Si vous êtes infirmières ou aide-soignants, frayez-vous vite un chemin dans les gradins de Caroline Estremo ! Cette ancienne infirmière urgentiste reconvertie dans le stand-up raconte le quotidien des soignants dans un spectacle drôle et piquant où elle célèbre purement et simplement son amour des gens. Rassurez-vous amis moldus-non-soignants, ce spectacle est aussi pour nous !
Ton public est majoritairement composé de soignants…
Je pense qu’au début les soignants venaient par curiosité car j’étais la première à lancer un spectacle sur notre métier. Et au fur et à mesure des retours que j’ai reçus, j’ai réalisé qu’ils venaient aussi par besoin de rire de leur quotidien difficile. Ça leur fait du bien, ça permet de dédramatiser.
Penses-tu qu’on t’avait suffisamment mise en garde contre les difficultés de ce métier ?
Oui, ma mère a essayé de me dissuader car elle en a fait un burn out ! Quand on choisit de faire ce métier, on se doute que ça ne va pas être facile : voir des culs, piquer des gens, côtoyer la mort… Je suis partie de fac de droit pour faire ce métier : j’avais envie d’aider les gens. La seule chose à laquelle on ne m’avait pas préparée, c’est la violence psychologique et morale que peuvent exercer des patients. C’est ce qui met à rude épreuve. Tout le reste, on le sait.
Ton spectacle n’est pas politisé dans le sens où tu n’évoques pas frontalement les manques de moyens, pourquoi ?
Je voulais un spectacle pour divertir, sans rentrer dans la revendication. Les soignants sont en grève depuis des années, je n’avais pas envie d’en reparler, d’autant que je ne suis pas syndiquée moi-même. Je me suis surtout rendue compte, à travers mes vidéos, qu’on était bien plus entendu avec de l’humour ! Ces questions et revendications sont sous-entendues dans mes sketches, mais je ne voulais pas plomber l’ambiance, ni saouler le public soignant et non soignant !

Ton spectacle s’appelle “J’aime les gens” et pourtant tu en mets plein la tronche aux patients !
Le titre de mon spectacle est autant vrai que 100% ironique, car on vit parfois des situations infernales avec les patients. Recevoir un “Merci”, c’est un petit orgasme pour une infirmière. On ne fait pas ce boulot pour l’entendre, mais quand il tombe et qu’il est sincère, tu repars en moonwalk. Et hop, tu re-aimes les gens ! (rires)
Comment on passe des urgences à la scène ?
Je me pose encore la question ! Cela s’est fait complètement par hasard ! Je raconterai peut-être cette histoire dans un autre spectacle… Au début je cumulais les spectacles et mon métier d’infirmière, j’avais une cadre qui me calait mes jours de repos en fonction de mes dates, elle était super sympa. Cela a été une période très sportive de ma vie ! (rires) J’ai démissionné, j’ai fait le grand saut en juin 2022 !
A quel moment as-tu commencé à raconter ton quotidien sous forme de sketch ?
J’ai fait une vidéo un jour au retour des urgences pour raconter ma journée sous forme de sketch et je l’ai publiée sur Facebook, un peu pour mes collègues ! Cette vidéo a fait le buzz, les médias s’en sont mêlés, une maison d’édition m’a contactée, un théâtre m’a contactée pour écrire le spectacle. C’était en septembre 2016. J’ai commencé à le jour tous les 6 mois, puis tous les 3 mois, puis tous s’est accéléré !
La scène était quelque chose de inné chez toi ?
Un peu des deux : j’ai fait du théâtre dans ma jeunesse, c’était un rêve de gosse de devenir humoriste. Je me rendais compte que j’avais une facilité avec l’humour, j’étais accro au fait de faire rire les gens.
Outre le quotidien à l’hôpital, tu évoques très brièvement dans ton spectacle le sujet du coming out et de la PMA en Espagne qui font partie de ton histoire personnelle. Comptes-tu en faire un prochain spectacle ?
Oui ! Mon histoire personnelle est digne d’une série américaine : je me suis marié avec un homme et je l’ai quitté avec ma témoin et meilleure amie !
Bonjour, une bel article qui donne envie d’aller voir le spectacle de Caroline Estremo, mais dommage qu’il y ait une faute d’orthographe »puis tous s’est accéléré ! » il fallait écrire »tous » TOUT.
Bonne journée…