Un premier roman, c’est comme un saut dans le vide. Un dévoilement. Un vertige. Un envol. Perrine Tripier, autrice du livre Les guerres précieuses, paru en janvier aux éditions Gallimard, nous raconte la naissance de son premier né de papier.
Le pitch de son premier roman Les guerres précieuses :
Hantée par un âge d’or familial, une femme décide de passer toute son existence dans la grande maison de son enfance, autrefois si pleine de joie. Pourtant, il faudra bien, un jour ou l’autre, affronter le monde extérieur. Avant de choisir définitivement l’apaisement, elle nous entraîne dans le dédale de sa mémoire en classant, comme une aquarelliste, ses souvenirs par saison. Que reste-t-il des printemps, des étés, des automnes et des hivers d’une vie ?
Perrine, vous publiez en janvier votre premier roman : Les guerres précieuses. Impatiente ? Angoissée ? Les deux ?
Les deux, et rajoutons à cela une pointe d’hébétude : je ne réalise pas bien que tout cela est vrai… Pour moi, c’est de l’ordre du rêve.
Racontez-nous la genèse du manuscrit… Quel a été le déclencheur pour commencer à l’écrire ?
J’écris depuis que je suis enfant, je me suis toujours projetée et reconnue dans ce geste d’invention et de rédaction.
Évidemment mon goût pour l’écriture est d’abord un goût de la lecture : j’ai toujours voulu écrire des livres que j’aimerais lire.
Perrine Tripier pour Le Prescripteur
Mais avant celui-ci, je n’avais jamais proposé de livres à l’édition. J’attendais d’être fière de moi pour passer ce cap. En 2018, j’ai commencé à écrire ce roman, et j’ai assez vite su que je voudrais l’envoyer à une maison d’édition.
Publier aux éditions Gallimard collection Blanche est le rêve ultime pour nombre d’auteurs… Avez-vous simplement déposé votre manuscrit à l’accueil ?
J’ai fait un pari audacieux !
J’ai fini mon roman en janvier 2021, et, sans l’avoir fait lire à aucun de mes proches, j’ai décidé de l’envoyer aux éditions Gallimard, pour voir, pour tenter, sans espoir.
Perrine Tripier pour Le Prescripteur
Je n’y connaissais rien au monde de l’édition, alors j’ai cherché l’adresse sur leur site internet, j’ai fait mon petit colis, et je l’ai envoyé. Quelques mois après, j’ai reçu leur réponse. Mon rêve se réalisait.
Parlons de votre roman : il raconte l’histoire d’une femme qui nous plonge dans les souvenirs d’une maison familiale qu’elle ne parvient pas à quitter. Est-ce inspiré de votre propre vie ?
Quand j’avais dix-huit ans, la maison familiale où j’avais vécu des moments d’enfance merveilleux a été vendue, car elle devenait trop encombrante. J’ai ressenti un immense chagrin. Je me suis alors demandé quel déchirement la perte d’un lieu serait pour une personne qui y a passé toute sa vie.
Perrine Tripier pour Le Prescripteur
Ça m’a menée à cette expérimentation romanesque, qui explore et approfondit les liens entre un lieu et ses habitants. Néanmoins, la famille que je décris est très éloignée de la mienne, car je ne voulais pas faire une autobiographie. Je me suis surtout inspirée de sensations que j’avais vécues, et j’ai glissé un peu de moi dans chacun des personnages. La ressemblance s’arrête là.
Votre roman a-t-il pour but de transmettre un message ?
C’est davantage une histoire qui peut parler à tous qu’un message. Je sais que beaucoup ont ce lien avec un lieu de leur passé ou de leur présent, ou même un lieu où l’on se projette. Le but était d’exprimer une palette de sensations et d’émotions imagées et évocatrices pour immerger le lecteur dans un lieu fictif auquel il s’identifierait pourtant.
Le plus beau compliment qu’on puisse vous faire sur votre roman serait lequel ?
Si un lecteur me dit qu’il a été touché par l’histoire ou le style, ce sera merveilleux.
Pensez-vous déjà à l’écriture d’un second roman ?
Je suis en train d’écrire mon second roman ! Je n’en dis pas plus…
Portrait chinois : si vous étiez…
- Un livre : Le Chant du monde, de Jean Giono. Le style en est magnifique, organique et fluide. Il m’avait beaucoup bousculée par sa langue chatoyante.
- Une époque : malheureusement, aucune époque n’a été douce pour les femmes… Si j’occulte ce point, j’avoue beaucoup apprécier l’art et la littérature de la toute fin XIXème et début XXème. On explorait les rivages nouveaux de l’inconscient, on stylisait beaucoup, on ornementait le quotidien…
- Un vêtement : Un lourd manteau de tsarine ou d’héroïne du XIXème, vert forêt bordé de fausse fourrure ( je ne souhaite pas dépecer un animal ), où s’accrocheraient des flocons.
- Une couleur : Une alliance de bleu nuit et d’or
- Une destination : J’avais adoré la ville d’Édimbourg, un labyrinthe de rues tortueuses, avec ses légendes spectrales, ses maisons de brique biscornues, la chaleur des pubs… En terme de paysages naturels, j’aime les pays au Nord du globe, les grandes forêts, les falaises déchiquetées, la mer déchaînée… Je trouve qu’il y a une chaleur singulière dans les pays froids.
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