Imprévu, le nom du podcast d’Alexane Roux sur les dessous de l’entreprenariat féminin est sans doute un clin d’œil à toutes les péripéties qui ont jalonné la vie professionnelle et personnelle de cette jeune femme de 32 ans, dont la première expérience de chef d’entreprise remonte déjà à plus de 10 ans ! Une première société à 21 ans et un parcours, qui fut, comme celui de très nombreuses femmes entrepreneuses, loin d’être un long fleuve tranquille… Aujourd’hui, toujours à la tête d’une société de communication avec son époux, elle a aussi monté l’Académie 100K, qui aident les cheffes d’entreprises à atteindre leurs buts professionnels sans mettre à mal leurs vies de femmes, de mères, d’épouses. Rencontre avec une « mentore d’entrepreneuses » très aguerrie.
Alexane Roux, peux-tu nous raconter un peu ton parcours dans l’entrepreneuriat ?
J’ai monté ma première société à 21 ans. J’ai toujours eu envie de pouvoir gérer ma vie professionnelle de façon indépendante, avec une certaine liberté. Avec mon compagnon, qui depuis est devenu mon mari, on a donc lancé une appli pour trouver les bonnes adresses de notre ville de Besançon. Elle s’est vite développée, a regroupé plus de 2000 contacts y compris à Lyon, mais en termes de rendement, elle n’était pas vraiment à la hauteur de nos espérances. Et puis je suis tombée enceinte de ma première fille et ça m’a vraiment boostée. J’ai ressenti le besoin de « réussir » pour elle, de lui offrir la meilleure vie possible. On a rencontré des mentors, on a réorienté notre activité vers la communication et le web et monté notre agence.
Au bout de quelque temps, j’ai ressenti une certaine lassitude, un manque de sens. A l’époque, beaucoup de nos clients (des restaurateurs) nous demandaient de créer un logiciel de réservation de tables adapté à leurs besoins. On a donc lancé une start-up tout en gardant l’agence. Le covid est arrivé. Comme on travaillait pour un secteur particulièrement touché, ça a été un peu la cata ! Et puis, on a eu l’idée de mettre en place du click and collect et là…bingo ! On a multiplié nos clients par 10 mais ça a été du non-stop pendant des mois pour gérer le business et le support client presque 24h/24. Et un avec un enfant en bas âge …
J’ai cru comprendre que ton investissement personnel était vraiment allé beaucoup trop loin ?
Je n’ai rien vu venir ! J’étais tellement prise dans la spirale du travail que même à l’hôpital, au plus mal, j’ai demandé qu’on me laisse un moment pour décaler mes rendez-vous de l’après-midi. J’étais complètement piégée dans cette vie et bien que je n’aie pas tout de suite compris les enjeux, petit à petit j’ai changé de point de vue et j’ai décidé de revoir tout !
Les femmes entrepreneures ont-elles plus de pression ?
Oui et d’autant plus quand elles sont jeunes !
On leur attache des poncifs du style « elles veulent juste s’occuper un peu », « tout ça c’est juste pour avoir un complément de revenu pour le foyer », « ça va pas durer longtemps »… On ne prend pas assez en compte leurs ambitions, leurs désirs de réussite et on n’entend pas assez la pression qu’elle se mette pour arriver à gérer non seulement ce stress professionnel, mais celui d’être une maman ou une épouse « parfaite ».
Alexane Roux , comment as-tu réussi à rebattre les cartes pour trouver ton équilibre ?
On a déjà pris la décision de vendre la start-up et je suis tombée enceinte de ma deuxième fille. Le timing a été plutôt bon. En devenant mère au foyer, l’envie de reconstruire quelque chose, de me donner une mission m’a vite titillée. J’ai eu envie d’accompagner les femmes entrepreneures dans leurs difficultés, de leur faire profiter de mon expérience à la fois professionnelle et personnelle pour leur éviter de passer par les mêmes écueils, qu’elles s’écoutent plus, sans pour autant oublier leurs ambitions ni leurs envies de réussite.
Je les forme, les amène à revenir dans une bonne dynamique.
Quels sont les profils de ces femmes ?
Ce sont des chefs d’entreprises dans le domaine de l’offre de services, car c’est le secteur que je maîtrise. Des architectes d’intérieur, coachs, rédactrices, consultantes, photographes…
C’est un accompagnement sous quelle forme ?
On fait la majorité des formations et des accompagnements en distanciel et on se retrouve de temps en temps pour des ateliers en « vrai ». C’est génial car mes clientes sont aux quatre coins de l’hexagone ! On a d’ailleurs réussi à créer une véritable communauté ! C’est fou la sororité qui s’exprime entre elles ! On a des groupes de paroles sur les réseaux qui permettent de poser toutes les questions et sur lesquelles elles sont hyper présentes et quand elles ont la même activité elles se donnent des tuyaux mutuels… C’est une de mes plus grandes fiertés d’avoir réussi à générer cette solidarité féminine !
Alexane Roux, quels conseils tu donnerais à une future entrepreneuse ?
Je lui dirai déjà que les obstacles font partie du chemin. La clé n’est pas de les éviter mais plutôt de s’en nourrir !
Qu’il n’y a pas de rêves trop grands. Il faut seulement que ses actions soient à la hauteur de la grandeur de ses rêves.
Et que prendre du temps pour elle n’est pas une option, c’est vital !