Le Feng Shui est un véritable art de vivre venu de Chine. Ses sinogrammes 風水 représentent le vent et l’eau, des éléments très fluide qui s’écoulent librement – tant que rien ne vient les bloquer ! Rencontre avec Olivia Roy, praticienne Feng Shui qui nous dévoile les secrets de cet art d’habiter.
Quelques mots pour te présenter?
Je suis praticienne en astrologie et en Feng Shui traditionnel chinois depuis une quinzaine d’années maintenant. Cette discipline taoïste ancestrale me passionne. J’ai commencé à m’intéresser au Feng Shui au début des années 2000, puis j’ai suivi la formation de Marie-Pierre Dillenseger au FSRC. J’ai eu la chance d’être lancée en tant que praticienne Feng Shui par un très grand projet au nord de Paris, tout s’est enchaîné ensuite de manière très fluide. En 2011, j’ai créé mes cours afin de transmettre la parole que j’avais reçue au travers de formations, séminaires, conférences et ateliers de travaux pratiques.
Comment la civilisation chinoise à travers le Feng Shui et l’astrologie chinoise sont entrées dans ta vie ?
Mon père était architecte et ma mère est née en Indochine pendant les colonies, donc dès le berceau, j’ai baigné dans les plans d’un côté, et la culture chinoise de l’autre (entre les meubles à la maison, la cuisine, les lectures). C’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers les disciplines chinoises.
Le Feng Shui, on a tous plus ou moins entendu parler, mais d’où ca vient et comment ça marche ?
Le Feng Shui traditionnel chinois est un outil subtil et puissant qui livre des clés de connaissance de soi et qui apprends à se positionner dans nos espaces au quotidien.
Olivia Roy, praticienne Feng Shui
A l’origine, le Feng Shui traditionnel chinois est une discipline au service de l’Empereur et de sa famille, au même titre que la Médecine Traditionnelle Chinoise ou les arts martiaux. Ces pratiques issues du taoïsme permettaient d’organiser le fonctionnement de son empire et la conquête des territoires voisins. Les maîtres de la Chine ancienne ont appris à apprivoiser et orienter le Qi (l’énergie) dans un espace. L’objectif du Feng Shui est d’apporter harmonie et équilibre à notre habitat.
Chaque lieu est unique. Le Feng shui détermine sa carte énergétique, sa carte de visite, en partant de sa date de naissance, sa donnée céleste en lien avec le temporel, et son orientation dans l’espace sa donnée terrestre en lien avec le spatial.
Olivia Roy, praticienne Feng Shui
Cela donne une carte énergétique où se relie le spatio-temporel. La date de naissance du lieu pour être très précis, correspond à la date de pose du toit, cette date marque l’encapsulation du lieu entre ciel et terre. Ce n’est pas toujours facile à trouver. Mais elle me permet d’étudier comment la personne évolue ou va évoluer dans un lieu. Dans la pensée chinoise classique, l’homme vit entre ciel et terre. Des gens me disent : « le Feng Shui ça n’a pas marché pour moi. » C’est parce que la date de naissance du lieu n’a pas été prise en compte. Sans cette date, on zappe 50% des informations qui viennent du ciel. On ne peut en tant qu’humain ignorer cette donnée céleste.
Le Feng shui est un positionnement, une respiration. Il fonctionne comme les arts martiaux, le qi gong, l’acuponcture. On pique un méridien, on observe la circulation des flux d’énergie dans le lieu. Puis on fait un bilan, un état des lieux.
Olivia Roy, praticienne Feng Shui
Un mas, une bastide dans le sud de la France avec des murs épais de 2 mètres, ce n’est pas pareil qu’un appartement très ouvert et plein sud. C’est du sur-mesure.
Comment se déroule une consultation de Feng Shui ?
En tant que praticienne Feng shui, je prends le pouls du lieu. Je me mets à son chevet, à son service. Je constate sa respiration, cela ressemble à une séance d’acuponcture. Je regarde les traumatismes. Pour m’accompagner, j’interroge mon client. Quelles sont ses observations majeures, comment il se sent dans ce lieu, quelles sont les difficultés, les freins ou au contraire ce qui est facile pour lui dans sa maison ou son appartement ? Il y a des lieux qui t’invitent à aller de l’avant, des lieux où tu voyages tout le temps où tu es souvent dehors ou au contraire des lieux qui sont des cocons, des tanières très yin où l’on se ressource. Si vous faite la cartographie des lieux où vous avez vécu depuis votre naissance. Il y en a qui vous ont incité à faire certaines choses et d’autres pas, des lieux qui vous ont ralenti, freiné, qui vous ont obligé à réfléchir.
Je travaille toujours avec une problématique. Je demande à mes clients de la formuler par écrit. Pourquoi vous venez me voir, qu’est-ce qui se passe ?
Olivia Roy, praticienne Feng Shui
Depuis que je suis dans ce lieu, ma vie relationnelle, ma santé ou ma vie sociale est touchée de telle ou telle manière. Ensuite, je cherche le fil conducteur pour démêler l’écheveau. J’entre dans les entrailles du lieu en posant sa carte énergétique pour identifier ses forces et ses faiblesses, voir comment la personne se positionne dans cet espace. Où est le centre de gravité de la maison ou de l’appartement ? Est-ce qu’il est sous une armoire ou à l’air libre ? Où est l’assise du lieu ? Est ce que l’on peut s’adosser ou pas ? Comment est la façade symbole de l’ouverture aux autres ? Est-ce que la sonnette de l’entrée marche ? Est-ce qu’il y a une porte de fermée et pourquoi ? Est-ce que l’on baisse les stores, est-ce qu’on les lève ? Est-ce que le lieu est trop yang, trop actif, résultat la personne est tout le temps fatiguée. Elle n’arrive pas à se poser. Est-ce qu’elle a des problèmes de sommeil ? Ou elle n’arrive pas à avancer, à aller vers les autres. Elle ne rencontre personne, elle se sent seule. J’étends en filigramme une petite musique qui me guide dans la carte énergétique.
Quelles sont les remèdes que tu proposes ?
Ils sont nombreux et parfois minimes, pas besoin de tout changer du sol au plafond. Par exemple, bouger une armoire, ouvrir une porte, mettre des rideaux, un tapis ou encore enlever un objet, un meuble permettra de mieux surfer sur la vague énergétique du lieu.
Après le diagnostic, on peut déterminer, par exemple, le meilleur endroit pour se reposer, dans quel fauteuil ou canapé. J’avais une cliente qui avait de gros problème de santé. Après analyse de son lieu de vie, il se trouve que son dressing était le meilleur endroit pour se ressourcer et se poser. Elle y a mis un fauteuil, un tapis, une lampe. Elle m’a dit : « c’est incroyable, c’est un cocon. Je me suis ressourcée. J’ai passé des heures dans mon dressing, je me suis retrouvée ». Sa santé s’est améliorée. Dans les 10 jours, il peut y avoir un changement. Ensuite, j’affine. Je repique un autre « méridien » sur le lieu, je teste autre chose. Un simple rapport écrit ne suffit pas, il faut du temps, du suivi pour faire du sur mesure.
Que doit-on faire quand on emménage dans un lieu pour se l’approprier ?
Faite une pendaison de crémaillère. Mettez votre nom sur la sonnette, l’interphone, la boîte aux lettres. Marquez bien le schéma d’accès au lieu, signalez que vous êtes là. Mettez un paillasson de la taille de votre porte. Aménagez, investissez le lieu, posez votre empreinte pour l’apprivoiser : Le Feng Shui vous aide à apprendre à connaître votre lieu.
Il m’arrive de travailler avec des maisons que j’appelle les « Belles au bois dormant ». Elles attendent d’être réveillées. Certaines sont complètement éteintes mais elles peuvent retrouver leur splendeur. Ce que vous donnez à votre lieu, il vous le rend au centuple.
Olivia Roy, praticienne Feng Shui
Quelques conseils Feng shui à appliquer chez soi ?
Mon premier conseil est de regarder votre lieu avec un œil neuf, comme si vous étiez invité à son bord. Essayez de voir votre intérieur avec un regard neutre, comme si vous entriez chez quelqu’un que vous ne connaissez pas. Cela vous permettra de détecter des incohérences, ou de voir ce qui vous est familier avec d’autres lunettes posées sur le bout de votre nez, de repérer des dysfonctionnements comme une sonnette qui ne marche plus depuis des mois alors que la personne se plaint de ne pas avoir assez de contact avec l’extérieur, les vitres sales qu’on ne voit plus, l’ampoule claquée qu’on ne remplace pas et qui obscurcit une pièce déjà sombre, un tapis ou des rideaux qu’on ne supporte plus mais que l’on utilise tous les jours, des piles de courrier qui s’entassent dans un coin, des placards remplis de vêtements qu’on ne porte plus.
Voici un deuxième conseil que vous pouvez appliquer dans les jours qui viennent (puisque nous sommes en pleine période du printemps chinois). C’est ce qu’on appelle « la chasse au Sha Qi », c’est-à-dire repérer et supprimer tout ce qui ne vous plait plus ou encore tout ce que vous n’avez pas utilisé depuis un an. Sans tomber dans des méthodes drastiques de minimalisme, pensez à vous alléger du superflu qui ne vous sert plus au quotidien car cela représente autant de wagons de plomb énergétiques que vous portez sur votre dos.
Il convient, au démarrage de la nouvelle année, d’avoir trié et réglé ses affaires, rendus ce qui ne nous appartient pas, afin de ne plus nous charger des reliquats de l’année précédente et pouvoir démarrer quelque chose de neuf, en étant plus léger. L’objectif de cette discipline, tout comme les autres techniques classiques chinoises telles l’acupuncture, les arts martiaux et le Feng Shui, est de préserver l’énergie individuelle pour s’épuiser le moins possible, tout en préservant et en renforçant sa longévité.