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Nouveau Single « Run Run » : comme dans un rêve avec Kid Francescoli

Nouveau Single Run Run comme dans un rêve avec Kid Francescoli pauline de saint sauveur le prescripteur crédit photo nicolas despis

Une tournée à guichets fermés et un nouvel album en préparation dont les premiers extraits sont déjà des cartons… Après le succès interstellaire de “Moon”, on a retrouvé le Marseillais Kid Francescoli (lire l’interview précédente ici) pour parler rêves, Méditerranée et maturité, avec l’honnêteté et le soleil dans la voix qui demeurent sa carte d’identité. 

Nous t’avons quitté à la veille de la sortie de ton dernier album “Lovers” et de ton départ pour une énorme tournée post-Covid. On te retrouve deux ans plus tard dans ton studio à Marseille, qu’est-ce qui a changé?  

Déjà il y a eu le disque de diamant pour Moon, tu peux le voir derrière moi dans le studio ! J’y suis toujours aussi bien, j’y prépare actuellement le live et la sortie de l’album à la rentrée avec la tournée qui suivra en octobre.

Il y a quelques mois que j’ai terminé l’album, mais on ne s’arrête jamais vraiment de travailler, c’est un flux continu de sons et d’idées. Je ne prends jamais de grosses vacances, d’autant plus que j’ai travaillé sur l’album pendant la tournée. 

Et dans quel état d’esprit es-tu aujourd’hui? 

Je suis ravi d’avoir fini l’album car ça reste une épreuve pour moi d’y mettre le point final.

D’autant que les concerts de la tournée étaient très souvents complets, donc la pression sur ce nouvel album n’en était que plus grande… En plus, quand tu reviens au studio, tu te retrouves brusquement seul, mais tu gardes une envie : continuer à faire plaisir aux autres tout en te faisant plaisir.

La tournée ne m’a pas amené de certitude ou de confiance supplémentaires. Par contre, elle m’a guidé inconsciemment dans une nouvelle énergie après Lovers avec lequel j’avais découvert Marseille en amoureux par opposition au Marseille de la fête que je côtoyais avant.

Une date de la tournée qui t’a particulièrement marqué ? 

Toute cette tournée a été un rêve éveillé. A Mexico par exemple, c’était l’hystérie collective à l’autre bout du monde, c’était fou ! Il y a eu aussi un concert complet à Istanbul, un autre avec essentiellement des locaux au Vietnam alors que je m’attendais à un public d’expatriés, mais aussi des salles complètes un peu partout en Europe à Londres Berlin, Bruxelles, Amsterdam…

Mais si je dois en garder un seul souvenir, c’est le concert à Los Angeles : dans mon référentiel c’est une ville de rêve avec son cinéma, sa musique, ses groupes, son aspect cinématographique, rien que le nom et ce qu’il implique comme imaginaire résonnent particulièrement en moi.

Kid Francescoli pour Le Prescripteur

D’abord, on a fait la tournée US en tour bus : c’était déjà un rêve éveillé, j’ai passé 15 jours en lévitation. Mais à L.A en particulier,  j’ai eu une révélation. On est sortis du bus pour aller voir la salle et se balader un peu dans le quartier. En revenant, j’ai vu le bus devant la salle sur Sunset Boulevard ; je me suis rendu compte que c’était le mien, qu’il faisait partie du décor, entre les décapotables et les palmiers. Et enfin j’ai vu mon nom au-dessus de la salle écrit en lettres amovibles comme pour les films, “Kid Francescoli” avec la mention “Sold Out” en dessous, et là j’ai eu une épiphanie, je me suis rendu compte que j’avais réalisé mon rêve. 

Quel est le morceau de l’album qui a emporté le public en concert ? 

Ce que j’aime en concert, c’est quand le morceau crée une cassure tout en gardant une énergie et une puissance, et surtout quand son absence peut changer le set entier.

Sans conteste celui qui a créé cela sur la tournée est So Over. Il arrivait après Blow Up, qui apportait une sorte de communion cool et souriante où j’étais devant avec le public. A la fin de Blow Up, il y avait une grande pause. So Over suivait avec l’extraordinaire réinterprétation d’Andrea qui créait une vraie transe, on a donc décidé de le jouer plus longtemps. J’ai adoré ce changement d’univers, qui correspondait un peu à un changement de décor, de la lumière ensoleillée à une ombre tamisée, et qui a écrit une histoire pour l’ensemble du concert. So Over va donc rester pour  la prochaine tournée, et encore longtemps je pense! 

Quels sont les autres rêves que cette tournée t’a fait réaliser? 

C’est vrai qu’il y en a eu tellement ! L’Olympia, qui était un rêve de gamin. L’aspect mondial de la tournée aussi, la possibilité de voir les pyramides en Egypte par exemple, c’était sur ma to-do list ! Evidemment, les récompenses que sont le single d’or puis le single de diamant pour Moon.

Et enfin Nopalitos : ce morceau en collaboration avec Cercle a tout changé pour moi, mais on va en parler après je crois. 

Kid Francescoli
Crédit photo – Nicolas Despis

Tu as d’ailleurs eu aussi le temps de composer ta première musique de film, un autre de tes rêves, raconte-nous ! 

Cette aventure est arrivée grâce au Covid. Au départ, j’avais pris la pandémie comme une malédiction, et puis finalement ça a été une bénédiction sur pas mal de plans dont ce film fait partie.

Matthieu Rozé m’a appelé au début du Covid pour composer la musique d’Azuro, ce qui m’a permis de ne pas me laisser abattre, de venir au studio tous les jours et de travailler sans me poser de questions. J’ai créé une centaine de boucles de tonalités différentes,et j’ai pu lui faire rapidement des propositions. Contrairement à des demandes que j’avais pu recevoir précédemment pour des films, les échanges avec Matthieu ont été fluides de bout en bout. D’autant plus qu’on avait des références cinématographiques et musicales communes : côté cinéma, il m’avait tout de suite cité Mektoub My Love et La Cienaga. Et surtout, mon morceau qui l’avait inspiré pour l’écriture du scénario était Italia 90 (sur l’album With Julia), un morceau qui est véritablement dans mon ADN et qui m’était venu presque spontanément en moins d’une semaine.

Et enfin, il m’a fait travailler en amont du film, une approche qui m’a permis de composer en toute liberté à partir d’une atmosphère qu’il m’avait communiquée, celle de couples sur les rochers sous le soleil brûlant, de peaux mouillées… Il a validé tout ce que je lui ai envoyé quasiment du premier coup, et la BO était donc terminée avant même le tournage du film ! 

Ton nouveau titre “You Are Everywhere” fait contraster la thématique très intimiste du souvenir avec un son qui fait danser, est-ce que c’est la nouvelle “signature” Kid Francescoli ? 

Quand on écrivait avec Julia, on s’était fixé une règle : plus c’est intime, plus c’est universel. C’est ce que j’ai fait sur ce titre, mais quand tu relis les paroles et que tu le réécoutes, selon comment tu ressens le thème, chacun peut le vivre à sa façon.

Kid Francescoli pour Le Prescripteur

Il peut s’agir de la perte d’un amour, d’un ami, d’un parent, d’un proche, mais aussi de la lumière, de la beauté… J’ai voulu annoncer l’album avec ce morceau intime où je chante car la suite apporte pas mal de collaborations et j’avais à cœur de lancer ce nouveau chapitre avec une signature personnelle. On avait commencé à le jouer durant la dernière tournée, il a été bien reçu, et je l’ai donc vu comme une porte d’entrée pour le prochain album.

Tu es encore une fois accompagné de belles voix féminines, dont la moitié du duo Turbogoth sur ce titre, peux-tu nous les présenter ? 

Les 3 collabs voix  sur cet album sont américaines, dont un homme, c’est la première fois ! 

Les deux voix féminines sont l’une de New York, l’autre de Los Angeles. Mais ils ont tous un point commun, le fait de m’avoir contacté spontanément : à l’inverse de voix que tu vas chercher toi-même, et qui ont déjà leur propre univers, ce type de collaboration spontanée te permet de créer ton propre crew.

Quelles autres surprises sont à attendre sur l’album ? 

Je n’ai jamais osé mettre de rap sur un album, et c’est le cas avec celui-ci : j’ai mis un orteil dans le hip hop chanté, ça va donner un côté surprenant et edgy qui m’amuse et me challenge à la fois.

Pour chaque album, je me lance des défis, un peu comme des niveaux de jeu vidéo à débloquer, et le hip-hop en est un pour celui-ci. 

Kid Francescoli pour Le Prescripteur

On retrouve également Yoni qu’on avait entendue sur Lovers (You Love, So Over, Cent Corps).

Il y a aussi une légende sur cet album, Hakim Hamadouche, un joueur de mandole/luth qui a travaillé avec Rachid Taha, Patti Smith et Brian Eno entre autres.Il porte un son très méditerranéén et organique, qui est en moi depuis toujours. Il reflète un voyage vers mes origines qui s’est concrétisé avec la tournée ainsi que sur un plan personnel avec mon voyage en Algérie quelques mois avant.

On a vu sur Instagram que tu as retrouvé French 79 pour une nouvelle collaboration, peux-tu nous en parler ? 

Comme toujours on a travaillé sur l’album ensemble, il a mis sa belle couche de glow arc-en ciel sur les morceaux à différents niveaux.

Vous avez également tous les deux participé à Cercle, encore une expérience hors du commun, pour toi avec “Nopalitos” qui est devenu un beau succès, comment ça s’est passé ? 

Pour moi il y a eu un avant et un après Nopalitos. Ce morceau a fait évoluer mon identité en tant qu’artiste et a surtout été déterminant pour la tonalité de la tournée qui a suivi.

Kid Francescoli pour Le Prescripteur

J’ai toujours admiré Cercle et j’étais touché qu’ils me contactent pour une commande, quelque chose que je n’avais jamais fait avant ! 

Le morceau est arrivé pendant le Covid en même temps qu’Arte Passengers : je ne pouvais pas mieux occuper mon temps entre une vraie scène pour Arte et un tournage dans un lagon au Mexique pour Cercle, il n’y avait pas plus inspirant ! C’était une expérience incroyable qui m’a donné une belle impulsion pour la suite, notamment pour le travail sur Azuro.

Et quand je vois aujourd’hui l’importance qu’a pris le morceau pour les gens et la place qu’il occupe en concert, je suis heureux d’avoir écrit un nouveau chapitre à succès après Moon, Nopalitos est pour moi un véritable accomplissement, le morceau de la maturité. 

Après les deux précédents albums inspirés l’un par tes tournées et les US, l’autre par Marseille, où as-tu été puiser pour le prochain ? 

Avec Lovers j’avais l’impression de redécouvrir Marseille après la tournée précédente.

La chance que j’ai eue avec celle-ci a été de tirer un trait d’union entre mes origines : mon enfance en Corse, mes vacances d’ado/ jeune adulte en Italie et en Espagne, les racines algériennes de mon père, auxquelles se sont superposés la Grèce, la Turquie et l’Egypte avec la tournée… Tout cela m’a donné l’impression que le bassin méditerranéen est un seul et même pays.

La façon d’être, de marcher, de fumer, de boire, de se parler… Cette identité culturelle méditerranéenne très forte transcende les frontières et les langues, et elle a été le point de départ de l’album.

Kid Francescoli pour Le Prescripteur

Aujourd’hui comment arrives-tu en tant qu’artiste reconnu à naviguer entre les aspects créatifs et commerciaux du métier tout en conservant ton identité ? 

Simon (French 79) et moi composons quasiment en même temps, et on se pose beaucoup cette question.

Si tu essaies de reproduire un morceau que tu as déjà fait, tu feras au mieux… Moins bien ! Julian Casablancas disait  : “Thinking that you wrote your best song is your one way ticket to never writing a good song again.”*

Kid Francescoli pour Le Prescripteur

(*Penser que tu as écrit ta meilleure chanson est un aller simple pour ne jamais écrire une autre bonne chanson. ndlr) 

Il ne faut pas que je me dise que je ne ferai jamais mieux que Moon, que je dois à tout prix retrouver l’inspiration de Blow Up, etc… 

Il ne faut pas se singer tout en gardant son identité. C’est une équation qui est tellement impossible à résoudre que la solution pour moi est de ne pas y penser ! La preuve avec le succès de Nopalitos, que j’ai composé dans cet esprit de spontanéité.

J’essaie juste d’écouter de la musique, de regarder des films qui m’inspirent, de voyager, de passer des bons moments avec ma copine et mes amis, et ensuite, quand je compose,de faire ce qui me plaît sans trop réfléchir. 

Suivez l’actualité de Kid Francescoli sur Instagram

Nouveau single “Run Run” le 7 juin.

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