C’est une pépite qu’on écoute en boucle sans parvenir à s’arrêter. Amber Mark a sorti son tout premier EP “3.33AM” et depuis c’est la passion pour sa musique métissée : un r&b alternatif flirtant avec la soul et les sonorités tribales. 6 morceaux entêtants qui retracent 6 sentiments traversés par la toute jeune fille (23 ans seulement !) après le décès de sa maman. Ne sortez pas les mouchoirs, ce n’est pas ce qu’elle souhaite vous faire entendre…
Amber Mark est née dans une ferme du Tennessee d’un papa jamaïcain et d’une maman allemande. Elle a passé une grande partie de son enfance entre Miami, Berlin et l’Inde où sa maman, danceuse convertie en artiste-peintre, s’est initiée à la peinture thangka, caractéristique de la culture bouddhiste tibétaine. Très vite son attrait pour la musique prend forme et s’éveille en Inde justement, où les bruits des tambours et le konnakol lui font réaliser que son avenir est dans la musique.
Quelques années plus tard, sa maman dont elle était très proche décède. De cette terrible perte, naîtra 3.33AM, son tout premier EP inspiré des sentiments éprouvés lors de cette terrible épreuve. Des textes durs mais des sonorités entrainantes qui donnent curieusement le sourir et l’envie d’aller de l’avant. Rencontre avec un jeune talent à suivre.
Propos traduits de l’anglais.
Si vos écouteurs sont à porter de main, démarrer votre lecture en écoutant cette petite merveille :
Tu as beaucoup voyagé étant petite, tu as vécu à Berlin, en Inde maintenant à New York. Où es ta véritable maison ?
J’ai vécu dans tellement de villes étrangères que c’est toujours difficile pour moi de dire d’où je viens vraiment. Mais si je devais additionner tous les mois et toutes les années passés dans chacun de ces endroits, New York est la ville où je suis restée le plus longtemps.
Tu as dit que l’Inde était le pays où tu étais tombée amoureuse de la musique. Te rappelles-tu comment cela t’es tombée dessus ?
Je pense que tout a commencé avec les percussions et les chants classiques indiens. J’étais attirée par le Konnakol qui est une manière très rythmée de chanter. C’est aussi à ce moment-là que j’ai énormément écouté Ella Fitzgerald, je pense du coup que le konnakol me rappelait beaucoup cette forme de jazz qu’est le scat. Avec cela m’est venue évidemment cette passion pour le tabla (ndlr : instrument de musique à percussion de l’Inde du Nord) car le konnakol était aussi utilisé comme une forme de langage entre le chanteur et le tabla.
“3.33” est ton premier EP. Il est l’expression des sentiments que tu as traversés après la perte de ta maman. Ta première chanson S.P.A.C.E dans laquelle tu parles de ton besoin d’isolement a été inspiré par ta soeur. Raconte-nous sa genèse.
J’avais déjà commencé à composer et j’essayais depuis longtemps d’écrire quelque chose sur ma mère. S P A C E a été la première chanson que j’ai écrite, produite et surtout terminée ! Au départ je souhaitais écrire une chanson sur ma mère et pendant le processus d’écriture, je me suis fortement disputée avec ma soeur à propos de mon besoin d’isolement, c’est cela qui a été le déclencheur de cette première chanson.

Tu as sorti 6 chansons qui correspondent à 6 sentiments que tu as traversé. Peux-tu nous les décrire ?
La chanson “Regret” traite évidemment du regret, “Lose my cool” de la colère, “S P A C E” du besoin d’isolement, “Monsoon” de la tristesse, “Can You Hear Me” de ces gros questionnements qui m’ont traversée et de la question de la foi et “Way Back” parle de l’après, comment surmonter tout cela.
Tu portes les vêtements de ta maman quand tu montes sur scène. En quoi cela influence ta performance ?
Cela me fait sentir plus proche d’elle. Mais je n’en porte pas systématiquement. Son style était très coloré avec des oranges, des jaunes, et des rouges alors que je reste principalement en noir ! J’ai réussi à trouver quelques pièces que je continue de porter pour accentuer mes tenues.
Je n’aime pas que l’on m’écoute c’est pourquoi mes meilleures chansons sont nées la nuit.
Dirais-tu que 3.33AM a été une sorte de thérapie de deuil pour toi ?
Oui complètement. Mon EP et écrire en général est une thérapie pour moi. Cela m’a réellement aidé à libérer les émotions que j’avais en moi.
Tu ne voulais pas d’un album triste mais plutôt des chansons aux sonorités qui transportent. Comment définirais-tu ton style de musique ?
Je suis une grande admiratrice de Mickael Jackson, Sade, A Tribe Called Quest, Prem Joshua, Gabriel Garzon-Montano ou encore Gotye. Même si je ne sais pas bien quel genre de musique j’ai envie de donner aux gens, ni quels sujets j’ai envie d’aborder, je sais simplement que je veux composer une musique qui me fait ressentir quelque chose. Quand mes émotions, qu’elles soient joyeuses ou tristes, sont intensifiées par une chanson que j’ai créée ou que j’ai écoutée, je sens que c’est une bonne mélodie.
Tu as dit “J’aime écrire la nuit car c’est le moment où je me sens le plus seule”. La solitude aide ta création artistique ?
Je me sens très seule la nuit et grâce à cette solitude, je peux laisser mon « moi bizarre et créatif » s’exprimer ! Je n’aime pas que l’on m’écoute c’est pourquoi mes meilleures chansons sont nées la nuit.
Après des expériences décevantes avec des producteurs, tu as décidé d’écrire et de produire toi-même ta musique. As-tu trouvé la liberté artistique que tu recherchais ?
Absolument. Personnellement, j’ai le sentiment qu’il n’y a pas de compromis possible en création. Cependant, j’ai encore beaucoup à apprendre sur la production et je continue de m’entourer de producteurs incroyables pour mon travail. J’essaie de ne pas bouder ces expériences-là et puis j’apprends toujours plus dans un studio avec d’autres producteurs que seule.
Comment vois-tu ton futur dans la musique ?
Je veux juste pouvoir continuer à créer la musique que j’aime et m’entourer des personnes qui comptent émotionnellement pour moi.
Viendras-tu en France bientôt ??
Haha ! J’adorerais et c’est en pourparlers ! Donc j’espère que ce sera pour cette année.
On espère aussi… En attendant, pour écouter ses morceaux, c’est ici et pour la suivre sur Instagram, c’est là !
Et on vous en met une petite dernière…