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Ehla : « Je suis fière de sortir mon premier album à 35 piges, avec un parcours fou et un tas d’histoires à raconter. »

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Après l’énorme succès de son titre “Pas d’Ici” repris dans le monde entier, la grande sœur de Clara Luciani s’affirme comme l’une des valeurs montantes de la scène française avec la sortie de son premier album « PAUSE » aussi impactant que groovy. Entretien avec Ehla rempli de soleil et de sourires avec une artiste qui a trouvé sa voix.

Cet album j’en ai rêvé pendant 10 ans. Je suis tombée 1000 fois, je me suis relevée 3000 fois. Je ne vais pas vous mentir je me suis battue comme une lionne, rien n’était gagné. On n’a pas cessé de me rabâcher que j’allais louper mon heure, et bien mon heure c’est maintenant. Je suis fière de sortir mon premier album à 35 piges, avec un parcours fou et un tas d’histoires à raconter. Grandir, vieillir, c’est beau, ne laissez personne vous stopper dans votre élan. Jamais.

Ehla

Pourquoi avoir choisi comme nom de scène Ehla avec un H ? 

J’ai choisi un anagramme de mon vrai prénom, Léa, car je n’ai pas (encore) développé de personnage artistique : ce que je suis sur scène ou dans ma musique est très proche de ma réalité. Je voulais donc un nom qui reflète cela, et j’ai rajouté le H pour l’esthétique visuelle.

Et un rapport avec la chanteuse de jazz Ella Fitzgerald ? 

Oui, c’est un petit clin d’oeil à mon papa avec lequel j’écoutais beaucoup d’Ella Fitzgerald à l’époque, c’est d’ailleurs lui qui m’a suggéré l’idée de l’anagramme pour mon nom de scène.

Ehla premier album pause Ehla -  ©Lucie Sassiat pour Le Prescripteur
Ehla – ©Lucie Sassiat pour Le Prescripteur

Tu portes un mélange bien à toi de hip-hop et de pop chantés en français. D’où te vient-il ? 

C’est vrai que je suis fan de hip hop au sens large, surtout de ses rythmiques. J’ai moins une culture rap qu’R&B et soul, avec beaucoup d’influences des années 90 que j’essaie de transposer dans l’actualité de 2023.

En ce qui concerne la langue, j’ai très peu de références en français car j’ai toujours écouté beaucoup de musique américaine : Stevie Wonder, Lauryn Hill, Aaliyah.

Au départ je chantais en anglais, mais j’avais l’impression de ne pas assez me livrer et j’avais besoin d’avoir une authenticité dans mes textes. Bien que le français ne soit pas fait pour “groover”, on a des beaux mots et une belle langue, donc ça valait la peine d’essayer ! 

Ehla pour Le Prescripteur

Et puis j’aime garder un contraste entre des textes profonds et une musique plus cool et détendue sur laquelle tu peux danser.

Tes premiers succès comme “L’Antidote” et “Pas d’Ici” font une grande place à la narration poétique du quotidien d’une Parisienne d’adoption. Comment s’est passée ton arrivée à Paris ?

Je ne sais pas écrire sur une thématique imposée, je n’y arrive que sur une histoire que j’ai vécue ou entendue. “Pas d’ici” est née comme ça : je venais d’arriver à Paris, je n’avais pas d’amis, ma famille était à l’autre bout de la France, je ne comprenais pas les codes ;  je débarquais pleine de couleurs et de sourires, et personne ne me répondait… J’ai fait cette chanson comme un exutoire pour évacuer ça, car à l’époque, j’avais du mal à me sentir chez moi. Ça va mieux aujourd’hui (:-)  

Tu t’es retrouvée sur la bande originale de la saison 2 d’Emily in Paris avec “Pas d’Ici”, ça a dû être un gros accélérateur de visibilité ? 

Oui et ça ne s’est pas arrêté là, puisque la chanson s’est aussi retrouvée dans la nouvelle version de Gossip Girl où elle ouvre carrément un épisode, ainsi que dans une publicité pour Kitsuné et Samsung qui a fait le tour du monde. C’était dingue, mais je ne comprenais rien à ce qui se passait, surtout quand on sait comment je l’ai composée, dans mon petit salon avec un petit ordi, un mini clavier et un micro USB !

Ce qui est génial dans la musique, c’est qu’il y a des moments difficiles à passer et un sacré boulot à fournir, mais aussi une magie et des surprises incroyables à la clé !  

Ehla, pour Le Prescripteur

Le Sud d’où tu viens est très présent dans tes chansons, par sa lumière, par la mer, parfois même par son absence. Est-ce que tu te sens appartenir à une famille d’artistes qui chantent cette nostalgie “sudiste”, portée aujourd’hui par des chanteurs comme Julien Doré ? 

Quand on arrive à Paris venant du Sud, ça nous rattrape, beaucoup de mes amis sont de là-bas et on a tendance à rester entre nous sans s’en rendre compte ! La nostalgie dont tu parles doit découler du manque de lumière, de ciel et de sourires.

Ça m’a calmée en arrivant quand je disais bonjour dans le métro et qu’on ne me répondait pas !

Ehla pour Le Prescripteur

Je ne m’y ferai jamais et je recherche donc toujours des gens qui ont ce soleil là, dans le visage et/ou dans leur façon d’être, sinon ça me rend triste !  

Quelles sont les artistes que tu côtoies et qui portent justement ce soleil ? 

Sur la scène R&B actuelle Enchantée Julia et Reÿn sont deux super artistes dont je suis très proche, et qui sont du Sud comme moi! On y retourne ensemble en vacances, on en parle, et surtout dès qu’on est entre nous, l’accent revient !  

 Ehla -  ©Lucie Sassiat pour Le Prescripteur
nouvel album pause l'autorisation
Ehla – ©Lucie Sassiat pour Le Prescripteur

Tu fais de la musique depuis 10 ans, qu’est-ce que le succès de ces 2 dernières années t’a permis de réaliser et d’affirmer en tant qu’artiste ? 

Même si ça fait très longtemps que je fais de la musique, j’ai toujours porté en moi une ambivalence par rapport à ce métier.

Je suis quelqu’un d’assez timide, mais j’ai également toujours été convaincue que la chanson pouvait me mener quelque part si je travaillais et si je m’accrochais.

Ehla pour Le Prescripteur

Il y a eu ensuite plein de facteurs qui ont fait que tout s’est aligné pour que ça décolle.

Pas d’Ici a été une confirmation pour moi, car je n’ai rien cherché. Pendant 1 an après sa sortie, il ne s’est rien passé, puis en l’espace de quelques mois le titre a bondi de 90 000 streams à près de 2 millions!  J’ai eu aussi pas mal de presse, et ça a joué comme une validation.

Ton album qui arrivera en juin ouvre un nouveau chapitre, tourné vers les émotions intérieures, notamment avec un titre très joliment affirmatif, “L’autorisation” déjà sorti le 4 mai, peux-tu nous en parler ? 

L’autorisation est le premier morceau de l’album que j’ai écrit et qui reflète la scission de ma vie en deux parties.

Avant 30 ans, j’étais assez éteinte et dans l’ombre des autres. Ensuite, je me suis séparée de beaucoup de poids, j’ai opéré des ruptures qui font que maintenant je me sens lumineuse, entourée, en confiance.

Ehla pour Le Prescripteur

Au départ, la chanson reflétait ces ruptures, elle était donc un peu “en colère”. Je l’ai laissée reposer puis j’ai appelé mon amie Brö qui est aussi une autrice très talentueuse. On a fait 3 ou 4 sessions pour “apaiser” le contenu, en se prenant la tête sur les mots, afin d’atteindre un bon équilibre entre la colère et l’affirmation de soi. Je voulais à la fois pouvoir exprimer les choses justement et réécouter le morceau dans 10 ans en étant toujours d’accord avec ce qu’il porte.

Plus largement, quel est le message que tu souhaites faire passer avec cet album ? 

En composant cet album, j’avais un cri, celui de la liberté. Je voulais dire à tout le monde de se laisser tranquille et de ne pas perdre de temps dans la vie à vouloir être autre chose que soi. 

Ehla pour Le Prescripteur

Tu y parles de cinéma italien et de Sophia Loren dans l’un des morceaux, est-ce que c’est une de tes autres passions ? 

Je suis fan de Sophia Loren, j’ai grandi en l’admirant, autant pour sa beauté que pour son attitude et sa carrière. Elle est arrivée à se faire respecter tout en douceur à une époque où ce n’était pas évident, et je la respecte énormément pour ça. 

Le film Une journée particulière (1977) où elle joue en huis clos avec Marcello Mastroianni m’a beaucoup marquée. Cette chanson est donc un hommage mais aussi le témoin de ma fascination pour ce qu’incarne Sophia Loren de la femme italienne, et plus largement de la beauté méditerranéenne. 

Ma famille est d’origine italo-corse, tous très bruns avec les yeux noirs, ce qui n’est pas mon cas ! C’est peut-être pour ça que j’affirme mon côté méditerranéen dans ma musique et à travers cette chanson.

Tu as également sorti cette année une très belle reprise de “What A Wonderful World” avec SebastiAn, un producteur reconnu avec lequel tu es partie dans un autre univers, vers le gospel notamment…

C’est vrai que cette chanson m’a emportée ailleurs tout en incarnant une autre belle histoire.

J’ai reçu une version piano du morceau dans le cadre d’un brief pour une marque, et SebastiAn m’a laissée la chanter comme je voulais. Je n’étais pas sûre qu’on la garde, donc j’ai fait une version à la cool, en chaussettes à la maison! Et quelques mois plus tard j’ai reçu un mail qui m’annonçait que j’avais été prise directement pour la publicité Lancôme monde : ma première version avait été validée à l’unanimité sans refaire de voix ! 

Il y a un truc magique, sincère, irréfléchi, spontané et personnel du fait que je l’ai chantée d’une traite et chez moi, qui rend ce morceau très particulier.

A l’inverse, pour l’album, tu as pris plus de temps ?

Oui, à l’extrême inverse et plutôt en années ! Mais j’ai voulu une cohérence d’ensemble en me prenant la tête pour tout peaufiner, les textes, la musique, les mixes… Aujourd’hui, je suis contente du résultat et prête à le partager ! 

Quels sont tes projets pour cet été ?

Il y aura une belle scène parisienne ainsi qu’ une tournée prévues cet été !  

As-tu un rituel de beauté extérieure/intérieure avant de monter sur scène ? 

Franchement mon rituel serait plutôt une habitude de vie, celle d’être bien entourée. C’est ce qui a fait cet album, c’est qui me rend solaire et heureuse. Aujourd’hui j’ai l’impression d’être à ma place, avec les bonnes personnes, c’est fluide, facile et ça rend beau !  

Pour suivre Ehla sur Instagram : @ehlamusic

Ne ratez pas son nouvel album “Pause” le 2 juin ! 

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premier album pause
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