Après le carton de ses chroniques sur la vie intérieure diffusées sur France Culture (podcastées 2 millions de fois !), Christophe André vous invite à (re)découvrir ses 40 exercices pour se reconnecter au royaume des émotions dans son nouveau livre La Vie Intérieure aux éditions L’Iconoclaste. Il répond à nos questions, tout en confidence…
Christophe, vous attirez l’attention sur la menace d’une externalisation de notre esprit. Qu’entendez-vous par là ?
Notre société nous pousse à vivre à l’extérieure de nous-mêmes, à passer notre temps en actions et en distractions. Qui prend encore aujourd’hui le temps de l’introspection ? Qui procède à cet effort d’écoute et de compréhension de soi ? En tant que psychothérapeute, j’ai parfois le sentiment que le seul moment où mes patients réfléchissent sur eux, c’est celui de notre consultation, une fois par semaine ou par mois. C’est tout de même bien peu pour se rendre visite à soi-même… Et comment espérer vivre heureux et lucides sans se connaître, sans lien à soi-même ?
Votre ouvrage traite de la vie intérieure et invite à se reposer sur elle au travers de 40 exercices méditatifs. A quel moment de votre vie avez-vous pris conscience de la richesse de cette vie intérieur ?
Je suis un introverti, et ma vie intérieure a toujours été pour moi à la fois un refuge et une source d’inspiration. La découverte de la méditation, qui est une des voies royales d’accès régulier et quotidien à sa vie intérieure, m’a considérablement fait progresser. Mes livres sont également un outil précieux, car ils m’amènent régulièrement à clarifier ma pensée et mes ressentis, pour mieux les transmettre aux lectrices et lecteurs ; mais j’en suis aussi le bénéficiaire.
Je tiens un journal intime, dans lequel je m’efforce de noter Les instants de vie qui m’ont touché.
Parmi les 40 exercices, quelques-uns m’ont amusé ou attiré mon attention :
L’ivresse légère…
…que vous décrivez comme une vie intérieure chimiquement modifiée. Est-ce une expérience que l’on peut vivre lors d’un apéro entre amis ou cela nécessite-il forcément la solitude ?
Les deux sont possibles. Même avec des amis, on peut prendre quelques minutes de retrait, en savourant à la fois leur présence, et aussi les effets de l’alcool. Je ne souhaite pas faire l’apologie de l’alcool, mais nous inciter à observer comment l’alcool nous apaise, nous donne une légère euphorie, des sentiments d’apaisement, de recul et de relativisation de nos soucis, de réceptivité, d’amitié avec le monde et de fraternité avec les autres humains. Puis de nous demander si, finalement, nous ne serions pas capables de vivre de telles expériences sans recours à des substances ?
La prière…
…que vous préconisez aux croyants comme aux non croyants. Comment expliquez-vous ce besoin d’un recueillement intérieur ?
Effectivement, toute prière commence par un moment de recueillement. Mais elle n’est pas que cela. La prière, même laïque, est aussi un acte de foi, l’apprentissage d’une confiance sans certitudes. Le besoin de prier émerge chez les humains lorsqu’ils se sentent submergés par la vie, submergés de bonheur ou de détresse. Nous offrons alors nos espérances, nos craintes, nos remerciements, à une entité bien au dessus de nous, sans avoir la preuve que nous sommes entendus, et encore moins qu’une réponse viendra. C’est enfantin et magnifique. D’où la subtile observation de Claude Nougaro dans sa chanson Plume d’Ange : « La foi est plus belle que Dieu ».
J’ai le sentiment d’avoir fait ma part, comme on dit, en tant qu’humain, médecin et citoyen, et j’aspire maintenant à un rythme de vie plus lent, avec davantage de temps d’écriture et de contemplation.
Quel exercice pratiquez-vous le plus dans votre quotidien ?
Il y en a beaucoup, les chemins de ma vie intérieure sont nombreux ! Trop, peut-être ? Mon épouse et mes filles me le reprochent parfois, et pensent que je devrai me montrer plus sociable. Je tiens un journal intime, dans lequel je m’efforce de noter Les instants de vie qui m’ont touché, et mes réflexions à leur propos. Je médite 20 minutes tous les matins, et souvent par petits bouts dans la journée. Je prie lorsque je me sens dépassé par la vie.
Vous avez réussi à démocratiser la méditation en milieu hospitalier et au-delà. On a entendu dire que vous pensiez à la retraite…
Oui, nous avons sans doute été le premier service universitaire français à utiliser la méditation avec nos patients, et je suis très heureux de voir que la greffe a pris, dans le monde des soins, et aussi plus largement dans la société. En ce qui me concerne, je vais effectivement prendre ma retraite en tant que médecin. J’ai le sentiment d’avoir fait ma part, comme on dit, en tant qu’humain, médecin et citoyen, et j’aspire maintenant à un rythme de vie plus lent, avec davantage de temps d’écriture et de contemplation.
Découvrez l’ouvrage de Christophe André aux éditions L’Iconoclaste qui comprend également ses 40 exercices de reconnexion à la vie intérieure sur CD-Rom ou à télécharger directement sur votre smartphone !
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