Un premier roman, c’est comme un saut dans le vide. Un dévoilement. Un vertige. Un envol. Julie Girard, autrice du livre Le Crépuscule des Licornes, paru en janvier aux éditions Gallimard, nous raconte la naissance de son premier né de papier.
Le pitch du premier roman Le Crépuscule des Licornes :
À Manhattan, Éléonore vit avec Zack, créateur d’une start-up en pleine ascension — une licorne. Journaliste, elle enquête sur l’entreprise d’un brillant physicien, en passe de révolutionner nos modes de communication. Son invention, un implant cérébral qui permet de « louer » la pensée des autres, attise toutes les convoitises. Projetée au cœur du système capitaliste désincarné, Éléonore découvre la cruauté d’une société qui a oublié la saveur de l’intime et l’importance des idéaux. C’est alors que surgit l’amour, tout droit venu du passé.
Julie, vous avez publié janvier votre premier roman : Le crépuscule des licornes. Impatiente ? Angoissée ? Les deux ?
La publication d’un roman est un acte de dévoilement qui, par nature, est intimidant, mais je suis très impatiente de le voir en librairie.
Racontez-nous la genèse du manuscrit… Quel a été le déclencheur pour commencer à l’écrire ?
L’écriture est l’expression d’un sentiment, qui, un moment donné, nous submerge et a besoin d’être sublimé pour être tolérable. C’est une manière créative de se défendre.
En ce qui me concerne, c’est l’indignation que j’ai pu ressentir devant les absurdités du monde contemporain, de la société américaine en particulier, qui m’a donné envie d’écrire.
Julie Girard pour Le Prescripteur
L’invasion de la technologie dans notre quotidien, le culte de la surperformance, la moralisation ambiante, ont créé les conditions d’une aseptisation des relations humaines. Notre rapport aux autres s’est appauvri, et c’est tout le tissu humain qui s’effiloche. Mais il ne fait aucun doute que les blessures intimes de l’enfance ont été également des forces motrices inconscientes.
Je n’ai pas toujours été « une romancière » puisque ce roman est précisément mon premier manuscrit, mais j’ai longtemps souffert d’une imagination débordante qui, par moments, pouvait devenir paralysante. Fictionnaliser le réel est quelque chose que je fais spontanément.
Julie Girard pour Le Prescripteur
Publier aux éditions Gallimard collection blanche est le rêve ultime pour nombre d’auteurs… Comment est-ce arrivé ?
Lorsque j’ai terminé mon manuscrit, je l’ai envoyé par la poste à différentes maisons d’édition. Je ne connaissais personne dans ce milieu. Gallimard m’a contactée quelques semaines plus tard.
Parlons de votre roman : il est une critique du « capitalisme désincarné » et nous plonge dans le monde des licornes… C’est un milieu qui vous était familier ?
Mon roman explore les arcanes de la société capitaliste américaine que j’observe au quotidien depuis plus de douze ans, puisque je suis Américaine et que je vis à New York. J’ai travaillé dans le monde de l’art de nombreuses années, d’abord comme galeriste, puis comme consultante en art contemporain. Du fait de mes activités professionnelles, j’ai côtoyé les milieux de la finance, de l’entrepreneuriat et de la Tech dont était principalement issue ma clientèle…
Le plus beau compliment qu’on puisse vous faire sur votre roman serait lequel ?
J’aimerais que l’on me dise qu’il est déconcertant, parfois désopilant, mais surtout qu’on l’a lu avec autant de passion que celle qui m’a portée tout au long de l’écriture.
Un manuscrit dort-il déjà dans vos tiroirs ?
Pas dans mes tiroirs, mais sur le bureau de mon éditeur 🙂
Portrait chinois : si vous étiez…
- Un livre : L’Antéchrist de Nietzsche
- Une époque : l’époque contemporaine
- Un vêtement : l’humour
- Une citation : l’épigraphe de mon roman, une citation de Nietzsche : « Il est effroyable de mourir de soif en mer. Vous faut-il saler à ce point votre vérité qu’elle n’étanche même plus la soif ? »
- Une couleur : ses yeux
- Une destination : une île, n’importe laquelle