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Sara Giraudeau, jury au Mobile Film Festival 2019 :  “Ces films deviennent de petites traces de questionnement de ceux qui sont au désespoir”

Le concept du Mobile Film Festival ? ​1 Mobile, 1 Minute, 1 Film​, autour d’un thème : ACT NOW on climate change. Ce festival en partenariat avec YouTube Creators for Change et United Nations Climate Change, dont les résultats sont tombés hier, avait choisi l’actrice Sara Giraudeau comme l’une des membres du jury. Elle nous a révélé ses deux coups de coeur dans un entretien secret, la veille des délibérations… 

Pourquoi as-tu accepté d’être jury du Mobile Film Festival cette année ?

Parce qu’il s’agissait de visionner des films très courts d’une minute de beaucoup de nationalités différentes sur un thème universel. J’ai eu l’impression de rentrer dans l’intimité de gens. Certains vivent très loin avec peu de moyens et sont directement frappés par le changement climatique. C’était super intéressant de voir leur vision sur le thème donné du festival.

Ce thème du changement climatique a été selon toi, a été bien traité par les participants ?

Ce thème m’a plu car il se situe en plein dans une réflexion que chacun peut voir de manière très différente. Plutôt que d’avoir un sujet qui ne réunit pas, le changement climatique nourrit tout le monde, c’est un thème qui rassemble. Et en même temps, il offre de nombreuses interprétations et c’est en cela que les participants m’ont étonnée : quand on impose un thème sur un sujet très connu, on prend le risque d’avoir des visions assez identiques avec les mêmes idées qui reviennent beaucoup. J’ai eu la surprise de découvrir beaucoup d’idées différentes, car c’est cela qui compte : l’idée, pas forcément la manière dont c’est filmé dans la mesure où le mobile est imposé ainsi que le format d’une minute.

Justement, ce format d’une minute n’est-il pas trop court pour faire passer une idée ?

Une minute c’est minuscule, on est carrément dans un espèce de pastiche extrêmement court. C’est pour cela que l’idée est très importante. Tout d’un coup, si l’idée est assez forte, en une minute c’est possible de la faire vivre. Si au contraire l’idée n’est pas très bonne, le film devient juste une petite pub qui ne porte pas un message très puissant. 

Les films français, espagnols, canadiens américains… sont épargnés des conséquences au jour le jour. Mais les participations venues du Burkina Faso ou encore du Cambodge traitent de leur quotidien.

Qu’est-ce qui t’a le plus étonnée dans les participations que tu as visionnées ?

Ce qui m’a le plus étonnée et instruite, ce sont les personnes qui ont participé alors qu’il est clair qu’elles ont très peu de moyens et surtout qu’elles vivent dans des pays touchés de plein fouet par le changement climatique. Elles vivent dans un désastre, dans le résultat de cette Terre qu’on fatigue. Les films français, espagnols, canadiens américains… sont épargnés des conséquences au jour le jour. Mais les participations venues du Burkina Faso ou encore du Cambodge traitent de leur quotidien. Ces films deviennent de petites traces de questionnement de ceux qui sont au désespoir. Leur vision à eux est importante ; même si ce ne sont pas forcément ceux qu’on retient dans le palmarès, c’est important de les voir selon moi. 

Certaines participation t’ont-elles bouleversées ?

Non pas forcément car on reste finalement assez extérieur sur un format d’une minute. Les réalisateurs n’ont pas le temps de nous faire entrer véritablement dans quelque chose qui fait mal. Mais ce qui est poignant, c’est de voir les témoignages. Dans certaines participations, il n’y avait pas spécialement d’idée mais simplement des témoignages de locaux sur les conséquences du changement climatique sur leur quotidien. J’ai été très heureuse, en tant que jury, d’avoir accès à ces projections. J’ai eu l’impression de rentrer dans plein de petits cerveaux à plein d’endroits différents de la planète. C’était assez touchant. 

A l’heure où l’on te parle, les délibérations n’ont pas encore eu lieu, peux-tu nous donner quelques indications sur les films qui, selon toi, méritent un prix ?

C’est difficile de répondre à cette question en dehors d’une délibération mais je peux te parler de mes deux coups de coeur.

Le premier est “#ToutVaBien”, réalisé par une Française. Elle s’est inspirée de la génération réseaux sociaux pour proposer un format d’une minute qui filme différents états d’une personne. Moi qui déteste les réseaux sociaux, j’ai trouvé l’idée géniale. Elle a réussi à construire un 1 minute avec un rapport au temps qui est long : on suit un personnage sur des années au travers de vidéos échangées. C’est très bien trouvé et très bien utilisé. Elle a choisi de passer du positif, de l’inconscience, à quelque chose qui la dépasse. Son approche est très générationnelle. Dans beaucoup d’autres participations, on avait une idée de combats, d’aller à l’encontre du changement climatique, la vision proposée ici est celle d’une génération avec un instinct de vie positif qu’elle fait évoluer. Je me suis dit “WOW, super idée qui rassemble”. 

Mon second coup de coeur, ce sont “Les jours rouges” : un film animé avec des dessins qui raconte une histoire du domaine fantastique. Ce que l’on voit sort de la réalité mais sert un propos bien réel. On sent une volonté de faire un objet extrêmement particulier. C’est très dramatique et angoissant, mais c’est très joli, et cela représente beaucoup de boulot pour 1 minute. 

Où en es-tu dans ta réflexion personnelle sur le changement climatique ?

Je me sens très concernée par cela. Je ne suis pas une extrémiste, car si on l’est, cela peut devenir une guerre interne sans fin qui vous bouffe dans la vie quotidienne. J’essaie de vivre ma vie tout en étant en pleine conscience et en réveillant les consciences à mon échelle. 

Cet éveil des consciences sur le changement climatique ne peut se faire que comme ça, et par les réseaux sociaux où les gens sont tous, à part moi !

Pense-tu qu’un Festival comme celui-ci peut avoir un impact sur les décisions politiques qui trainent à être prises ?

Tout peut avoir un impact. Cet éveil des consciences sur le changement climatique ne peut se faire que comme ça, et par les réseaux sociaux où les gens sont tous, à part moi ! (rires) Sinon on fait quoi, on sort dans la rue et on utilise la violence ? ça n’a aucun sens. Les films rassemblent les émotions personnelles et forment un combat collectif.

J’ai décidé de monter une pièce très dure et très dark de Pierre Tré-hardy. Cela traite d’une séquestration d’une jeune fille dans une cave : le sujet est  glauquissime mais extrêmement fort et poétique.

Parlons de tes autres projets en cours… Quelles sont tes prochaines actus ?

Je bosse en ce moment sur une comédie qui s’appelle Le Discours de Laurent Tirard avec Benjamin Lavernhe, Kyan Khojandi et Julia Piaton. En janvier, je serai dans un drame cette fois-ci d’Elie Wajeman qui s’appelle Médecin de nuit avec Vincent Macaigne et Pio Marmaï. Le théâtre me manquait beaucoup, alors j’ai décidé de monter une pièce très dure et très dark de Pierre Tré-hardy. Cela traite d’une séquestration d’une jeune fille dans une cave : le sujet est  glauquissime mais extrêmement fort et poétique dans cet environnement épouvantablement difficile. L’humain est bouleversant. 

Le palmarès est tombé hier soir ! Les deux coups de coeur de Sara y figurent… Pour visionner les participations, c’est par ici.

 

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