“Donner à la matière un sens humain et culturel au-delà du beau”, c’est la philosophie de Marion Fillancq qui lance en 2015 sa marque de bijoux éponyme aux inspirations archéologiques. Sa passion ? Tailler la pierre, le verre et le métal dans une démarche quasi anthropologique. Son déclic ? La visite d’un site archéologique au Portugal à l’âge de 7 ans. Marion nous raconte son parcours d’artisane autodidacte, à l’heure où elle nous présente sa toute nouvelle collection de bagues Wonder Sapiens…
Où t’es-tu formée aux techniques artisanales que tu utilises aujourd’hui ?
Mes techniques sont surtout le fruit d’expérimentations ! Mais je me suis beaucoup appuyée sur mes différentes formations. J’ai commencé en Arts Appliqués, puis je me suis dirigée vers les arts verriers et j’ai obtenu un diplôme de souffleur de verre. Durant mes études, je me suis intéressée aux techniques de taille de la Préhistoire. Moi qui travaillais beaucoup la sculpture, j’ai commencé à ressentir l’envie de continuer mes études en bijouterie. Je me suis formée à l’école Boulle.
Petite, tu étais déjà une passionnée de cailloux ?
Olala oui ! Je me faisais des bibliothèques de trésors trouvés par terre. Des scarabées, des cailloux, des morceaux de bois… J’ai toujours eu un goût pour l’archéologie et ce qu’elle pouvait mettre à jour. J’ai un souvenir marquant d’un voyage au Portugal avec mes parents lorsque j’avais 7 ans.
Cette phrase me suit encore aujourd’hui, elle m’a permis d’apprécier à sa juste valeur ce qui nous entoure, de percevoir la préciosité d’un simple caillou qui a traversé les âges et d’avoir un regard plus respectueux sur l’Histoire et sur notre patrimoine.
Tes bijoux mêlent le métal doré et le verre… Un travail à la fois brut et sensible. Que peut-on trouver dans ton atelier ?
Des outils de bijouterie essentiellement (des limes, des scies, des papiers abrasifs, des fraises de différentes tailles), du métal, du verre…
Je le sculpte à l’aide d’outils diamantés comme on travaillait la pierre. C’est une technique à mi-chemin entre la glyptique (ndlr : l’art de la gravure des pierres fines et de la sculpture en creux ou en relief) et la sculpture contemporaine. J’ai investi cette année dans une machine pour facetter le verre et avoir des tailles plus modernes. Je travaille aussi beaucoup la cire, car pour la plupart de mes pièces en métal, j’utilise la technique de la cire perdue. Un autre de mes outils fétiches est une pointe de cuivre que j’ai emmanchée sur un morceau de bois. Je m’en serre pour faire de la taille par pression, comme on sculpterait une pointe de flèche.
Marion Fillancq – crédit photos @Zoefidji pour Le Prescripteur
Sculptes-tu toutes tes pièces ou pars-tu de formes existantes dans la nature ?
Oui ! Les seules pièces pour lesquelles je suis partie d’une forme existante sont celles de la collection Back to Basics : j’ai récupéré des déchets de taille que je trouvais beaux et que j’ai moulés. Pour le reste, c’est moi ! Mes créations en forme de roches par exemple sont à la base des petits morceaux de cire que je sculpte au cutter pour leur donner cet aspect.
Y-a-t-il une création qui fait particulièrement sens pour toi ?
Toutes mes pièces taillées dans le miroir ont un sens particulier car en les fabriquant, j’ai eu l’impression de mieux comprendre le sens de mon travail. Le miroir nous renvoie notre propre reflet mais aussi toute notre histoire.
Quel message souhaites-tu faire passer au travers de tes créations ?
A mes débuts, j’avais une démarche très sculpturale et j’intellectualisais beaucoup mon travail. Aujourd’hui, je cherche le rapport au corps et à l’individu qui va porter ma pièce. Je suis revenue à une démarche anthropologique et je laisse chacun avoir sa propre intuition sur mes créations.
Où peut-on se procurer tes bijoux ?
Sur tous les continents ! J’ai quelques points de vente dans plusieurs pays comme au Musée d’art moderne de Baden Baden, au Japon, en Uruguay, au Maroc, aux Etats-Unis… J’ai surtout mon propre e-shop et je souhaite surtout garder une échelle artisanale et une production made in France.
Mon atelier est ouvert tous les jours, et vous pouvez venir sur rdv, c’est l’occasion de découvrir mon antre, mais aussi le lieu si atypique du 6B à Saint-Denis, un lieu qui bouge, qui grouille d’art et de culture, d’engagements, d’humains philanthropes et de poésie.
Et au retour, un p’tit passage par la Basilique de Saint-Denis pour faire un big-up aux rois de France !