« Peu avant ma greffe en 2022, j’ai révélé ma maladie héréditaire sur les réseaux sociaux pour faire taire des rumeurs. Beaucoup me pensaient enceinte, alors que je portais un foie de près de 7 kg en raison d’une polykystose hépatorénale ». Ca, c’est le témoignage de Thérèse qui a levé le voile sur sa maladie et révélé l’envers du décors de sa carrière d’artiste. Un témoignage qui jette un pavé dans la mare dans l’industrie performative de la musique : derrière les paillettes et le glam de la vie artistique peut se cacher une réelle détresse physique et/ou mentale. C’est tout le sujet du nouveau podcast « T’as mal où ? » créé par Thérèse Sayarath et la journaliste Alexandra Dumont…
crédit photo – inès pollon
L’industrie musicale : le culte de la performance
Peu avant sa greffe hépatique, l’artiste pluridisciplinaire Thérèse (qu’on vous présentait déjà ici) s’est confiée à la journaliste Alexandra Dumont sur le culte de la performance dans l’industrie musicale, où les paillettes sont au premier plan, et au sein de laquelle de nombreux artistes préfèrent passer sous silence leur maladie et/ou pathologie par peur de se retrouver sur la touche.
Dans l’inconscient collectif, l’artiste est un roc, une machine infaillible déifiée, qui n’a pas le droit de chuter ou d’aller mal. Pourtant, dans les faits, c’est une toute autre réalité qui peut se jouer.
Thérèse
Les artistes sont souvent perçus comme des individus inspirés et passionnés, mais cette vision idéalisée masque souvent une réalité plus constrastée.
Soumis à des pressions intenses, à l’instabilité financière et à une forte exposition publique, de nombreux artistes souffrent en silence. Pourtant, le sujet reste encore tabou, freiné par des stéréotypes et une culture de la performance qui minimise les difficultés physiques et psychologiques.
L’artiste est trop souvent perçu.e comme privilégié.e, dans une position où il.elle ne peut pas se plaindre, parce qu’il.elle réalise son rêve.
Alexandra dumont
Pourtant, une étude récente, menée par le collectif CURA, a démontré que 59% des répondant.es qui exercent une profession artistique déclarent effectuer des gestes répétitifs ou travailler dans des positions fatigantes qui ont des conséquences sur leur santé physique. À cela s’ajoutent des pathologies supplémentaires, décorrélées de la profession. Il est donc important pour le bien collectif de faire entendre leurs voix, pour le moment dissonantes.
Si quelques artistes libèrent la parole en chantant leur maladie, handicap, syndrome à la première personne du singulier, beaucoup choisissent encore de le.la dissimuler, car l’enjeu est grand : avouer ses faiblesses, c’est encore être considéré.e comme “moins performant.e” et donc incapable de réussir dans ce métier.
Alexandra Dumont
« T’as mal où » : le podcast qui libère la parole des artistes malades
Alexandra Dumont et Thérèse décident alors de lancer « T’as mal où? », un podcast pour libérer la parole des artistes malades, leur permettre de se sentir moins isolé.es et les réhumaniser dans un premier épisode « aller ». Mais aussi d’impliquer les professionnel.les qui les entourent et sensibiliser le public à ces problématiques dans un second épisode retour, dans l’espoir de transformer le regard de la société toute entière sur les questions de santé dans l’industrie musicale.
La première saison comporte 10 épisodes, soit 5 doubles qui fonctionnent en miroir.
- Dans l’épisode aller, des artistes se confient sur leur pathologie et son impact dans leur vie intime, sociale, professionnelle. A leur micro, se sont confiés notamment Lorie (endométriose), Loman (hyperacousie) ou encore La Chica (élongation, bursite au coude, dos abîmé, intolérances alimentaires)
- Dans l’épisode retour, des professionnel·les de l’industrie de la musique (label, management, booking…) et des personnalités qui n’en font pas partie (médecins, intellectuel·le·s…. comme Camille Froidevaux-Mettrie) réagissent à leurs problématiques pour réfléchir collection à des solutions.
