Enfin ses boobs… Sa collection BOOBS dont une partie des bénéfices est reversé toute l’année à l’association Ruban Rose qui soutient la recherche sur le cancer du sein. On a rencontré Marie Martens, créatrice belge installée à Versailles, dans un petit café parisien, juste à côté de sa toute nouvelle boutique parisienne du 6 rue du Parc Royal. Elle nous a raconté la naissance de sa marque de maroquinerie après des années en finance et politique, sa philosophie pour une mode colorée et engagée, et ses boobs préférés !
Marie Martens, tu travaillais auparavant… dans la finance et la politique ! Que s’est-il passé pour qu’en 2014, tu crées ta propre maison de maroquinerie ?
J’ai fait des études de sciences politiques, relations internationales. Mon rêve était de travailler dans la diplomatie. Je me souviens qu’à 12 ans, j’ai écrit dans une rédaction que je voulais travailler pour médecins sans frontières en Afrique. Je voulais changer le monde. Par la suite, j’ai été très engagée au conseil municipal de Gand, j’ai été assistante parlementaire. Au bout de 2 ans, j’ai vraiment pris conscience du monde de requins et de la nécessité d’avoir une peau d’éléphant. Je ne m’y reconnaissais pas. Je suis arrivée à Paris pour reprendre un an d’étude en master en business communication. Il se trouve que des amis m’ont à ce moment-là proposé de travailler en tant que responsable marketing sur le Benelux d’une salle de marché de la société générale (car je parlais flamand, français et anglais). J’ai dit oui sans trop réfléchir : j’aimais l’atmosphère, côtoyer les meilleurs dans leur domaine. Tout semblait possible. C’était grisant, stimulant, toute une bande de potes qui bossait ensemble… Valérie, mon associée depuis 6 ans, faisait partie de cette team. Elle était commerciale dans la banque. Je suis restée dans ce secteur près de 7 ans (en changeant de casquettes), et lorsque je suis tombée enceinte de ma deuxième fille, Pauline, j’ai réalisé que je ne voulais pas faire carrière dans ce milieu.
J’avais toujours eu une fibre créatrice. J’étais très attirée par les salons, des merceries géantes.
Je faisait des pochettes, des sacs avec ma petite machine à coudre déjà… mais à aucun moment, de mes 20 ans à mes 35 ans, je me suis dit que j’allais en faire mon métier. J’avais créé une petite marque de bijoux au décès de mon papa (que j’ai perdu très brutalement à 21 ans) : créer a été mon art thérapie.
Enceinte de Pauline, j’ai voulu reprendre cette marque plus de 10 ans plus tard, en allant plus loin. C’est quand un fournisseur de maroquinerie (avec qui je travaille encore aujourd’hui) m’a laissé ma chance que je me suis lancée.
Tu as commencé par la création de sacs à main avant de te diversifier, pourquoi ?
Il fallait que je commence quelque part et le sac à main m’est apparu comme un bon début. En Belgique, certains ont la tradition pour les 18 ans d’une jeune fille de lui offrir un sac Delvaux. J’avais envie d’imaginer un beau sac de cuir avec une doublure rose pour créer une pièce forte qui termine une silhouette, définit la personnalité.
Quelles sont les premières pièces qui ont vu le jour ?
En 2014, j’ai commencé par lancer trois sacs : le grand cabas qui existe toujours, c’est le sac le plus classique ; le sac seau IBIZA en daim à franges, il a tout de suite été un succès et la pièce la plus forte ; et une pochette. Ils représentaient mes trois essentiels, je ne voulais pas en choisir un seul pour le lancement, car chaque occasion mérite son sac ! Et chaque sac a sa raison d’être.
J’ai évidemment un coup de cœur pour ta collection BOOBS, qui est devenue une référence iconique de ta marque. Comment est née cette collection, graphique, drôle, féminine et engagée ?
Beaucoup plus tard, en 2018 ! Chaque saison, je crée autour d’un moodboard, et je cherche à raconter une histoire qui va être l’univers iconographique de la collection. Je travaillais sur un moodboard sur le jardin d’Eden, la nudité (cuir nude, façon serpent, teinte vert pomme) et en était ressorti la création d’un petit sac rond, que j’ai appelé PETIT TRIANON, et qui avait la forme d’un sein. J’avais d’ailleurs tracé deux cercles pour évoquer un sein au dos du sac, c’était un clin d’œil, car tu y vois ce que tu veux voir… J’ai commencé à être obsédé par ce symbole du sein qui est pour moi celui de la sororité, de la féminité, de la maternité…. J’aime son caractère universel.
Quand j’ai vendu la collection qui comportais le PETIT TRIANON, on me demandais beaucoup de petites maroquinerie et puis j’ai eu un flash : j’ai créé le porte-carte Sainte-Nitouche qui est devenu un incontournable de ma marque et qui a initié le début de la collection BOOBS. Ca m’amuse que mes objets provoquent un sourire !
A quel moment est-ce que cette collection BOOBS a commencé à soutenir l’association Ruban Rose qui collecte des fonds pour la recherche sur le cancer du sein ?
J’ai une copine belge, une personne extraordinaire, qui avait eu un cancer du sein, qui s’en est sortie et qui s’est complètement approprié mon porte-cartes. Elle en a acheté pour sa kiné, sa médecin, une amie malade… Et j’ai eu un déclic : cela faisait un moment que je cherchais une façon d’engager ma marque, de lui donner du sens. En voyant mon amie acheter cet objet pour cette cause là avec autant de cœur, j’ai décidé de contacter Ruban Rose pour collaborer avec eux toute l’année, pas uniquement sur octobre rose !
Octobre Rose est l’occasion de parler de cette collection BOOBS dont 1€ sur chaque vente est reversé, toute l’année, à l’association Ruban Rose. Qu’as-tu apporté de nouveau à cette gamme cette année ?
J’aime imaginer chaque année des nouveaux objets qui viennent agrandir la collection BOOBS. L’été dernier, j’avais déjà lancé l’étui à lunettes et l’étui à airpod. Cet automne, j’ai sorti toute la gamme en cuir fluo rose et en paillettes argentées vegan !
Dans ton travail, on observe un amour de la couleur, et une audace dans les mix and match. Ta nationalité belge y est-elle pour quelque chose ?
Je pense que oui : ce côté un peu plus libre et débridé des Belges, et la touche d’humour à la belge ! Je ne change pas le monde en créant des sacs, mais si je peux apporter une touche de fun et de couleurs dans la vie des femmes qui les portent, alors je me dit mission accomplie !
On sent une passion pour le design, les quelques photos qui ont révélé l’intérieur de ta maison témoignent d’un amour pour les objets dessinés : qui sont les designer qui nourrissent ton travail aujourd’hui ?
Je suis archi fan d’India Madhavi ! Mais j’ai peu de pièces de designers chez moi finalement, je customise beaucoup. Après mes références sont très souvent artistiques : Matisse, le fauvisme… Tout ce qui est dans la lumière et la couleur.
On devine également une famille d’artistes : beaucoup de tableaux aux murs montrent les peintures de ton père ?
Ce sont en réalité les peintures de mon grand-père, de mon père et les miennes que j’ai mélangées ensemble. Je continue à peindre aujourd’hui : à l’époque de mes tableaux, j’utilisais de l’acrylique et j’ai depuis peu découvert l’aquarelle, grâce à Catherine de @lanouvellevaguecouleur. Ses couleurs te donnent envie de peindre !
Tu habites à Versailles, ville royale. Y puises-tu de l’inspiration ?
Cette ville m’inspire beaucoup, déjà parce que je m’y sens presque en vacances : le marché est exceptionnel, tu te sens hors du temps… Je dirais que cela m’inspire au second degré, car il faut sortir des stéréotypes classiques. Versailles m’avait inspirée pour une collection en 2018, que j’avais appelée la « néo versaillaise » : celle qui prend le contre pied du stéréotype de Versailles tout en aimant l’esthétique et le beau de Versailles.
Après celle de Versailles, tu ouvres une boutique parisienne au 6 rue du Parc Royal : une boutique colorée, toute de rose vêtue, avec ton mantra écrit sur un grand miroir : Be Boobstyful. Qu’est-ce que tu voulais inspirer aux parisiennes de passage ?
En réalité, il y a beaucoup de femmes étrangères qui viennent dans la boutique ! La baseline, colorful bags for colorful people, interpelle. Sur le tapis d’entrée, on peut lire (R)OSE ! Je souhaite inspirer à toutes celles qui passent la porte de la boutique l’envie d’être plus audacieuse, d’oser le sac banane, d’oser la touche de couleur !
As-tu des projets en maro’ qui dorment dans les tiroirs et dont tu pourrais nous révéler l’existence ?
Et j’ai toujours plein de projets dans les tiroirs, affaire à suivre…
Quel est l’accessoire Boobs de ton automne ?
Jamais sans mon Choupy, j’y mets mes air pods ! Et la pochette Titi : c’est la pochette qui peut aussi bien faire petite pochette de sac ou petit sac habillé du soir.