On est tombé par hasard sur son Instagram et on a été séduite par son univers romantico-anglais qui remet la fleur sur le devant du bouquet. Rencontre avec Morgane, fondatrice des Ateliers Prairies, dans son chez-elle complètement Pinterest…
Tu es fleuriste de formation ?
A l’origine pas du tout ! J’ai fait des études de lettres et de communication. J’ai travaillé en production pour l’agence d’architecture de Philippe Starck, une expérience incroyable car l’agence a des projets fantastiques ! Malheureusement, mon métier restait assez administratif et j’ai senti que j’avais besoin d’un métier beaucoup plus créatif.
C’est naturellement que tu t’es dirigée vers la fleur ?
Oui, j’avais toujours aimé cela. J’ai suivi une formation pour adulte pendant 1 mois pour être fleuriste. Puis j’ai fait énormément de stages pour me former sur le terrain. Notamment chez Debaulieu, un fleuriste à Paris qui m’inspire beaucoup. A l’époque on me regardait avec des grands yeux quand je disais que je voulais devenir fleuriste, car c’était beaucoup moins à la mode qu’aujourd’hui.
Tu n’as pas voulu te lancer directement en boutique…
Non. Je veux plutôt faire de l’événementiel. C’est génial d’avoir une boutique mais c’est un autre métier, la vente au quotidien. Je suis très attirée par la scénographie d’un événement. Et puis le problème de la fleur, c’est que parfois j’achète des variétés au prix que les gens mettraient déjà en boutique ! C’est difficile de ne pas dépasser le prix psychologique par la suite. C’est un produit de luxe. On n’en a pas spécialement besoin. L’événementiel s’y prête mieux.
Où vas-tu chercher tes fleurs ?
Je me fournis en fleurs à Rungis. L’offre est assez uniforme, mais je traque les petites nouveautés. Je n’ai donc pas un fournisseur en particulier. Je cherche partout tout le temps !
Tu as une méthode pour construire tes bouquets, jouer sur les textures, les couleurs ? Quel est ton secret ?
Je n’ai pas de règles pour réaliser mes bouquets. Je me donne des petits thèmes de couleurs et puis c’est tout. J’essaie de trouver des associations qu’on ne voit pas toujours, d’oublier ce que j’ai appris à l’école des fleuristes car je veux m’affranchir du “bouquet rond de roses avec une petite feuille entre les deux”. On ne regarde plus les fleurs dans ce genre de bouquets. La rose a été trop standardisée, on ne la regarde presque plus. Le métier de fleuriste était presque devenu ringard je trouve. Aujourd’hui, il y a un vrai engouement et une vraie recherche.
Comment décrirais-tu ton style ?
J’aime les choses romantiques. Le style anglais. Le style qui retombe.
Où puises-tu tes inspirations ? Sur les réseaux sociaux ?
Instagram me permet surtout de veiller. Mais on voit beaucoup la même chose. Pour m’inspirer, je regarde beaucoup dans l’art les tableaux de fleurs. Les peintres ne sont jamais dans le bouquet rond, mais dans les fleurs qui vivent, qui tombent. J’aime bien ce que font les peintres flamands et le travail d’Odilon Redon qui a peint beaucoup de végétal. C’est très onirique et pastel. L’architecture m’inspire aussi pour équilibrer les matières et les couleurs. Mais je ne suis pas artiste ! Ce sont les fleurs qui sont belles. (ndlr : on va la laisser dire 😉 ).
On a l’impression que tu casses les codes de la fleur…
Je pense qu’on a trop longtemps caché le végétal. Je ne supporte pas quand des fleuristes mettent des paillettes et des fausses coccinelles sur les feuilles de leurs bouquets ! J’ai envie qu’on puisse re-regarder les fleurs. Et c’est la façon dont elles sont arrangées qui les met en valeur.
Ta fleur préférée…
Le dahlia, la variété tête de lion, ce sont des fleurs énormes ! J’aime les fleurs très pétales et généreuses aussi, comme les pivoines. Mais c’est dur de te donner mes fleurs préférées, c’est comme choisir entre ses enfants. (rires)
La fleur que tu n’aimes pas beaucoup…
Je n’aime pas du tout le freesia, il sent bon mais la tige crisse et je n’aime pas ça !
Le bouquet pour demander pardon…
En fait j’ai envie de casser le cliché du fleuriste qui propose la rose rouge à la Saint Valentin. Si on veut renouveler ce métier, il faut s’affranchir de cela. Pour un mariage, on n’est pas obligé de faire du blanc et du pastel. Il faut juste faire le bouquet qui nous touche. Il y a énormément de végétaux, faisons-leur honneur !
Le bouquet de ton enfance…
Les dahlia de ma grand-mère. Mes grands parents habitent à l’île d’Oléron. Au mois de février il y a la fête du mimosa ! J’aime la nature en général, ce qui manque à Paris ! C’est pour cela que chez moi il y a beaucoup de fleurs séchées. J’ai remarqué que les gens ont envie d’avoir des choses qui durent, alors j’essaie des techniques pour stabiliser les fleurs. Mais le séchage n’est pas possible pour tous les végétaux, il faut expérimenter. Il faut attacher son bouquet et le faire sécher la tête en bas, je teste plein de choses chez moi !
Tu ne regrettes pas d’avoir changé de métier ?
Le travail artisanal est dur. Quand on travaille les fleurs, il fait froid car les fleurs doivent rester au froid. Mais je n’ai aucune envie de retourner derrière mon bureau. Le métro-boulot-dodo, c’était plus possible !
Tes futurs projets ?
Je n’arrive pas encore à vivre de P R A I R I E S. J’ai lancé cette grande reconversion pour vivre de cela mais j’ai conscience que je ne roulerai pas en Porsche grâce aux fleurs ! Et en même temps, ce n’est pas mon but. J’ai deux ateliers à venir : j’anime un atelier couronnes végétales chez SEIZE (16 rue de Crussol – Paris) le 11 décembre et je fais une vente de couronnes et de décorations végétales au Etsy Made In France les 26 et 27 décembre à Elephant Paname. Je réfléchis à d’autres ateliers, car je sens une vraie demande des gens de réaliser des choses avec leurs mains.