« Je considère faire partie d’une génération qui n’a pas été sensibilisée suffisamment tôt aux enjeux écologiques. », c’est ce que nous a confié Carole Honnart, la cinquantaine, fondatrice de REZO : une très jolie marque engagée d’objets éco-produits et zéro déchet ! A l’heure où 10 tonnes de plastique sont produites chaque seconde, la chasse au emballage est lancée ! En cette journée internationale de la Terre, on vous présente celle qui tient les 5R en leitmotiv : Refuser, Réduire, Réutiliser, Recyler, Rendre à la Terre…
Carole, avant de lancer REZO, tu as créé le site Doux Good en 2014. Raconte-nous de quoi il s’agit pour ceux qui ne connaîtraient pas encore !
J’ai créé en 2014 l’entreprise « Pépinière de beauté » puis j’ai lance l’activité de Doux Good, qui est une boutique en ligne de cosmétiques bio et naturels. J’avais envie de promouvoir de jeunes et talentueuses marques de cosmétiques proposant des produits green et engagés ; et de mettre en avant les richesses de nos régions grâce à l’utilisation d’ingrédients régionaux. J’ai toujours évoluée dans un univers très beauté, et je me suis de plus en plus orienté vers le zéro déchet.
Comment t’es-venue l’idée de créer REZO ?
Le zéro déchet est une cause qui me parle énormément. Je suis maman de 4 jeunes filles très concernées et engagées. Et après avoir beaucoup accompagné les marques de cosmétiques, j’avais envie de créer ma marque autour de cet engagement du zéro déchet. C’est ce que j’ai fait en 2020, en plein COVID, en lançant REZO !
Pour prendre conscience de l’importance (et de l’urgence) de passer au 0 déchet, j’aime rappeler quelques chiffres :
– 10 tonnes de plastique sont produites chaque seconde dans le monde
– 1 milliard de pailles non-recyclables sont jetées par jour
– 1 Français produit 350 kg de déchets par an (soit 2 fois plus qu’il y a 40 ans)
– 72% se disent préoccupés par les enjeux écologiques et c’est une bonne nouvelle !
Carole Honnart, fondatrice de REZO
Tu dis que la jeune génération est très concernée par le réchauffement climatique. Qu’en est-il de la tienne, toi qui a passé la cinquantaine ?
Je considère faire partie d’une génération qui n’a pas été sensibilisée suffisamment tôt aux enjeux écologiques.
Carole Honnart, fondatrice de REZO
On nous parlait un peu d’écologie, du bio… mais ça s’arrêtait là. Mais aujourd’hui, mes amis qui sont grands-parents ne veulent pas être la génération qui a sur-pollué la Terre de ses petites enfants. En revanche, ce qui freine l’action, ce sont les habitudes : quand on est attachés aux jolis objets, aux jolies choses… c’est difficile de passer au zéro déchet.
J’ai eu à cœur, avec REZO, de créer de très beaux objets, éthiques, écologiques, qu’on a plaisir à mettre dans son intérieur.
Carole Honnart, fondatrice de REZO
Quelles sont les valeurs qui ont guider la création de REZO ?
Je me suis appuyée sur les 5 Règles fondamentales du zéro déchet qui sont devenues les 5 piliers de ma marque :
- Refuser : c’est tout simplement apprendre à dire NON aux suremballages, sacs plastique, produits jetables à usage unique (couverts ou pailles en plastique, protections périodiques, cotons démaquillants, lingettes, essuie-tout), tickets de caisse non indispensables, bouteilles d’eau, sac en papier qui enveloppe la baguette achetée chaque jour à la boulangerie… Et, par conséquent, de mettre en place des gestes, actions, et décisions pour les remplacer par leur équivalent durable, s’il existe, ou purement et simplement de s’en passer une bonne fois pour toutes. Il est surtout question ici d’un état d’esprit, d’une attitude à adopter ou d’habitudes dont il faut se défaire, mais aussi d’une prise de conscience qui va engendrer des actions par la suite.
- Réduire : le fait de réduire s’opère à 2 niveaux, celui des achats pour consommer moins, et celui du nombre d’objets, ustensiles, meubles, vêtements, cosmétiques, aliments… que l’on a chez soi. Ce sont donc simultanément les modes de consommation et de vie qui sont questionnés, revus et modifiés, pour le plus grand bénéfice de tous et de la planète. Cependant, il n’est pas pour autant question de se priver, de manquer, de vivre dans le dénuement, mais de véritablement s’interroger sur la façon dont on vit, dont on consomme, sur la réelle utilité de ce que l’on possède, et bien sûr de l’impact de ce que l’on a chez soi sur l’environnement, sans négliger le facteur santé. L’idée est de mieux penser ses achats, de faire en sorte qu’ils soient plus raisonnés, responsables et durables.
- Remplacer ou Réutiliser : l’objectif est de remplacer ce qui peut l’être de façon pertinente et, évidemment, pas en achetant sans cesse de nouveaux produits. Pour cela, acheter seconde main est une excellente solution ; réparer ou rénover plutôt que de jeter ou de racheter neuf… Il s’agit aussi de trouver des solutions de réemploi : en réutilisant, on lutte aussi contre la fabrication et la vente de nouveaux produits dans un cycle sans fin et pernicieux.
- Recycler : en recyclant ce qui peut l’être, il faut aussi avoir à l’esprit que nos déchets peuvent être une source de ressources et d’énergie.
- Rendre à la Terre : c’est tout simplement composter. Ce que la terre nous a donné, nous pouvons lui rendre afin qu’elle le composte et fabrique de nouveau des terres fertiles. Restes de repas, épluchures, marc de café sont autant de denrées appréciées du composteur qui en fera un engrais formidable.
REZ0, ce sont des éco-produits pour une démarche zéro déchet : charbon actif pour purifier l’eau, pailles écologiques, détachant linge bio, étui à savon…
Peux-tu nous parler de ton solide vaisselle ?
Oui ! On a travaillé avec un fabricant français pour mettre au point une formule dégraissante sous forme solide, mais se posait la question du socle : dans quoi poser ce nettoyant solide ?
A l’époque, on ne me proposait qu’un support en luffa. Je me suis rapproché de la manufacture de Digoin : une très ancienne maison qui a une centaine de salariés et qui réalisait à une certaine époque les pots de moutarde en grès de Maille par exemple ! Cette usine avait fini par déposer le bilan et a été repris par une femme qui fait un travail extraordinaire. Je l’ai rencontré pour créer une gamme REZO fabriqué par elle.
C’est donc avec la manufacture de Digoin, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, que tu as mis au point le pot du solide vaisselle ?
Oui, mais pas que ! J’ai aussi travaillé sur des pots de différentes tailles, et un cruchon, une très belle pièce triangulaire réalisé grâce à un moule qui a plus de 100 ans !
REZO propose des brosses pour faire la vaisselle, pour laver les légumes… Là aussi tu travailles avec une entreprise française ?
Pour l’instant nos brosses sont fabriquées en Allemagne car il n’y a pratiquement plus de brossier en France ! Mais je suis en train de faire des tests pour en fabriquer à Lyon, là où je suis basée. J’ai à cœur de m’entourer de partenaires locaux et j’ai rencontré un artisans brossier lyonnais qui pourrait reprendre cette activité qui a déserté la France !
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
On a été référencés chez Biocop pour 2023… Que l’aventure continue et surtout que chacun prenne conscience que passer au zéro déchet est une nécessité qui peut devenir agréable et ludique avec REZO !