A celles qui rêvent au futur/à la fin de la pandémie, on vous propose un voyage mental vers le soleil, la vie et les amis, avec le nouvel album du duo électro Booka Shade. Parfaitement intitulé « Dear Future Self » (« Cher Moi du Futur »), il nous embarque vers un avenir qui a réussi à transformer les ombres en lumière (sonore) sans pour autant les renier. Une bonne façon d’entamer notre propre sortie bien accompagnées…
Booka Shade, un duo à toute épreuve
Booka Shade, c’est le duo incontournable de l’électro/deep house allemande des 25 dernières années, composé de Walter Merziger (clavier, 50 ans) et d’Arno Kammermeier (batterie, 52 ans). A la fois musiciens, producteurs et DJs, ces amis d’enfance originaires de la région de Francfort ont traversé ensemble les époques et les musiques (presque) sans prendre une ride, un exploit dans le monde des clubs (leur premier album est sorti en 1992 ) ! Cette longévité a certainement contribué à donner à leur son une richesse et une complexité particulières, bien loin des simples beats et loops mis bout à bout sur un ordinateur qui fait trop simplement recette actuellement.
De la New Wave (New Order, The Cure) à la techno, en passant par le jazz, le disco et l’électro, leur style embrasse allègrement les autres dans de joyeuses explorations qu’on retrouve sur leurs 8 albums studio en tant que Booka Shade. Après avoir produit pendant de nombreuses années pour la télévision et la publicité, ils créent Booka Shade en 2004 ainsi que leur propre label, Get Physical, avec l’envie de faire leur propre musique à la marge, sans se douter que celle-ci deviendrait un jour plus rentable que leur premier job !
Incontournablement discrets
Leur titre le plus connu à ce jour est Body Language (vs M.A.N.D.Y) sorti en 2005 et repris depuis de nombreuses fois (par will.i.am notamment). Pour beaucoup, ces quelques notes sont synonymes de longues soirées d’été (à 1 :20 si vous voulez directement vous y retrouver)
Les portes des clubs et du succès resteront ensuite toujours ouvertes pour Booka Shade, qui enchaîne l’année suivante avec un nouvel album et un nouveau hit, In White Rooms. On y retrouve leur signature, une alliance unique entre clavier et batterie qui donne relief, rondeur et couleurs à des rythmes deep house, que ce soit par l’ajouts d’instruments ou de voix.
Un autre titre, Charlotte (2008), (big up à notre rédac chef !), montre leurs influences plus disco :
Ils savent aussi être chill avec Love Inc (2013), qui compte plus de 2 millions de vues sur You Tube !
Les tournées et les festivals tels que Sonar et Coachella s’enchaînent avec les années. Malgré une reconnaissance mondiale, Booka Shade joue la carte de la discrétion et ne court pas après le statut de DJs superstars. Ils préfèrent consacrer du temps à leur famille et aux jeunes artistes qu’ils produisent depuis 2012 sur leur label Blaufield.
Berlinois d’adoption, ils aiment aussi travailler avec leurs voisins, comme Fritz Kalkbrenner, un autre passionné de jazz et de cuivres, sur Crossing Borders
« Dear Future Self » : de l’ombre à la lumière
Booka Shade sait rester à la pointe des influences du moment, que ce soit côté pochettes avec des créations d’artistes pointus, et côté musical, où ils aiment tester leurs nouveaux morceaux en DJ set face au public. C’est le cas avec ce nouvel et 9e album Dear Future Self, enregistré aux quatre coins du monde puis rôdé en live l’année dernière. Il démarre par l’intrigant morceau du même nom, porté par la voix du performer sud-africain Lazarusman. Lues dans le contexte actuel, les paroles paraissent curieusement prophétiques :
Dear future self
I have an issue but I know that we are gonna be alright
Dear future self
I’m sending you this
Please fulfill your potential
Please do not hold back
I would like to inform you
That we are okay
Dear future self
Live*
*Traduction : Cher Moi du futur, J’ai des soucis mais je sais que ça finira par aller bien pour nous. Cher Moi du futur, Je t’envoie ceci. S’il te plaît vis à fond tes potentiels. S’il te plaît ne te retiens pas, Je voudrais t’informer Que nous allons bien. Cher Moi du futur, Vis.
Comme pour nous aider à sortir en douceur du confinement, l’album semble opérer une transition de l’ombre à la lumière : d’abord une plongée vers la deep house avec les deux premiers titres (et la très belle voix de la berlinoise Jocelyn sur « Polar Lights »), qui mène dans l’antre des clubs avec « Sacred » ,« Acid Brain » ou « Plexus 3AM » ; un passage par le bar sur « Red Medina » (et un son oriental qu’on ne leur connaissait pas) et on se retrouve en festival outdoor sur « Perfect in A Way » et l’ambiance d’un coucher de soleil sur les pelouses colorées d’été ; une soirée qui se prolonge jusqu’à l’aube avec « I Go, I Go » et « To The Sea », deux titres au son solaire et planant qu’on vous recommande chaudement ! Un petit passage par les 90s avec Rigera, une sortie en fanfare sur Torch (un futur classique de la deep house berlinoise) et il est déjà temps de se quitter avec Atlantic Beam, un morceau lumineux de fête qui annonce l’été, la mer à perte de vue et la chaleur retrouvée.
En tout 13 titres qui parviennent à maintenir avec brio le difficile équilibre entre beats techno, voix envoûtantes et instruments purs, sans jamais tomber dans un extrême, ce qui permet à « Dear Future Self » d’être accessible à tous vos « moi », qu’ils soient électro ou pas…
En nous faisant voyager à travers leur passé grâce à un mix personnel et poétique de musiques, de voyages et de rencontres, Booka Shade trouve le moyen de faire résonner le futur autrement. Plus naturel, plus organique, plus humain et plus lumineux. En ce moment on n’a pas envie de mieux….
Album « Dear Future Self » (Blaufield) disponible depuis le 8 mai sur toutes les plateformes.
Pour en savoir plus sur Booka Shade :
Instagram @bookashade
Playlist Essentials sur Spotify
Mini-documentaire Youtube :
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