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Adi Oasis, bassiste badass à suivre d’urgence !

Adi Oasis, bassiste badass à suivre d'urgence ! le prescripteur interview crédit photo zoe fidji lotus glow adonis

On vous en parlait en mars dans notre numéro papier, on vous dévoile ici notre échange avec Adi Oasis ! A 19 ans, Adi quitte la France pour tenter sa chance à New York. Là-bas, celle qui voulait aller à la source de la soul et du rnb, se met à jouer de la basse. Son premier album, LOTUS GLOW, raconte ses racines et son histoire : celle d’une femme, métisse, émigrée au Etats-Unis pour vivre son rêve. Un album planant, politique et militant.

Comment t’es-tu mise à la basse ?

Par hasard ! Un jour, on s’est fait planter par un bassiste avant un concert et mes acolytes de mon groupe de l’époque m’ont demandé de le remplacer, vu que je jouais de la guitare. Ces deux instruments n’ont rien à voir, même s’ils se ressemblent ! Mais l’idée m’a plu, j’avais l’impression de parler italien et de devoir apprendre l’espagnol : ce sont deux langues différentes aux racines communes. J’ai commencé à jouer de cet instrument et j’en suis tout de suite tombée amoureuse. 

Tu as fait partie de deux groupes avant de te lancer en solo. Quel a été le déclic ?

La mort de Prince ! Ca m’a mis une énorme claque.

Jouer avec Prince était l’un de mes buts principaux dans ma vie d’artiste. J’étais persuadée que ça allait arriver. Et ce rêve s’est envolé à sa mort. Je me suis dit que je n’avais plus de temps à perdre.

Adi Oasis, Le prescripteur

Je ne voulais pas avoir de regret, alors j’ai quitté mon dernier groupe de disco qui fonctionnait très bien, et je me suis lancée.

Ton album s’appelle « LOTUS GLOW » : métaphore d’une fleur qui éclot de la boue. Il s’ouvre sur la compo’,  « LE DÉPART ». C’est ce qu’il représente pour toi ? 

Oui, cette chanson représente mon départ de Paris à New York, à 19 ans, pour tenter ma chance. Ma motivation pour partir là-bas était de trouver mon style musical, mon identité, d’aller à la source de la soul et du rnb. Finalement j’y ai trouvé la funk et le jazz. Je voulais que l’album commence par cela : ce moment clef de ma vie où je suis assise dans l’avion.

Adi Oasis, bassiste badass à suivre d'urgence ! le prescripteur interview crédit photo zoe fidji

Adi Oasis – Crédit photo @zoefidji pour Le Prescripteur

L’album revient sur ton histoire familiale. Tu consacres une chanson à ta grand-mère Sidonie. Que voulais-tu dire d’elle ?

Sidonie est ma grand-mère maternelle qui est du Lote, dans le Sud de la France. Cette chanson est un hommage à mes racines car la famille de ma mère a vécu dans la même ferme depuis le XIXème siècle au moins ! C’est un endroit sacré pour moi. Sidonie est la dernière personne à y avoir vécu et elle m’a apporté beaucoup d’amour en grandissant. J’étais obligée de parler d’elle et de cet endroit qui m’est le plus cher au monde !

Tu parles aussi de ton père originaire des Caraïbes dans THE WATER. Que t’a-t-il transmis ?

J’ai voulu enregistrer ma famille parler, car je voulais avoir du créole dans mon album, une langue avec laquelle j’ai grandi, qui a marqué mes souvenirs de vacances en été avec tous mes cousins ! Ce qu’on entend dans cette chanson, c’est mon père qui raconte des blagues à ses frères et sœurs, c’est très musical. Il faut savoir que nous venions de perdre ma grand-mère, 98 ans, et que toute la famille était réunie pour la première fois depuis longtemps pour célébrer sa longue vie passée…

Ton album est aussi résolument politique ! Red to Violet est un feat avec Jamila Woods : un morceau inspiré par Ketanji Brown Jackson, juge à la cour suprême. Comment s’est passée votre collaboration ?

Je suis fan de Jamila Woods depuis longtemps. Elle a beaucoup écrit sur la condition des Noirs aux États-Unis. J’avais écrit le refrain et mon couplet, je le lui ai envoyé pour qu’elle écrive le sien. Dès que je l’ai entendu, je me suis mise à pleurer. J’avais écrit cette chanson avant que Ketanji Brown Jackson ne soit élue à la cour suprême.

On avait envie de partager l’idée que c’est à notre tour, en tant que femme de couleur et femme en général ou personne marginalisée, de saisir notre chance. On est légitime aux positions de pouvoir !

Adi Oasis, Le prescripteur

Ton parcours est lui aussi politique : femme métissé émigrée, dans l’univers de la musique, et qui joue de la basse, un instrument souvent joué par des hommes… Est-ce que cela fait de toi une militante ?

Je me vois comme féministe, militante je ne sais pas car je ne suis pas active chaque jour ! Et puis je ne pense pas que tous les artistes doivent le faire d’ailleurs.


Il est clair que lorsque je raconte mes expériences, il y a eu beaucoup de moments dans ma vie où l’on m’a fermé des portes parce que j’étais une femme, métisse, émigrée. C’est en cela que mes chansons deviennent, par nature, politiques et militantes.

Adi Oasis, Le prescripteur

Adi Oasis – Crédit photo @zoefidji pour Le Prescripteur

Ma chanson préférée est ADONIS, un feat avec KIRBY. Peux-tu me raconter l’histoire de cette chanson ?

Cette chanson a commencé par l’instrumental. J’aimais tellement la mélodie que j’avais du mal à écrire dessus. Je savais que je voulais travailler avec KIRBY sur cet album et j’ai senti que cette chanson était pour elle. On a parlé de l’album dans sa globalité : ce qui lui manquait, c’est une chanson sur l’amour-propre ! On a donc écrit une conversation entre deux femmes qui s’encouragent, c’est un appel à la sororité.

Tu envisages de chanter en français dans l’avenir ?

C’est une très bonne question, car je me demande beaucoup si la musique du français est compatible avec la funk. Ce n’est pas si évident ! J’ai essayé sur The Water et Sidonie de placer un peu de français… Je pense que je vais devoir adapter mon répertoire, mais j’ai envie de chanter de plus en plus en français. J’ai quelques idées… 

Tu as changé de nom de scène depuis 2022. Que signifie ADI OASIS pour toi ?

Ça a été comme un saut en parachute ! Je voulais changer mon nom depuis très longtemps, car je ne voulais pas m’appeler Adeline en tant qu’artiste, mais j’avais peur de perdre le petit public que j’avais à l’époque et surtout je n’avais pas encore trouvé mon identité. J’ai attendu de trouver ma voie musicale. Ce n’est pas par hasard si c’est arrivé en pleine pandémie : je faisais beaucoup de méditation et j’ai réalisé, encore plus qu’avant, que les choses avancent en période aride. C’est la définition d’une oasis !.

Je ne pouvais pas terminer cette interview sans te parler de ton style ! Quelle allure ! La mode est, comme la musique, un moyen d’expression pour toi ?

Oui, c’est complètement un mode d’expression pour moi, presque comme la musique, et ce, depuis longtemps ! Quand j’étais enfant, tous les mercredi après-midi, et tous les dimanches quand on n’avait pas chorale avec mon frère, on se déguisait. J’ai toujours été fascinée par les tenues des artistes. Je ne suis pas d’accord avec l’idée répandue, notamment dans le jazz, qu’un bon musicien ne se préoccupe pas de son style vestimentaire. Ça n’a rien à voir ! Miles Davis est le meilleur musicien né sur Terre et il avait un style dingue, Jimmy Hendrix pareil… Pour moi, le vêtement devient cette carapace qui permet de te connecter à ton personnage de scène ! 

Suivez Adi Oasis sur Instagram @adioasis

Retrouvez Adi Oasis sur scène en France : le 5 juillet à Vienne et le 8 juillet à Nice !

Adi Oasis – Crédit photo @zoefidji pour Le Prescripteur

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