Pour la Saint-Valentin ou tous les autres jours, on vous propose d’offrir à votre moitié.e, non pas une merdouille dégotée last minut, mais la lecture d’un poème d’amour. Pour cela, on vous a sélectionné trois poèmes extraits de 3 livres de poésie : La Chambre Sans Murs, de Morgane Ortin, Kaddish pour un amour, de Karine Tuil et Je serai le feu de Diglee.
La Chambre Sans Murs, de Morgane Ortin
Edition NAMI, publié en janvier 2023, 15€
« Ces poèmes ont été écrits ces six dernières années de manière diffuse et désorganisée, parfois dans le but de ne pas oublier, d’autres fois dans celui d’exorciser. », c’est ce que confie Morgane Ortin dans le préambule de son tout dernier livre paru aux édition NAMI en janvier dernier. L’autrice, créatrice du compte instagram Amours Solitaires, nous livre ici pour la première fois ses écrits poétiques et intimes où elle interroge avec force et puissance ce qu’il nous reste de l’amour.
Notre poème coup de coeur :
Les chuchotements de mes reins
la rivière de tes doigts
le rire de ma danse
l’incendie de ta voix
les vagues de ta langue
la sueur de mes mots
la symphonie de tes jambes
l’ivresse de ta peau
le soleil qui frappe
l’orange qui tombe
ma robe qui s’effondre
et l’été qui dérape.
Kaddish pour un amour, de Karine Tuil
Edition Gallimard, publié en janvier 2023, 14€
Kaddish pour un amour, c’est le titre du nouveau livre de Karine Tuil, déjà connue pour avoir écrit une dizaine de romans dont Les choses humaines (2019) – prix Interallié et Goncourt de lycéens. On ne s’attendait pas à découvrir sa plume dans ce style si intime du poème et plus particulièrement du kaddish : une des prières de deuil que les juifs récitent plusieurs fois par jour et dont l’objet n’est pas la mort, mais le futur et la sanctification du nom divin. Il n’existe pas de kaddish pour l’amour, alors Karine Tuil renoue avec une tradition poétique hébraïque trois fois millénaire pour offrir une prière universelle pour le retour de l’être aimé.
Notre poème coup de coeur :
KADDISH POUR L’AMOUR
Je ne ferai pas le deuil de notre amour
Je le porterai
Longtemps
Je le porterai
Comme l’enfant qui ne naîtra pas
Démens ce qu’ils disent
De Toi
Défais ce que j’ai bâti
En Ton nom
Délie-moi de Toi
Car je T’aime
Je ne ferai pas le deuil de notre amour
Je veillerai
Sa dépouille
Toute la nuit
Car tu m’as choisie pour écrire : cela fut
Je ne réciterai pas le kaddish
Pour l’amour défunt
Tu le réciteras seul
Ou avec neuf des Tiens
En plaçant Tes phylactères
Sur Ton front, j’ai écrit :
Bénis sois-Tu, Roi de l’univers
Toi qui m’as élue entre toutes les femmes
Pour T’aimer
Je serai le feu, de Diglee
Edition La Ville Brûle, publié en octobre 2021, 30€
Quatre ans que l’illustratrice et autrice Maureen Wingrove (ak Diglee sur Instagram) planchait sur ce projet fou d’une anthologie illustrée qui réunit ses poétesses préférées et qui ont en commun d’avoir marqué leur époque. Après des centaines de lectures poétiques, des tonnes de dessins réalisés, Diglee rassemble ici un infime aperçu de ses trouvailles, mais peut être l’essence la plus pure : 50 poétesses des 19, 20 et 21ème siècles. Certaines d’entre elles sont très connues, d’autres sont tombées dans l’oubli, toutes ont touché le cœur de l’autrice et artiste.
Je souhaite vous faire découvrir ces poétesses qui sont aujourd’hui ma famille. Filles de Lune, prédatrices, mélancoliques, magiciennes, excentriques, insoumises, alchimistes du verbe, consumées…
Diglee
Cerise sur le gâteau nous confie-t-elle, plusieurs poétesses anglophones ont été traduites pour la première fois en français !
Notre poème coup de coeur de Simone Michel Azais :
AMOUR
Lors
Tes lèvres d’amour entrouvriront ma vulve
Et boiront mon désir
Comme on boit un vin fou
Ce désir
Qui courait au long de mon échine
Et faisait se cambrer mes reins
À ton toucher si doux
Lors
Je ne saurai plus si c’est moi que tu aimes
Ou seulement
Ta joie
De me donner l’amour.
[…] et la voix me manquent tant depuis qu’elle n’est plus là. » Après Ressac et Je serai le feu, Diglee, autrice et illustratrice, sort ce mois-ci aux éditions La Ville Brûle son troisième […]