Pascale était passionnée d’aromathérapie, Claire à la recherche d’un projet profesionnel qui la fasse vibrer. Ces deux copines (qui se connaissent depuis 25 ans !) ont décidé il y a 2 ans de créer Les huilettes, une marque de soins aux huiles essentielles bio, vegan et 100% naturelles. Rencontre avec deux late bloomers habitées par l’envie d’une cosmétique rupturiste et green chic !
Comment vous êtes-vous rencontrées toutes les deux ?
Pascale – En Indonésie ! Je bossais pour Lancôme à l’époque, on venait toutes les deux de terminer nos études. Claire y était aussi avec son fiancé.
Claire – C’était il y a 25 ans, on était un petit groupe de jeunes à l’autre bout du monde ! C’est à cette époque qu’on est devenues amies.
Quand tu travailles en beauté dans le secteur du luxe, de surcroît en marketing, tu finis par être écoeurée de tout ce greenwashing.
Pascale, tu es pharmacien de formation. Qu’est-ce qui t’a menée vers l’aromathérapie ?
Pascale – J’ai effectivement fait pharma, puis une école de commerce en région parisienne. J’ai 20 ans de métier à l’international surtout dans la cosmétique conventionnelle. La vie a fait que j’ai changé de pays tous les 4-5ans. Après l’indonésie, je suis revenue en France chez Roger Cavaillès, puis je suis partie en Inde pour Yves Saint Laurent Beauté, puis en Thaïlande où j’ai bossé pour un distributeur, puis je suis arrivée au Maroc pour gérer des marques de luxe en distribution. Je suis tombée amoureuse des ressources végétales de là-bas comme l’huile d’argan. Je me suis rendue compte que c’était vraiment les produits que j’aimais. Quand tu travailles en beauté dans le secteur du luxe, de surcroît en marketing, tu finis par être écoeurée de tout ce greenwashing. J’avais aussi envie de consommer moins et mieux… Tout cela a fait son chemin.
A quel moment vous êtes-vous dit, “Go, on se lance !” ?
Claire – C’était durant l’été 2015, on était ensemble en vacances au Cap Ferret, on avait loué une maison, et puis un jour on est parties faire une promenade à vélo toutes les deux. On s’est lancées l’idée de monter une boîte ensemble. Pascale était habitée par toutes les découvertes sur l’aromathérapie et moi j’avais vraiment besoin d’un second souffle professionnel. J’avais toujours bossé dans des grands groupes, dans le divertissement, la food, la cosmétique… J’en avais marre de la hiérarchie, c’est peut-être une question d’âge aussi, une énergie bouillonnait en moi et j’avais besoin de nouveauté. On a senti qu’il y avait une idée et une envie qui pouvaient coller ensemble.
Vous n’aviez pas peur d’abîmer votre amitié en vous associant ?
Claire – C’est drôle parce que lorsqu’on est rentrées de cette balade à vélo, on a annoncé à nos maris : “On a une super idée, on va monter une boîte !” On s’attendait à ce qu’ils nous disent “Ca va pas bien les filles ! ” et ils nous ont répondu : “C’est une super idée, vous allez hyper bien ensemble”. Cela nous a étonnées et en même temps rassurées. On est parties de l’idée d’aromathérapie, la passion de Pascale, et on a réfléchi au domaine dans lequel on pouvait se lancer et la beauté est venue très rapidement.
Qu’est-ce qui était essentiel pour vous à la création des huilettes ?
Pascale – Les valeurs. C’est important d’être complémentaire dans une aventure entrepreneuriale, mais ce qui compte vraiment pour que cela marche, c’est se retrouver sur les valeurs et la vision.
Claire – On s’est fait un “pacte de mariage” pour protéger notre amitié et définir l’engagement que l’on prenait l’une envers l’autre sur deux ans. On l’a renouvelé cette année du coup ! C’est important, avant de se lancer, de savoir quelle place on souhaite donner aux huilettes dans notre vie personnelle, familiale et professionnelle.
Je pense aussi qu’on apporte un regard différent, rupturiste sur la cosmétique avec des soins 100% naturels, bio et végan fabriqués en France.
On sent beaucoup de maturité dans le processus de création d’entreprise…
Pascale – C’est qu’on n’a plus 30 ans !
Claire – Et nos expériences passées dans les grands groupes nous ont fait prendre conscience de ce dont on avait vraiment envie. Nos valeurs sont très liées à notre histoire professionnelle : on souhaite de la transparence et de la bienveillance.
Comment se partagent les tâches entre vous ?
Pascale – La R&D c’est moi ! (rires) Tout ce qui touche à la recherche documentaire, la bibliographie, l’élaboration des formules, les tests en laboratoire… Notre processus de développement est très long car nous travaillons sur les synergies entres huiles essentielles (obtenues par distillation) et les huiles végétales (obtenues par pression à froid).
Claire – Moi je m’occupe de tout ce qui touche au financement, à la comptabilité, à la distribution, à l’IT et à la communication, même si nous sommes toujours en train d’échanger sur presque tout ! (rires)
Pascale, comment élabores-tu tes formules ?
Pascale – Je travaille avec une trentaine de matières premières que j’ai sélectionnées pour leur efficacité. Quand j’élabore une formule, je fais d’abord un choix personnel des ingrédients, l’affect rentre en ligne de compte car certaines matières me parlent plus que d’autres ! L’olfactif est également essentiel dans l’élaboration des formules, je pense d’ailleurs que j’aurais choisi de devenir nez dans une autre vie ! Et puis bien sûr il faut observer la synergie des huiles entre elles pour que notre soin remplisse sa promesse d’efficacité, de sensorialité et de plaisir.
J’ai été très inspirée par la slow cosmétique quand j’ai créé nos produits.
Comment parvenez-vous à émerger dans un secteur déjà extrêmement concurrentiel ?
Claire – On ne lâche rien ! (rires) Et puis c’est vrai qu’on a de l’expérience. On ne débarque pas de nulle part et on a un joli réseau qui nous permet de faire connaître le projet, même si c’est dur. Je pense aussi qu’on apporte un regard différent, rupturiste sur la cosmétique avec des soins 100% naturels, bio et végan fabriqués en France. Nous avons élaboré une charte précise, #LABESSENTIEL, certifiant les valeurs de tous nos fournisseurs et partenaires.
Quelles sont les ambitions des huilettes aujourd’hui ?
Pascale – Faire grandir la gamme qui compte trois produits aujourd’hui, mais à notre rythme ! On ne veut pas se précipiter et proposer les meilleurs produits qu’il soit.
Claire – On a un objectif naturel qui est la croissance par l’export : on est déjà vendu au Japon, aux Etats-Unis et on espère continuer sur cette lancée. Et puis ce qui nous importe surtout c’est de faire grandir notre tribu d’huilettes addicted ! On ne veut pas devenir une marque de cosmétique classique. On veut garder du sens et rester fidèle à notre ADN de base.
Quel est le profil d’une consommatrice des huilettes ?
Pascale – J’ai été très inspirée par la slow cosmétique quand j’ai créé nos produits. Notre cliente de départ était surtout la femme très branchée bio, adepte du DIY en cosmétique, cliente d’Aromazone… presque babacool, en mode zéro déchet. Nous souhaitions leur apporter une note de glamour, de green chic !
Claire – Et puis le coeur de cible aujourd’hui a changé. Maintenant ce sont des femmes consommatrices de la cosmétique conventionnelle qui souhaitent consommer mieux tout en gardant une routine glamour.
Quel est votre produit préféré dans votre gamme ?
Pascale – Mon huilette Day. Il rentre plus dans les codes de l’aromathérapie pure et dure avec un parfum très particulier.
Claire – Mon huilette Night car elle est très fleurie et me relaxe pendant la nuit.
Tant de chemin parcouru déjà ! Qu’avez-vous appris l’une de l’autre ?
Pascale – Je savais que Claire était hyperactive mais je ne savais pas qu’elle avait une telle endurance ! C’est une vraie marathonienne, elle ne lâche jamais.
Claire – Pascale est une femme très convaincue et en même temps extrêmement à l’écoute, ce qui est essentiel dans le développement de nos produits. On se dit très souvent merci l’une à l’autre. Souvent je me demande avec qui d’autre j’aurais pu me lancer dans cette aventure et je réalise que cela ne pouvait être que Pascale.
Vos maris ne sont pas trop jaloux de votre complicité ?
Claire – Si parfois ! Pascale habite aux Maroc et quand elle vient une fois par mois en France, elle vient habiter à la maison. C’est vrai qu’il y a une symbiose forte entre nous.