Photographe et globe-trotteuse passionnée, Lucie Sassiat capture des instants volés aux quatres coins du globe et aime photographier les femmes qui l’inspirent au quotidien. Sa principale alliée ? La lumière, qu’elle apprivoise et révèle dans ses clichés poétiques. Dans le Prescripteur de Janvier, vous aviez découvert son dernier voyage à Shanghai. Lucie nous parle de ses prochains…
A quand remonte ta passion pour la photographie ?
Adolescente je collectionnais les photos que je découpais dans les magazines de mes parents, j’étais fascinée par les visages et les portraits. A 17 ans, j’ai eu ma première caméra vidéo, je filmais tout et je capturais des instants de la vie quotidienne, de mes amies. Puis mon père m’a offert mon premier reflex numérique : un 400D de chez Canon. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à pratiquer, je photographiais mes amis comédiens, leur pièce de théâtre et petit à petit je créais des mises en scène et les demandes ont commencé. Cet attrait s’est révélé devenir une passion et d’une passion, un métier. Je n’ai pas fait d’école, ni de formation. Je me suis formée en pratiquant et en dépassant mes limites au fur et à mesure.
Te souviens-tu de ton tout premier appareil ?
Je me souviens d’un petit appareil argentique électronique, un Nikkor je crois et bien évidemment j’avais toujours droit à un appareil photo jetable en vacances. J’ai d’ailleurs gardé toutes ces photos qui sont rangées sagement dans des albums chez mes parents, on peut y voir mes colonies de vacances, mes classes de neige et mes proches de cette époque. C’est hyper rigolo de voir comment je photographiais le monde à cet âge.
Quels ont été tes premiers sujets photo ?
J’adorais photographier les visages, j’avais et j’ai encore aujourd’hui une adoration pour les regards. Tous mes amis y passaient ! Et puis au fil des rencontres j’ai commencé à proposer aux jeunes femmes qui m’inspiraient de poser pour moi.
Les héroïnes de mes images ont une histoires à raconter, du chagrin ou des rires plein la tête. Je crée un lien avec chacune d’elle, je les connais.
Les femmes sont justement ton premier sujet de photographie. Que cherches-tu à capter ?
Je photographie les femmes oui, leur visage et leur corps. Les héroïnes de mes images ont une histoires à raconter, du chagrin ou des rires plein la tête. Je crée un lien avec chacune d’elle, je les connais. Nous échangeons sur nos vies, sur notre vision du monde. Je suis inspirée par ce regard, cette place dans le monde et la façon de s’y mouvoir. Une posture ou un regard en dit long, il faut aller au-delà de l’enveloppe corporelle. Je plonge littéralement dans leur regard.
Te souviens-tu d’un shooting ou d’une rencontre particulière qui t’as marquée ?
Si je devais en citer une seule, cela serait ma rencontre avec la comédienne Flore Bonaventura, nous nous sommes rencontrées il y a dix ans et nous avons énormément travaillé ensemble. Nous avons notamment réalisé en 2014 la série “Itinéraire d’un enfant fantôme”, dix tableaux mis en scène, d’un monde entre ombre et lumière. J’ai travaillé la lumière avec Alfredo Altamirano, un directeur de la photo cinéma.
Quelle femme rêverais-tu de photographier ?
Louise Bourgoin, Caroline de Maigret, ou encore soyons fous Nathalie Portman. Toutes ces femmes ont une allure et un regard qui me troublent, qui m’inspirent.
La lumière est essentielle dans ton travail. Quelle rapport entretiens-tu avec elle ?
La lumière c’est la vie, sans lumière il n’y a pas d’image. Je joue avec elle et ne peux rien faire sans, elle est mon principal outil. Je travaille avec le rayon de la lumière naturelle de manière graphique et joyeuse, c’est un challenge à chaque instant et composer avec elle est vraiment excitant.
Tu as partagé les photos de ton voyage à Shanghaï dans Le Prescripteur de janvier. Qu’as-tu cherché à capter dans cette ville ultra-urbanisée ?
La photo reportage est une pratique qui m’effraie, photographier des inconnus dans une ville et voler des instants est un challenge énorme pour moi. J’avais beaucoup d’appréhension quant à cette ville et il s’est avéré qu’il est très facile de photographier les gens dans la rue contrairement à New York ou Tel Aviv. Ils sont absorbés par leurs téléphones et sont tellement habitués aux objectifs, aux téléphones qu’ils ne nous voient même plus. J’ai donc pris énormément de plaisir à photographier les Chinois et Shanghaï.
Il est très facile de photographier les gens dans la rue contrairement à New York ou Tel Aviv. Ils sont absorbés par leurs téléphones et sont tellement habitués aux objectifs, aux téléphones qu’ils ne nous voient même plus. J’ai donc pris énormément de plaisir à photographier les Chinois et Shanghaï.
Quel voyage t’a donné l’occasion de réaliser tes plus belles photos ?
Je pense à l’Ecosse et notamment l’île de Skye, qui fût l’un de mes voyages préférés, les paysages sont incroyables, tout y est photogénique ce qui donne une impression grandiose de liberté.
A Détroit également, je suis passionnée d’Urbex et j’ai donc eu l’occasion d’explorer plusieurs lieux abandonnés comme une église, usine, école ou encore une station de radio !
Quand et où repars-tu à l’aventure ?
Début février, je pars 4 jours à Berlin découvrir de nouveaux lieux d’urbex. J’y vais tous les ans car c’est une des rares villes d’Europe où je m’y sens si bien qu’elle me manque tout le temps. En mars, je pars en résidence dans l’oasis de Guelmin au Maroc avec l’une de mes amie artiste Marion Lécrivain, avec qui j’ai réalisé un film en 2016 “Les Errances d’une femme” à Marrakech et Tanger. C’est dans la continuité de ce travail que nous partons. Et puis en août je pars en Jamaïque. Entre temps il est possible que mon travail m’emmene en Israël encore et peut-être même en Australie mais c’est une affaire à suivre…
Pour nos lectrices parisiennes, Lucie Sassiat expose ses photos de voyage du 4 au 22 février au Studio Bliss 70 Rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris. On s’y retrouve ?