Peu après la disparition de son papa dans les attentats de Charlie Hebdo, Elsa décide de mener jusqu’au bout leur projet de culottes brodées avec les dessins de Wolinski. Un parcours éprouvant qui aujourd’hui prend un nouveau tournant ! Rencontre avec une femme pause-itive, engagée et à fleur de peau, qui continue à se battre contre ses vieux démons.
Quand on rentre chez Elsa, on a l’impression de pénétrer dans la demeure d’un gang de filles. C’est un peu cela Elsa et ses deux minettes, un gang de filles qui recouvre les canapés de coussins multicolors, qui tapisse le sol du salon de peau de grosses peluches toutes douces où trône une immense maison de poupée rose pétard. Un intérieur qui vit, dans lequel on se sent bien, cocon parfait pour parler avec Elsa en toute intimité, de ses projets, de ses angoisses, des messages pause-itifs qu’elle tente de s’adresser à elle-même et au monde !
Les culottes de Wolinski est un projet que tu avais monté avec ton père ?
L’histoire des culottes a commencé en réalité il y a 4 ans. Mon père venait de se faire virer du journal du dimanche, alors que cela faisait des années qu’il y travaillait. Malheureusement la Direction ne voulait plus d’humour de gauche dans le journal… Cela a été très dur pour lui. Il m’a annoncé son licenciement des mois plus tard ! Comme il était extrêmement malheureux, j’ai voulu trouver une idée pour le faire rire ! En parlant avec une attachée de presse, Gaëlle Perrin, on a pensé à cette idée de culottes ! J’ai annoncé à mon père ce projet drôle de lancer des petites culottes avec ses dessins et il a tout de suite accueilli l’idée !
Comment s’est déroulée la sélection des dessins ?
La sélection n’a pas été évidente ! C’est difficile de regarder des dessins de son père avec des fesses, des « b.i.t.e.s. » partout ! On a déterminé la sélection le 6 janvier. Il est mort le 7. Il a juste eu le temps de dire à ma mère que ces dessins étaient pour moi.
Après la mort de ton père, tu as tout de suite décidé de mener ce projet jusqu’au bout ?
Après la mort de George, je me suis cassée le cocsis, j’ai pris 8 kg… Je ne savais pas si j’allais y arriver. Surtout que mon père voulait imprimer ses dessins sur les culottes et les vendre à la fête de l’Huma alors que moi je voulais une petite culotte anglaise avec ses dessins brodés ! C’est en amenant mes filles à l’école que des mamans du quartier à qui j’en avais parlé m’ont boostée. J’ai cherché de l’aide un peu partout, j’ai été très entourée et puis un jour je suis tombée sur la photo d’une fille portant la culotte amoureuse, j’ai taggué Wolinski dessus. Il y a eu un tel engouement sur ce post que je me suis renseignée sur l’origine de cette culotte, c’était Henriette qui les fabriquait. Je l’ai appelée, elle était partante mais venait d’accoucher d’une petit George… Coup du destin ! Quelques temps plus tard elle m’a rappelée, elle était prête. On a lancé trois culottes, l’Amoureuse, la Désinvolte et la Délurée avec les dessins de mon père brodés côté fesses. Le premier jour on a eu 50 commandes alors qu’Henriette n’en avait qu’une par semaine habituellement !
Les culottes étaient vendu 75€, on était loin de l’ idée d’une culotte accessible à toutes, non ?
Cela m’a dérangé que les culottes soient aussi chères, mais avec Henriette la production était si simple, tout était rôdé ! J’ai donc décidé de reverser les bénéfices au planning familial et à l’association Ninoo pour les enfants autistes, dont je suis l’ambassadrice. La fondatrice de l’association avait été très présente au décès de mon père. Il y avait eu aussi Sophie Trem de The Other Art of Living et Lili Barbery de Ma Récréation. Quand mes culottes sont sorties, j’ai été très soutenue par le milieu des blogueuses. La première à poster la photo de sa culotte a été @dorisknowsfashion ! En venant du print, j’ai été très touchée (ndlr : Elsa est en charge de la rubrique Beauté de Point de Vue).
Finalement la collaboration a pris fin en février dernier. Quel avenir souhaites-tu aux culottes aujourd’hui ?
On a arrêté le 16 février à minuit avec Henriette ! La collab’ a été formidable mais les culottes restaient très chères et réservées à une certaine clientèle, ce qui était loin du message de mon père. Aujourd’hui je ne peux pas rentrer dans mes culottes et je souhaite changer cela ! (rires) Elles vont donc revenir mais autrement, de façon plus populaire ! A la fin de l’année j’aimerais les vendre à la fête de l’Huma et renouer avec la volonté initiale de mon père.
Avant je disais que je voulais être Stéphanie Seymour, maintenant je dis que j’aimerais être juste moi.
Avec toutes ces épreuves, qu’est-ce qui est essentiel pour toi de transmettre à tes filles ?
De surtout ne pas tomber ni dans la haine, ni dans le racisme, ni dans la peur des terroristes. En revanche je suis dans la peur du manque d’éducation qui peut faire l’objet de dérives graves comme des sectarismes et des extrêmes.
Tu portes un tee-shirt féministe, c’est une cause qui te tient à cœur ?
Mathilde Favier m’a offert mon tee-shirt Dior féministe. C’est mon côté gauche caviar ! Les féministes en manteau de vison ! Ma conscience féministe s’est réveillée avec le podcast La Poudre de Lauren Bastide, extrêmement inspirant… Elle reçoit dans une chambre d’hôtel une femme exceptionnelle – une artiste, une intellectuelle, une politique – pour une conversation sur son enfance, sa carrière et son rapport à la féminité ! Je fais aujourd’hui partie du collectif 52, un collectif féministe qui a notamment réaliser des affiches très visuelles pour dénoncer les inégalités hommes/femmes. J’ai besoin de me mettre au service de causes !
J’ai été élevée par des parents qui étaient surtout des artistes alors que parfois, on a simplement besoin d’un père et d’une mère.
Es-tu parvenue aujourd’hui à trouver ton équilibre ?
Bah non ! (rires) Je suis quelqu’un qui souffre beaucoup. Mon équilibre alimentaire n’a jamais été très sain, j’ai touché à des choses pas très nettes pendant longtemps… Là je t’en parle car mes filles ont leur écouteurs dans les oreilles, mais je sais que cela sera difficile pour Lila (ndlr : son aînée) de me mentir parce que j’ai fait beaucoup de conneries. Je les connais toutes ! (rires) J’ai cherché mon identité, je me suis brûlée les ailes. Je voulais devenir célèbre, je pensais qu’il me suffisait de sortir en boîte… Et avec le temps j’ai réalisé que non, c’est travailler ! J’ai été élevée par des parents qui étaient surtout des artistes alors que parfois, on a simplement besoin d’un père et d’une mère. Mon équilibre, je le construis beaucoup maintenant avec Christophe André ! (rire)
La méditation t’aide dans ta recherche de paix intérieure ?
Oui, c’est mon nouveau cheval de bataille. Je crois beaucoup à la méditation, au « mieux-être », à la naturopathie… A la mort de mon père, je suis tombée dans le gouffre de la boulimie… A présent j’essaie de m’en sortir et je crois beaucoup en des établissements comme La Pensée Sauvage ! C’est un lieu de détox dans la Drôme, où plusieurs « cures » sont proposées. J’ai essayé la détox jeûne, qui consiste à s’abstenir de tout aliment pendant quelques jours pour permettre à son corps de se régénérer, et d’améliorer sa condition physique et psychique. J’ai besoin de m’alléger physiquement et psychiquement.
Dirais-tu que tu restes une optimiste ?
Je dirais que je suis dans le combat ! (rires) Mon plus gros combat, c’est d’enlever le poids dans mon plexus et de perdre mes kilos. Je dis souvent qu’avant je voulais être Stéphanie Seymour, maintenant je dis que j’aimerais être juste moi.