Vous l’attendiez, elle est de retour : la nouvelle érotique de l’été à dévorer sous le parasol, sous vos draps ou à l’abri d’un arbre… que vous soyez en vacances ou au bureau ! Cette année encore, l’auteur Fabien Muller revient avec une nouvelle exclusive en 4 chapitres ultra courts écrite spécialement pour vous. Prête à découvrir « A l’ombre des Oliviers » ? On vous révèle aujourd’hui le chapitre 2…
Vous avez manqué un chapitre ? Retrouvez toute la nouvelle érotique « A l’ombre des oliviers ».
Texte de Fabien Muller – Illustrations de Léa Taillefert pour Le Prescripteur
A l’ombre des Oliviers – Chapitre 2 (nouvelle érotique)
Cela fait plusieurs kilomètres que mon GPS est à l’agonie. Aucun des sentiers que j’emprunte ne semble appartenir à une quelconque carte routière. Pour lui, je suis au milieu des champs. Champs que je traverse à la vitesse respectable de 50 kilomètres par heure dans une fiat 500 blanche. Je dirais bien aux vaches de faire gaffe mais il n’y a rien d’autre aux alentours que ma solitude désorganisée.
Je m’en veux. D’habitude j’imprime tout un tas de feuilles, détaillant les lieux où je dois me rendre, mon planning sur plusieurs jours et les rues entourant le lieu où je suis censée me rendre afin de pouvoir me repérer. Mais là, rien. Je suis partie sans filet en comptant sur ma bonne étoile (elle doit bien se fendre la poire à l’heure qu’il est).
Je suis seule. Et perdue.
Et quand bien même je croiserais un autochtone, considérant que je ne connais pas un seul mot d’italien – à l’exception notable d’arrivederci, ce qui me permettra tout au plus de soigner ma sortie –, je ne sais pas quel langage nous pourrions inventer pour nous comprendre.
Ceci dit, maintenant que j’y pense, il semble me souvenir que les Italiens parlent avec les mains.
J’opte finalement pour l’arrêt et ma petite voiture se stationne dans un nuage de poussière. C’est en toussant que je m’extrais de l’habitacle, cherchant des yeux un repère quelconque dans cet univers d’oliviers et de routes terreuses.
Je suis à l’entrée d’un village qui paraît endormi. La chaleur n’est pourtant pas des plus terrassantes mais l’atmosphère invite à la dolce vita (finalement, je connais trois mots d’italien) voire à l’oisiveté.
Il est 15h et la région entière semble faire la sieste.
Mon téléphone capte un réseau de manière intermittente. Je constate qu’il n’a plus beaucoup de batterie.
Si je fumais, je pense que ce serait le bon moment pour allumer une cigarette. Afin de faire le point. Malheureusement, je ne suis accro à rien (si ce n’est les mauvais plans).
La propriétaire du trullo m’a avertie qu’ici tout passait par Mario. Un gars du coin qui est une sorte de concierge de la ville. Quand je n’ai plus d’eau dans la cuve, j’appelle Mario. Si j’ai un problème d’électricité, j’appelle Mario. Si mon évier est bouché, j’appelle Mario. Je me demande si je peux l’appeler quand j’ai envie de sexe.
Je compose son numéro (car je suis perdue, pas parce que j’ai envie de sexe).
Je prononce quelques phrases dans un anglais approximatif et, étrangement, il semble comprendre. Je raccroche, incertaine.
J’ouvre le coffre de la voiture de location, à la recherche de ma valise et sors un grand chapeau. Après quelques minutes, je le trouve finalement et me relève.
Je crie de surprise.
Un homme est à quelques centimètres de moi en contre-jour. Je m’agrippe au coffre de la Fiat 500 par réflexe, prête à saisir tout ce qui me tombera sous la main au cas où le monsieur tenterait de se rapprocher un peu plus.
— Mario, dit-il soudain avec un accent rocailleux, tout droit sorti d’une nouvelle de Lovecraft.
Je me détends en une demi-seconde et souris de ma bêtise.
Je ne sais par quel miracle il m’a retrouvée mais il est là. Peut-être m’a-t-il retrouvée car je suis la seule personne éveillée des Pouilles, qui sait.
Il monte à la place du passager. Je l’observe en démarrant la voiture. Il est vieux. Noueux comme un arbre centenaire, la peau parcheminée comme s’il avait été croisé avec un Sharpey. Je pense que bien repassé, il doit faire dans les neuf mètres. Il ne parle pas. Il fait des signes en bougonnant.
Je suis ses indications et après deux ou trois embranchements, je me retrouve sur un sentier fait de pierres. Plusieurs maisons caractéristiques de la région sont situées de chaque côté et, une fois au bout du chemin, il me fait signe de tourner sur la droite.
J’entre alors sur un immense terrain au bout duquel un trullo se détache. A côté de celui-ci, une piscine recouverte d’une bâche. Nous nous garons devant un barbecue en pierres et Marie saute littéralement de la voiture. Il saisit la bâche et la roule sur le côté avec application.
Je sors à mon tour et me dirige vers ce que j’identifie comme étant la porte d’entrée, à l’ombre d’une pergola recouverte de végétation.
Mario me prend les clefs des mains avec autorité et déverrouille la porte. Il se dirige vers le boîtier électrique, met le courant, fait marcher tous les robinets, ouvre les volets. Au bout de cinq minutes, il semble satisfait, me fait un signe de la tête et s’en va à pied, sans un mot.
L’accueil à l’italienne, j’imagine.
Je suis posée sur la terrasse à siroter un café afin de me familiariser avec les lieux. La propriétaire est du genre prévoyant et la cafetière à l’italienne était accompagnée de sa notice (mettre le café jusqu’à la marque, tasser, mettre de l’eau dans le réservoir mais pas trop haut, visser, mettre sur le feu et arrêter lorsque cela commence à déborder). Le café produit ainsi est étonnamment bon et puissant. Je ferme les yeux, je hume son odeur et j’ai le sentiment d’être ailleurs. Ce qui tombe bien, vu que c’est le cas (la vie est bien faite).
Afin d’éviter de sombrer totalement (je ne suis pas là pour rigoler tout de même), je me lève et entreprends de faire le tour de l’immense terrain qui entoure le trullo.
Quelques pas dans le jardin me permettent de constater que les figues ne sont pas encore mûres mais qu’elles sont en nombre. Il y aussi des figues de barbarie qui constituent une sorte de haie irrégulière avec la propriété d’à côté. Cependant, la taille des épines qui recouvrent les cactus ne me donne pas très envie de tester leur goût (je ne suis pas sûre de vouloir expérimenter l’acupuncture du coin). Je reviens sous la pergola et relis pour la cinquantième fois la liste des tâches qui me sont assignées pour ce séjour :
- S’assurer de la propreté de la maison
- Nettoyer la piscine (cf. notice), enlever la bâche pour la laisser respirer
- Changer la bonbonne de gaz (vider le gaz s’il en reste dans la bonbonne actuelle !!)
- S’occuper des plantes (cf. notice spécifique), sauf les oliviers (une personne du village s’en charge)
- Nettoyer le barbecue et le faire fonctionner au moins une fois
- Passer à la blanchisserie laver les draps actuellement utilisés
- S’assurer du bon fonctionnement de l’électro-ménager
- Demander à Mario de remplir la cuve à eau
- Etc., etc.
S’ensuit une liste de produits alimentaires de base qui doivent être présents dans le Trullo à mon départ. La liste est basique, même si certains éléments interrogent (qui a besoin, par exemple, de deux boîtes de cure-dents et d’un distributeur de baies roses ?). La note se conclut par quelques instructions pour se rendre dans la ville la plus proche, San Michele.
Tandis que je suis absorbée dans ma lecture, un mouvement en périphérie de mon champ visuel me fait lever la tête. Je scrute les environs mais je ne distingue rien au loin que quelques amandiers dont les branches oscillent au gré d’un vent sec. Ils sont sur le terrain voisin.
Je traverse les quelques dizaines de mètres qui me séparent de ces arbres et traverse ce qui sert de haie de séparation à la faveur d’un trou dans la végétation. Je distingue alors la maison d’à côté. Elle semble inoccupée, les volets sont fermés mais le terrain est étonnamment bien tenu. Je m’approche d’un amandier dont les branches tombent relativement bas et saisit quelques coques. De l’autre côté du terrain, je vois un autre terrain où le trullo semble abandonné, une partie étant même détruite. Cela éveille ma curiosité et je me dirige dans la direction du terrain isolé lorsque je le vois.
Instinctivement, je me dissimule derrière un olivier conséquent et me positionne de sorte à observer l’homme qui est à seulement quelques dizaines de mètre de moi.
Il est immobile et regarde en l’air. Il est sous un grand olivier et a un outil à la main, comme un sécateur immense et ouvert.
Lorsque l’on croise un homme à cette distance, la première et la seule chose dont nous pouvons prendre connaissance est l’expérience physique qu’il nous procure. Il est donc grand et a de longs cheveux bruns. Je ne saurais lui donner un âge à cette distance. Il m’apparaît beau. Ou peut-être est-ce que je souhaite qu’il soit beau et mon cerveau rétablit les imperfections qui me sauteraient aux yeux si j’étais seulement à quelques centimètres de sa peau. Mon propre épiderme me démange subitement et j’ai chaud.
Je le vois saisir une échelle puis commencer à grimper deux barreaux. Finalement les redescendre. Il plante son sécateur dans le sol d’un geste vif. Seul son avant-bras a bougé avec célérité. Il enlève alors sa chemise blanche et l’accroche à une branche. Je peux voir ses muscles dorsaux saillir et sa peau luire au soleil. Une sensation de chaleur que je n’ai aucune envie de réfréner m’envahit de plus en plus tandis que mes joues me brûlent légèrement.
L’homme se met à sectionner lentement des branches de-ci de-là, sans qu’il ne semble y avoir aucune logique à son action. Cela ressemble plutôt à un ballet. Les muscles de ses bras et de son dos ont un effet hypnotique sur moi.
Je laisse ma main tomber le long de ma cuisse et soulève l’étoffe de ma jupe qui recouvre ma jambe. Je touche ma culotte et sens mon sexe palpiter sous le coton. Tandis que je caresse mon clitoris à travers le tissu, l’homme descend de nouveau de l’échelle et la repositionne de sorte que je le vois de profil et aperçois son torse bouger au rythme de la taille qu’il effectue sur l’olivier. N’y tenant plus, j’écarte ma culotte et glisse un doigt en moi, laissant échapper un très léger soupir. Je ferme une demi seconde les yeux, cherchant à éprouver toute l’intensité de l’excitation qui me parcourt et pour humer à pleins poumons l’odeur du bois et de la terre qui submerge mon odorat depuis quelques minutes. Je sens le désir monter en moi et une vague arriver que rien ne pourra plus arrêter.
Tout à coup, l’homme tourne la tête dans ma direction, je me recule instinctivement, même si je suis sûre qu’il lui est impossible de m’apercevoir. Je bute alors dans une grosse pierre et tombe en arrière. Mes fesses atterrissent droit sur ce que j’identifie comme un cactus de dimension moyenne mais aux épines suffisamment pointues pour qu’elles entrent de quelques millimètres dans mon séant. J’étouffe un cri en me mordant le poing et me roule par terre afin de me dissimuler à la vue de l’homme. Sans aucune raison, je me mets à pouffer de rire et de douleur (Dieu que j’ai mal aux fesses !).
Lorsque finalement je me relève, le terrain est vierge et plus aucun apollon n’égaye l’oliveraie.
Envie de lire la suite de la nouvelle érotique « A l’ombre des oliviers » (petite coquine) ?
- Chapitre 3 « A l’ombre des oliviers » – Disponible le 2 août à 18h
- Chapitre 4 « A l’ombre des oliviers » – Disponible le 2 août à 18h