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Maison Lener : les manteaux coutures des Flandres françaises

L’histoire de Maison Lener commence en 1954 lorsqu’une femme, entrepreneuse, mère de 10 enfants, et violonniste à ses heures perdues, décide de lancer son propre atelier de confection de blouses à Hazebrouck dans le Nord de la France. Près de 70 ans plus tard, Maison Lener est devenue l’une des toutes dernières entreprises françaises à avoir su préserver un savoir-faire unique dans la confection de manteaux et vestes coutures, aux finitions prisées des grands couturiers. Amour des matières pures et nobles, coupes inspirées du minimalisme nordique, engagement pour une mode intemporelle et durable, autant de valeurs défendues par Maison Lener que nous confie Marine Lener, arrière-petite-fille de la fondatrice, qui nous raconte l’histoire d’une épopée familiale…

1954, c’est l’année où ton arrière-grand-mère décide de créer son propre atelier de confection de blouse à Hazebrouck, dans le Nord de la France. La légende familiale commence. Quel récit t’a-t-on fait des prémisses de Maison Lener ?

Ce que ma famille m’a transmis, c’est surtout l’histoire de mon arrière-grand-mère paternelle. Celle qui a tout commencé.

On m’a transmis l’image d’une femme forte, mère de dix enfants, qui décide de lancer son projet d’atelier de confection de blouses depuis son grenier, à Hazebrouck, notre ville natale.

Marine Lener, pour le prescripteur

Elle était aussi violoniste à ses heures perdues. Son fils André, frère de mon grand-père paternel, l’a épaulée assez rapidement pour s’occuper de la partie finance. Et dans les année 60, mon grand-père, Marc, les a également rejoints pour développer la partie commerciale.

Mon père, lui, a intégré la société dans les années 80. C’est à partir de ce moment-là que la société a véritablement explosé car nous mettions notre savoir-faire au service de grandes marques de prêt-à-porter avec une production locale, à Hazebrouck, où nous avions toutes nos usines. A l’époque, nous ne comptions pas moins de 200 salariés en France.

Les années 90 ont été une décennie très difficile : c’était la mondialisation, l’ouverture des marchés. Pour rester vivant, on ne pouvait plus se permettre de produire intégralement en France, mais on ne voulait pas perdre notre savoir-faire, ni la main sur la qualité de nos produits. Alors on a ouvert notre propre usine de production en Ukraine, et formé les équipes sur place. Cette usine existe toujours aujourd’hui. En 1996, on a ouvert un bureau d’étude à Kiev, ce qui nous a permis de tenir le choc, et de maintenir une activité dans le Nord de la France.

Nos ateliers à Hazebrouck comptent aujourd’hui 83 salariés et toute la valeur ajoutée de nos produits est assurée là-bas : patronage et couture des premiers prototypes.

Marine Lener, pour le prescripteur

Maison Lener est l’héritière de toute cette histoire.

Usine historique Maison Lener à Hazebrouck

Maison Lener, c’est donc une histoire familiale, mais pas uniquement la tienne…

Oui, c’est vrai. Bien sûr que c’est l’histoire de ma famille. Aujourd’hui mon père (CEO), ma mère (DA) et mon frère travaillent chez Maison Lener, tout comme des tantes, oncles, cousins… Mais il faut savoir qu’aujourd’hui, parmi les employés de la société, certains ont eu leurs parents et grands-parents salariés de l’entreprise. Parmi nos fournisseurs également, certains remontent à l’époque de mon grand-père et les activités ont été reprises par les enfants, puis les petits-enfants. Il y a une culture familiale très forte que nous avons voulu préserver toutes ces années.

Maison Lener, ce sont avant tout des manteaux de grande qualité, confectionnés dans le respect d’un savoir-faire français, inspirés par l’esthétisme du Nord. Peux-tu nous en dire plus sur le « style » Maison Lener ?

Maison Lener propose avant tout des manteaux et des trenchs aux coupes coutures, structurées, inspirées de l’architecture et du design des Flandres françaises : chics et intemporelles, nous aimons aussi twister les coupes iconiques de la marque avec des tissus plus affirmés et colorés.

La confection est irréprochable, et le fruit d’une longue transmission d’un savoir-faire qui répond aux exigences des plus grandes maisons de luxe.

Marine Lener, pour le prescripteur

Nous nous inspirons beaucoup des archives de la maison que nous avons conservées depuis quatre générations. Nous puisons régulièrement dans ces anciens modèles, trésors de la Maison, pour les remettre au goût du jour.

Dans le vestiaire Maison Lener, on peut à la fois trouver des pièces coutures au tombé impeccable, mais aussi des coupes dessinées et oversize, qui apportent amplitude et confort.

Marine Lener, pour le prescripteur

Les collections Maison Lener sont fabriquées majoritairement avec des matières naturelles : coton, lin, laine vierge, alpaga… D’où viennent ces matières premières ?

D’Italie principalement ! Nous travaillons en étroite collaboration avec des fournisseurs français ou italiens depuis plus de 50 ans. 

Nous utilisons des matières nobles pour répondre à deux critères : la qualité et la longévité. L’idée est de défendre une consommation éthique avec des pièces d’excellente qualité, qui durent dans le temps.

La doublure de nos manteaux provient principalement d’Espagne. Et la production est réalisée en Ukraine dans notre usine. Il est extrêmement rare aujourd’hui de trouver des marques qui détiennent leur propre usine de confection : la plupart du temps, cette partie est externalisée. Cette philosophie nous permet aujourd’hui de garantir une qualité irréprochable à nos pièces.

L’usine à Hazebrouck, dans le Nord de la France, est donc toujours en activité. Est-ce là-bas que vous avez shooté votre dernière campagne ?

Oui ! Nous réalisons tous nos shootings de collection (deux par an) dans le Nord, et le dernier s’est déroulé dans notre usine d’Hazebrouck. Nous avions installé une cabine dans la salle de confection, juste à côté des couturières. Cet endroit est chargé de souvenirs. Pour ma part, j’ai grandi à Hazebrouck, et lorsque je rentrais de l’école, c’est là-bas que j’allais jouer.

Tu es donc l’arrière petite-fille de celle qui est à l’origine de Maison Lener. Qu’est-ce qui t’a décidée à rejoindre l’entreprise familiale ?

Je savais qu’un jour où l’autre, l’entreprise familiale ferait partie de ma vie professionnelle.

Marine Lener, pour le prescripteur
Copyright – Marine Lener

Nous sommes nombreux, aujourd’hui, à chercher plus de sens dans notre travail et j’ai la chance de faire partie d’une famille qui, par son activité, défend ces valeurs de savoir-faire, et s’interroge en permanence sur les questions d’empreinte carbone et d’empreinte sociale. Résister à la fermeture de ses propres usines, former ses salariés en Europe, c’est prendre conscience de l’impact social et humain d’une entreprise.

On parle beaucoup de l’empreinte carbone du vêtement, mais l’empreinte sociale est tout aussi primordiale.

Marine Lener, pour le prescripteur

J’ai fait mes armes dans d’autres entreprises pour finalement trouver le sens que je cherchais en intégrant officiellement Maison Lener. Et puis je m’appelle Marine Lener, j’ai les mêmes initiales que mon arrière-grand-mère, je pense que tout cela devait être écrit !

Difficile d’évoquer votre usine en Ukraine sans penser au conflit en cours. Comment parvenez-vous à préserver l’activité ?

Maison Lener a connu deux grosses crises majeures ces trois dernières années : le COVID (durant lequel nous avons mis notre usine française au service de la production de masques et de kits de blouses pour les soignants) et la guerre en Ukraine. A chaque fois, il a fallu faire preuve de sang froid, et d’ingéniosité pour maintenir l’activité.

En ce qui concerne le conflit en Ukraine, notre usine, qui compte 200 salariés, est située à l’Ouest du pays. Elle n’a pas été touchée par les bombardements, tout comme notre bureau d’étude à Kiev, même si nous devons conjuguer régulièrement avec des coupures de courants. Certaines familles ukrainiennes salariées se sont retrouvées sans logement. Nous avons proposé de les accueillir en France. Des patronnières sont venues se réfugier à Hazebrouck, parfois accompagnées d’anciennes patronnières et de leurs enfants. Certaines ont fini par s’y installer et continuent de travailler pour Maison Lener depuis la France. Au plus fort du conflit, les camions qui acheminaient notre production de l’Ukraine à la France, repartaient avec des denrées alimentaires, des couvertures. Nous avons aussi permis en Ukraine la confection de tenues de camouflage.

Le soutien économique envers l’Ukraine est presque aussi important que le soutien militaire.

Cette semaine est marquée par un événement important pour Maison Lener. Il s’agit de La Cabine : 4 jours où vous ouvrez votre showroom parisien pour des essayages. En quoi cela consiste ?

Nous sommes installés au 17 rue d’Aboukir et il suffit de réserver un créneau sur notre site pour profiter d’une privatisation de 45 minutes pour essayer nos pièces, toucher les matières, ressentir l’esprit de Maison Lener. C’est un moment intimiste où chacune peut venir avec sa mère, sa sœur, ses amies : l’idée est de profiter de la collection pour soi et ses proches, autour de quelques gourmandises rapportées du Nord. Je serai également sur place pour répondre à toutes les questions et proposer un essayage sur-mesure.

Showroom Lener Cordier
17 Rue d’Aboukir – 75002 Paris
Du 04 au 07 Octobre 2023

Elles sont rares les maisons de mode qui revendiquent leur appartenance au Nord de la France. C’est une fierté ?

Oui ! J’ai envie de montrer que le Nord de la France peut être une grande source d’inspiration pour les modeuses parisiennes : chez Maison Lener, elles peuvent trouver des pièces intemporelles et fortes qui distingueront leur vestiaire.

Quelles sont les pièces emblématiques de Maison Lener ?

Le manteau TEMPOREL 75% alpaga- 25% laine vierge. J’aime particulièrement son allure très chic, sa forme longue et droite ajustée, son col capuche enveloppant, sa fermeture simple par pressions invisibles posées à la main, ses poches passepoilées et ses fentes sur les côtés.

Le trench TRAIT, 100 % coton sergé déperlant. Au toucher, tu peux observer une finition un peu velours. Il est très apprécié pour sa coupe oversize, son double boutonnage, ses emmanchures tombantes et ses grandes poches raglantes boutonnées.

Le manteau COURANT, 100% laine vierge effet poilu, que nous avons sorti cette année en motif gros carreaux oranges pour une pièce très couture.

L’ensemble tailleur ARCHE, qui lui aussi propose une silhouette dessinée avec sa coupe ample et courte, ses deux grandes poches à rabat avec pressions invisibles.

Le manteau qui ne va pas te quitter cet automne ?

Le manteau parfait pour l’automne est pour moi l’EDIFICE. J’aime particulièrement son liseré bleu, qui est une signature de Maison Lener. Et quand les températures commenceront vraiment à baisser, le manteau COURANT dont je te parlais plus tôt. J’aime son tombé parfait, son amplitude, la possibilité qu’il laisse de porter un gros pull dessous et son allure qu’on ne voit pas partout !

Que peut-on souhaiter à Maison Lener pour la suite ?

De continuer à partager sa vision du manteau couture, héritier d’un savoir-faire préservé. Et puis de beaux projets arrivent… 2024 sera l’année de Maison Lener, puisque nous fêterons nos 70 ans !

Affaire à suivre donc…

Pour booker votre essayage en petit comité chez Maison Lener, entre le 4 et 7 octobre, c’est par ici.

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