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Tristane Banon, fascinante impétueuse

Tristane Banon est comme les chats, elle a plusieurs vies. Il y a la journaliste, la vamp, la féministe, la romancière et désormais la maman. Avec ce huitième roman, Prendre un papa par la main, elle se glisse dans la tête d’un nouveau-né pour raconter l’histoire d’une maman abandonnée la veille de son accouchement. La sienne.

Depuis notre première rencontre il y a plus de sept ans, elle n’a pas changé. Toujours ce visage de petite fille timide et sage, encadré de cascades blondes, toujours ce corps de femme, à la fois frêle et voluptueux. A l’époque, le nom de Tristane Banon était immédiatement associé à une affaire, celle de DSK. La meute était après elle et peu nombreux ceux qui l’avaient soutenue. Aujourd’hui, en pleine explosion des #Metoo et #Balancetonporc, le ton a changé. Les regards sur celle qui dénonça la première l’agression d’un candidat à l’élection présidentielle, aussi.

Aigrie Tristane ? Vous êtes à des années-lumière de la vérité ! Ce sentiment, elle ne le connaît pas. Fidèle à ses deux mantras « Neverlookback/ Never think twice », elle avance. Deux ans et demi après avoir mis au monde une petite fille, elle publie son huitième roman, dans lequel elle met en scène un coup de foudre inédit et poétique entre un bébé et un homme qui choisit la paternité.

Ce qui m’est arrivé, être quittée par le père de son futur enfant juste avant sa naissance, est somme toute assez banal. Si j’ai voulu écrire ce livre c’est pour envoyer un message à toutes ces femmes qui se sont retrouvées dans une situation analogue…

Dans Prendre un papa par la main, tu racontes à nouveau une histoire qui est très proche de la tienne… comme dans J’ai oublié de la tuer, dans Le Bal des hypocrites ou Daddy frénésie.

Oui je suis une grande amoureuse de l’autofiction en tant que lectrice, j’adore Sagan par exemple. Par conséquent, cela m’influence naturellement en tant qu’auteure. Cependant pour que le roman fonctionne, il faut que l’histoire évoque quelque chose de plus grand que la simple anecdote personnelle. Ce qui m’est arrivé, être quittée par le père de son futur enfant juste avant sa naissance, est somme toute assez banal. Si j’ai voulu écrire ce livre c’est pour envoyer un message à toutes ces femmes qui se sont retrouvées dans une situation analogue et se sont dit « C’est fini, je n’aurai plus de vie de femme, d’amoureuse, désormais, je suis seulement une mère ». Or ce n’est pas vrai, tout peut arriver, et recommencer. Pour moi tout s’est passé comme dans le livre, même si je ne saurai jamais ce qui se trame exactement dans la tête de ma fille. Mais le sujet du roman ce n’est pas moi, je voulais donner un coup de projecteur sur eux, mon bébé et l’homme qu’elle se choisit pour père, et à cette fin, j’ai eu recours à des artifices narratifs.

Il y a une véritable évolution dans le rôle de père, avant ils ne faisaient pas le job. Un homme ne changeait jamais une couche, ne se levait pas la nuit et c’était considéré comme normal.

Tu rends aussi hommage aux nouveaux papas…

Oui, et je ne cesse d’en découvrir de formidables, à la crèche, chez le pédiatre… Ils sont devenus des mères comme les autres ! Il y a une véritable évolution dans le rôle de père, avant ils ne faisaient pas le job. Un homme ne changeait jamais une couche, ne se levait pas la nuit et c’était considéré comme normal. Beaucoup de mères allaitaient et ils se sentaient en-dehors du coup, certainement inutiles.

L’enfant ne se construit-il pas mieux avec deux mamans ou deux papas qui l’aiment très fort que dans une famille de parents hétérosexuels dont l’un est toujours absent, qui se déchirent et où la violence est un quotidien ? 

Ton roman insiste sur le fait que l’amour est plus fort que les liens du sang…

A mes yeux, les liens du sang ne sont pas aussi importants qu’on veut nous le faire croire. D’ailleurs, j’ai eu des retours très forts de la part de familles homoparentales et de familles homosexuelles. L’enfant ne se construit-il pas mieux avec deux mamans ou deux papas qui l’aiment très fort que dans une famille de parents hétérosexuels dont l’un est toujours absent, qui se déchirent et où la violence est un quotidien ? Moi-même je n’ai pas connu mon père qui est parti à peu de chose près à ma naissance, après m’avoir reconnue. On m’a longtemps embêtée avec cette question : « Comment as-tu fait pour te construire sans père ? » Et bien j’ai eu d’autres référents ! Je ne ressens ni haine ni amour pour cet homme qui ne fait pas partie de ma vie. Je n’ai jamais cherché à le retrouver et quand il a souhaité me rencontrer, cela ne m’a rien fait, si ce n’est de l’ennui.

Parles-nous aussi de tes autres facettes, tu as un compte instagram suivie par plus de 9000 followers… Te considères-tu comme une influenceuse ?

Pas vraiment ! A mes yeux les influenceuses ont toujours existé, dès la cour d’école. A l’époque, je n’en étais pas du tout une. Et puis soudain, peu après l’adolescence, surtout quand je suis devenue étudiante et que j’ai pu choisir la manière dont je m’habillais (auparavant j’étais dans une école privée où sont imposées des couleurs), des copines ont commencé à m’emprunter des fringues. Je pense que mon métier de journaliste y est pour beaucoup. J’ai voyagé très jeune, j’allais aux Etats-Unis, à Londres, car je travaillais pour le Silicon Media Group. J’ai vu venir la mode du No Logo avant qu’elle n’arrive en France. Je suppose que c’était inspirant pour celles qui m’entouraient.

Crédit photo : Roman Rigal

Aujourd’hui, pour quelle marque as-tu un coup de cœur ?

Sans hésiter Lancel ! J’adore leurs sacs et surtout je leur reconnais une identité forte. Il y a quelques années, ils s’étaient fourvoyés en cédant aux sirènes de la fabrication asiatique à moindre coût, ils fabriquaient des modèles très compliqués au niveau des couleurs et du design, ce n’était pas mon truc. Heureusement, ils ont rapatrié la création en Europe et se sont recentrés sur les modèles iconiques de la marque, très classiques mais avec une touche de modernité, ils sont revenus à leurs fondamentaux. C’est rare pour une marque de reconnaître ses erreurs et de les corriger. Quand j’ai observé ce changement de cap, je suis allée à leur boutique de La Madeleine acheter un petit sac de la ligne Pia, que j’adore, et j’ai partagé mon enthousiasme, sans doute un peu trop car on a voulu me présenter les responsables de la communication qui m’ont donné les détails de l’histoire que je viens de te raconter. On a passé des heures à discuter et comme j’ai un ami qui est aussi un photographe de talent, je me suis dit que ça serait une belle idée de faire certaines de mes photos de promo chez eux, avec des sacs que j’aimais. Entre nous, c’est une histoire de coup de cœur, nous n’avons aucun contrat, je ne suis pas rémunérée quand je poste des photos avec un sac Lancel.

On te voit aussi souvent avec des smokings de chez George Rech et Stéphanie Renoma ou plus récemment avec des vêtements de la jeune créatrice Karine Lecchi…

En 2015, j’ai fait des photos avec Stéphanie Renoma, qui est à la tête de sa marque de vêtements mais qui est aussi photographe, c’était pour Play Boy et ces photos étaient accompagnées d’un manifeste pour dénoncer les violences faites aux femmes. C’était une revendication forte et importante pour moi : les femmes ayant été agressées ont aussi le droit de se sentir féminines, sensuelles, sexy même. Depuis, j’ai appris à découvrir la marque Stéphanie Renoma qui fait des smoking pour femme que je trouve aussi bien taillés que nombre de modèles de chez Saint-Laurent. Elle me prête des tenues de temps à autres, des smokings pour des émissions par exemple. Apostrophe by Georges Rech, c’est comme pour Lancel, une histoire de hasard, de rencontres. J’étais allée m’acheter une robe pour le baptême de ma fille dans une de leur boutique parisienne et j’ai eu un énorme coup de cœur amical pour la directrice de l’endroit, Véronique. Cette boutique organise une à deux fois par an de beaux événements thématiques pour ses clientes. Nous avons donc décidé d’organiser une soirée ensemble en mettant à l’honneur les « Femmes de Talent ». Aujourd’hui, cette femme est une amie et j’avoue que mon penchant pour les créations Apostrophe n’a fait que s’aggraver ! Reste Karine Lecchi, encore une histoire de rencontre ! Leslie, une amie commune me l’a présentée et j’ai voulu alors voir ses créations, je suis tombée « en amour » comme disent les canadiens ! J’adore ses lignes très fluides, classiques et modernes à la fois ! Et puis je trouve ça tellement compliqué et courageux de se lancer dans l’aventure d’une nouvelle griffe alors qu’il en existe déjà tant ! Karine a lancé la sienne il y a deux ans, elle propose des choses magnifiques à des prix abordables, du coup j’avoue que j’ai craqué ! Autant dire que dans les semaines qui vont suivre, tu risques de me voir souvent en Karine Lecchi !

Le journalisme ne me correspond plus, ou c’est moi qui ne lui correspond plus, je ne sais pas ! Pour autant, évidemment que si on me proposait des chroniques ou un projet qui me ressemble, comme un observatoire de la place des femmes dans les médias, j’y reviendrai sans doute.

 Comment fais-tu pour avoir l’air toujours aussi jeune ?

(rires) Ma routine beauté est on ne peut plus simple depuis des années. Je me démaquille tous les soirs, quoi qu’il arrive… avec mon eau miscellaire de chez Bioderma. Matin et soir, j’applique une crème contour des yeux de chez Vichy et en ce moment, je mets une crème Dior, Sorbet jeunesse, que l’on m’a offerte. Je ne porte jamais de fond de teint, je me maquille les yeux avec un fard à paupières crème de chez MAC (Paint Pot, Tailor Grey) que j’estompe plus ou moins selon le moment de la journée. Basta ! C’est nécessaire et suffisant, mais ça n’empêche pas d’avoir une sale tête au réveil !

Mon petit doigt m’a dit que tu reprenais des cours de théâtre…

Exact ! J’ai repris des cours avec des comédiens en privé. Il y a longtemps, j’avais suivi les cours Florent et j’en garde un très bon souvenir. J’avais approfondi ma formation avec un comédien de la Comédie Française qui m’avait donné des cours particuliers à la demande de François Florent. Le journalisme ne me correspond plus, ou c’est moi qui ne lui correspond plus, je ne sais pas ! Pour autant, évidemment que si on me proposait des chroniques ou un projet qui me ressemble, comme un observatoire de la place des femmes dans les médias, j’y reviendrai sans doute. Il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai plus de ton eau ! » J’ai aussi écrit une pièce de théâtre et je cherche à la faire monter. Je suis en pleine mutation intérieure, en somme!

Prendre un papa par la main, Robert Laffont, 234 p., 19 euros.

 

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