Elle cherche les moyens de produire de manière durable et sereine depuis Casablanca et elle gère la partie distribution. Moi je suis à Paris, je gère la communication digitale et un petit entrepôt parisien où je reçois la production qui vient de Casablanca et qui est ensuite redistribuée.
La boîte est en pleine expansion, vous pensez à lever des fonds ?
Yasmine – Oui, on y réfléchit. En ce moment, on ne peut pas répondre à la demande en termes de produits et de collab’. Donc c’est hyper frustrant ! Mais on ne veut pas aller plus vite que la musique et lever des fonds, c’est trouver des partenaires : il ne faut pas se planter. Rive Droite, c’est notre bébé.
Quels sont vos projets pour Rive Droite ?
Aurélie – Développer cette croissance et internationaliser la marque. On a fait un essai aux Etats-Unis qui est encourageant, en Europe du Nord aussi. Ensuite on sent une réelle opportunité de marché en Asie. Les Japonais adorent la marque !
Comment allez-vous garder la dimension locale avec cette internationalisation ?
Yasmine – Notre système de production est réplicable, donc il y a vraiment la possibilité de l’exporter dans d’autres pays. Ces réflexions, c’est grâce à notre incubateur qu’on peut les nourrir, sans lui on ne prendrait jamais de recul sur notre entreprise !
Aurélie – C’est super important de lever le nez quand on bosse presque 7 jours sur 7 et qu’on essaie aussi de gérer sa propre vie de famille car nous sommes toutes les trois mères de jeunes enfants.
Vous qui cherchiez du sens, vous vous sentez enfin épanouies ?
Aurélie – Oui, franchement. J’en parlais avec mes parents qui me disaient de me reposer ! (rires) Je leur disais que c’est la première fois que je me lève avec entrain le matin. Je suis quelqu’un qui se donne à fond, le faire pour sa propre marque, c’est juste génial.
Yasmine – Oui, pareil. Travailler beaucoup ne m’a jamais dérangée mais le côté requin pour survivre, si. Là c’est un bonheur. Sofia a beaucoup aidé à détendre nos process de travail, nous qui étions habituées à faire beaucoup de réunions et des tonnes de comptes-rendus ! (rires)
Aurélie – Maintenant que la boîte grossit, on recommence à mettre des process en place et de structurer davantage, mais lâcher prise au début de l’aventure a changé notre approche du boulot en entreprise.
Quel est votre modèle Rive Droite préféré ?
Aurélie – Moi, c’est celui que j’ai avec moi, le Célestin. Je le trouve cool parce que tu peux tout y mettre : ordi, fringues etc. Mon mec me le pique ! Hyper pratique quand tu pars en week-end avec les enfants.
Yasmine – Moi c’est le même, mais pas pour les mêmes raisons. Il a une petite histoire ce sac. C’est le dernier proto qu’on a réalisé avant de partir pour notre premier salon. Le taxi attendait en bas et le modéliste devait absolument le finir. Il stressait comme un malade, on était déjà en retard, j’étais prête à partir sans et il a réussi de justesse à le terminer avant qu’on ne file. On a couru comme des malades, on était épuisées et je me suis dit : toi, Célestin, t’as intérêt à marcher… Et c’est le cas, c’est notre bestseller aujourd’hui ! (rires)
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[…] Je voulais être dans le respect de l’humain et de l’environnement, c’était essentiel pour moi de monter un projet en accord avec mes valeurs personnelles. Cela a été évident de faire du made in France et très challengeant aussi car ce n’est pas facile de trouver un atelier de confection qui fasse confiance à une petite marque comme la mienne. J’ai également énormément travaillé sur le sourcing de mes matières premières pour qu’elles soient respectueuses de l’environnement. J’ai choisi des pièces de cuir de bovins français et une méthode de tannage végétal. Le tannage classique se fait avec des… Lire la suite »